Ligue 1 (Metz-Rennes) : Comment Habib Beye a renversé la vapeur au Stade Rennais alors qu'il a failli être limogé
Mis à jour 28/11/2025 à 08:37 GMT+1
Tout proche de devenir le deuxième entraîneur de Ligue 1 à se faire licencier cette saison, après Adi Hütter, Habib Beye a su renverser la vapeur avec trois victoires consécutives et une sixième place à trois rencontres de la trêve. Pour en arriver là, le coach de 48 ans, résilient dans la tempête et audacieux dans ses choix, a pu compter sur le soutien précieux du propriétaire du Stade Rennais.
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Dans un sens comme dans l'autre, tout va très vite en football. Et encore plus lorsque vous êtes entraîneur. À la fin octobre, Habib Beye a bien failli être le deuxième coach de L1 officiellement écarté cette saison après Adi Hütter (ex-Monaco, remplacé par Sébastien Pocognoli). L'avenir du technicien de 48 ans, 10e à deux jours du déplacement à Toulouse et qui restait sur 5 matches sans victoire (4 nuls et 1 défaite), était même scellé après avoir été convoqué, au matin du lundi 27 octobre, à un entretien préalable à une mise à l’écart. Ainsi, le coach avait commencé à regrouper ses affaires, dit au revoir à des membres du club et aux joueurs. Mais finalement, l'ex-joueur de l'OM est toujours en poste avec le succès que l'on connaît aujourd'hui.
"En fait, il a été viré par le président (Arnaud Pouille) mais c'est le propriétaire (François Pinault) qui l'a soutenu et sauvé, nous confie une source proche du club. Il a demandé aux dirigeants de ne pas le virer et de continuer à travailler avec lui. Cette force donnée par le propriétaire lui a permis d'écarter des joueurs importants et qui avaient été recrutés par la direction actuelle."
Ainsi à Toulouse, les leaders du vestiaire pas franchement au sommet de leur forme en ce début d'exercice, Seko Fofana, acheté 20 millions d'euros à l'hiver 2025, et Ludovic Blas, qui a l'un des plus gros salaires à Rennes, ont été écartés du onze au même titre que Quentin Merlin et Anthony Rouault, tous deux recrutés pour quelque 13 millions d'euros. Après avoir évolué en 4-4-2 contre Nice (1-2, le 26 octobre), Habib Beye a opté pour le 3-5-2 face au TFC. En défense, le champion de National 2024 avec le Red Star a fait confiance à Abdelhamid Ait Boudlal, 19 ans. Si Djaoui Cissé s'est installé aux côtés de Valentin Rongier et Mahdi Camara dans l'entrejeu, Przemyslaw Frankowski et Mousa Tamari ont été titularisés sur les ailes. Au Stadium, l'équipe rennaise n'a certes pas gagné (2-2) mais elle a montré des valeurs qui ont permis de renforcer son entraîneur.
"Le président a vu le niveau de l'équipe ce soir, soulignait d'ailleurs Habib Beye à Ligue1+ le 29 octobre. C'est une bonne chose qu'on ait tout le monde derrière l'équipe parce que ce n'était pas simple pour moi, le staff, les supporters, les joueurs. Si, demain, les dirigeants considèrent que ça se fera sans Habib Beye, ce sera une décision qui apparaîtra logique, au vu de notre dynamique. Je ne dis pas que c'est ce que je veux, car j'ai l'énergie et mon équipe répond dans le jeu."
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Djaoui Cissé et Abdelhamid Ait Boudlal, symboles du renouveau rennais.
Crédit: Getty Images
Gaël Danic : Habib a décidé de faire jouer ceux qui, à son goût, étaient les meilleurs
Comme nous le confie Gaël Danic, consultant pour Ici Armorique, les choix forts d'Habib Beye à Toulouse ont été le premier élément de bascule vers la série en cours de trois victoires des Rouge et Noir (contre Strasbourg, le Paris FC et Monaco), marquée notamment par une moyenne de trois buts par match et une remontée à la 6e place de L1, soit à deux unités de la 4e position, qualificative pour la C1.
"Il n'y a rien de pire que de se faire licencier sans avoir mis en place toutes ses idées ou ses choix personnels. Et cela a payé, note l'ex-milieu de terrain rennais. Dans une équipe, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui jouent car il y a des statuts. Quand vous êtes coach, vous devez manier la chèvre et le chou. Habib a décidé de faire jouer ceux qui, à son goût, étaient les meilleurs. Après quand vous êtes joueur et que vous avez l'avenir du coach, qui reste un être humain avant tout, entre vos pieds, vous vous dites que vous n'avez pas le droit de jouer avec son avenir si vous avez un minimum de conscience professionnelle."
Vice-président de l'Unecatef (Union nationale des entraîneurs et cadres techniques du football français) et membre de la DTN sur le BEPF, Jacky Bonnevay assure qu'Habib Beye a su rester droit dans ses bottes. "Il faut déjà aller au départ. Comment se fait-il qu'un entraîneur qui a réussi la mission qui lui a été impartie au Stade Rennais ait été autant mis en difficulté après un départ poussif mais pas catastrophique ? C'est ça la question, remarque l'ex-coach de Troyes. Habib a gardé le cap. Il a été cohérent, résilient et persévérant. Tout ce qu'il avait mis en place, il fallait peut-être un peu de temps pour que ça se mette en mouvement. Tous les entraîneurs ont des moments difficiles, même Pep Guardiola. Un coach doit avoir une forte capacité pour se protéger des agressions extérieures et Habib l'a eue."
Habib Beye l'assure d'ailleurs lui-même : il a gardé confiance en son travail pendant la tempête. "Pour moi ce n'est pas un rebond spectaculaire. Pour deux raisons et je l'ai déjà dit : j'étais sûr que, par rapport à ce que nous étions capables de faire sur 45 minutes et malheureusement pas sur 90 minutes, cette équipe monterait en qualité et serait plus constante dans le temps. J'étais sûr aussi par le jeu qu'on produisait qu'on serait capables de faire mal à des adversaires. Parce qu'on l'avait montré en début de saison. On n'a pas renversé la table, mais on a posé l'exigence encore plus sur notre groupe pour qu'il soit réactif à cette compétition quotidienne." Sous contrat avec le club breton jusqu'en juin 2026, l'ancien international sénégalais devra continuer à maintenir un très haut niveau d'exigence pour accrocher l'Europe... et ainsi voir son bail renouvelé à la fin de la saison.
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"Vitinha, c’est le fil rouge du projet Luis Enrique"
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