Ligue 1, PSG - Luis Enrique y croit : Ousmane Dembélé peut-il encore élever son niveau de jeu ?

L'estimation de l'âge de la maturité est une question très sérieuse – enfin, suffisamment pour que des études sur le sujet soient commandées – et chez les hommes, cette idée un peu vague qu'on se fait d'un comportement d'adulte responsable ne serait pleinement atteinte qu'à 43 ans en moyenne : finalement Ousmane Dembélé n'est pas si en retard que cela. On ne sait pas s'il fait sa lessive seul, mais à 27 ans, l'attaquant du Paris Saint-Germain est enfin devenu la saison dernière le joueur qu'il était appelé à être depuis son adolescence. Il était un ailier aussi frustrant que fulgurant jusqu'ici, il est devenu le leader de l'attaque des champions d'Europe. Favori pour remporter le Ballon d'Or en prime.

Enfin, pour en être sûr, le plus dur reste à venir : confirmer sur un deuxième exercice. Son entraîneur Luis Enrique est persuadé qu'il en est capable : "Cette saison pour Ousmane est un challenge, a-t-il expliqué ce jeudi en conférence de presse avant PSG-Angers. L'année dernière a été incroyable pour lui, et je suis convaincu qu'il peut encore améliorer ses performances, sans aucun doute. Il faut être courageux pour dire ça, mais je pense qu'il a le niveau. C'est un joueur très important pour nous, il a des qualités offensives mais aussi défensives. J'espère que cette saison sera encore meilleure pour lui et l'équipe."

Collectivement, il sera très difficile de faire mieux. Le PSG a quasiment tout remporté ; seule la Coupe du monde des clubs lui a échappé. Mais individuellement, en est-il capable ? Toutes compétitions confondues, Ousmane Dembélé a inscrit 35 buts et donné 16 passes décisives en 2024-2025. Un bond en avant énorme par rapport à sa saison précédente (6 buts, 14 passes décisives), notamment devant le but, mais aussi une possibilité de progrès. S'il marque plus, c'est en partie dû à son replacement dans l'axe de l'attaque, en pointe. Mais dans ce rôle-là, d'autres joueurs font mieux, scorent plus. Maintenant qu'il a trouvé les clés d'une bonne finition – l'autre grande raison qui l'a fait passer de 6 à 35 buts –, et qu'il a une saison au centre de l'attaque dans ses bagages, il va pouvoir viser encore mieux.

Au rayon de ce qu'il pourrait améliorer, ceux qui jugent les grands joueurs dans les grands moments pourront répondre qu'ils l'ont trouvé bien discret quand cela comptait le plus. Si Ousmane Dembélé est un candidat très sérieux au Ballon d'Or, il le doit en grande partie au succès collectif du Paris Saint-Germain. Et pourtant, il n'a marqué qu'un seul but des quarts à la finale de C1 (pour cinq passes décisives, certes), n'a pas brillé en finale de Coupe du monde des clubs, pas été décisif en finale de Coupe de France. En bref, il lui manque des grands moments lors des grandes audiences. Même si les occasions sont rares, et qu'il va aussi dépendre de la réussite de son équipe pour atteindre ces grandes scènes. C'est à cela que l'on reconnaît un grand joueur.

Prolifique, décisif dans les grands rendez-vous, à quoi d'autres reconnaît-on un grand joueur ? À des statistiques immaculées, aussi. Difficile de lui reprocher grand-chose à l'examen de celle-ci, c'est aussi une de ses forces. Mais en pinaillant un peu, on peut ressortir quelques faiblesses. Son taux de passes réussies, parmi les plus basiques, juste en dessous des 80% sur l'année civile passée selon le site spécialisé Fbref. Ce n'est pas infamant, mais c'est loin d'être parfait. Juste au-dessus de la moyenne (75% environ), chez les ailiers et milieux offensifs des cinq grands championnats par exemple. Son nombre de duels offensifs gagnés (45%), également juste au-dessus de la moyenne (43%). Être clinique, c'est justement la petite marge d'amélioration que les stats révèlent pour Ousmane Dembélé, en regardant de très peu. Manquer un peu moins de contrôles (2,1/90min), se rapprocher des meilleurs avant-centres au ratio but/tir (0,17 actuellement, soit un but tous les six tirs environ), et donc être plus précis sur les passes.

Il a ainsi la latitude pour faire mieux. Mais le premier défi sera d'abord de faire aussi bien. La saison 2024-2025 du Paris Saint-Germain était exceptionnelle à bien des égards, et Ousmane Dembélé comme tous ses coéquipiers a profité du boost d'un collectif devenu grandiose au fil de la saison. "Le plus difficile, c'est de continuer à être imprévisible pour les adversaires" prédisait déjà Luis Enrique avant son premier match de championnat de la saison face à Nantes la semaine dernière. Cela s'applique autant à ses dispositifs tactiques, qu'à chacun de ses joueurs individuellement. Elle est là, la plus grosse des clés pour continuer de s'améliorer : Ousmane Dembélé devra continuer de surprendre. Et c'est pour cela, que le plus dur est souvent de confirmer.