Eto’o: "Je n’ai pas douté"

S.E. : C'est incroyable ! Il n'y a pas de mots pour relater tout ce qu'on est en train de vivre en ce moment. Je pense à mon fils qui est à côté de moi. Dans quelques années, je pourrai lui dire : "Fiston, au Stade de France, j'ai gagné la Ligue des Champions. En plus, j'avais permis à mon équipe de revenir au score". Tout ce qu'on a fait aujourd'hui&hellip En fait, je crois qu'on s'en rend surtout compte quand on arrête de jouer et qu'on retrace sa carrière. Aujourd'hui, ce qu'on a en tête, c'est revenir et gagner une autre Ligue des Champions, peut-être la saison prochaine. Dans quelques années, j'espère que mon fils pourra prendre la relève et me faire vivre des moments comme ça.

S.E. : Non ! Pas après avoir vu ce que Liverpool a fait la saison dernière alors qu'ils étaient menés face à Milan. Dans une finale, on ne peut pas douter car une finale se joue tant que l'arbitre n'a pas sifflé le coup de sifflet final. Quand on est rentré après la mi-temps, toute l'équipe s'est inspirée de l'esprit de Liverpool et ça nous a réussi. On s'est dit : "on peut prendre un autre but mais peu importe, il faut essayer". Et, finalement, tout nous a souri.

S.E. : Quand vous êtes sur la pelouse, vous préférez évidemment que l'arbitre accorde le but. Il en a décidé autrement et on ne peut rien dire. Ca fait partie du jeu. On pouvait perdre et on aurai dit que l'arbitre aurait pu laisser l'avantage mais bon&hellip On a gagné et on n'a rien à dire. Mais, si l'arbitre décide de ne pas laisser l'avantage et de siffler la faute, il est obligé d'expulser le gardien. Mais Arsenal n'a pas semblé remarquer qu'ils étaient à dix. Ils ont même marqué. Mais, grâce à Dieu, on a su renverser la situation au moment opportun.

S.E. : Au Barça, on a une vingtaine de joueurs plus quelques copains de l'équipe réserve qui jouent à un très bon niveau. On savait qu'on avait des capacités. On savait qu'on avait une très bonne équipe, une équipe surtout difficile à jouer car elle défend très bien et elle maîtrise la contre-attaque. Il fallait trouver la solution. En première mi-temps, on a pris un but sur ballon arrêté. Titi (Henry) dépose pratiquement le ballon sur la tête de Sol Campbell. Ensuite, j'ai un ballon pour revenir dans le match. A la fin, on a fait des remplacements et on a essayé d'avoir le ballon et, si je n'exagère pas, on a du l'avoir 35 minutes sur les 45 de la seconde période. Finalement, ça a payé.

S.E. : Je vais vous dire quelque chose. La veille, quand je suis arrivé dans ce stade, je me disais : "Mon Dieu, quel vestiaire aura-t-on ?" parce que j'ai déjà perdu en finale de la Coupe des Confédérations dans ce stade (en 2003). Mais quand j'ai vu qu'on était désigné comme l'équipe qui recevait, j'ai su qu'on aurait de grandes chances de remporter cette finale. Car, comme je l'ai dit à Ronnie, j'étais dans ce vestiaire quand j'avais marqué un très beau but contre le Brésil à la 81e minute (1-0) lors de cette Coupe des Confédérations. Et après toutes nos prières et nos sacrifices, Dieu nous a permis de gagner. Et surtout il m'a permis à moi de marquer et de gagner à nouveau.

Je ne peux pas vous le dire, c'est entre nous. Ce que je peux vous dire, c'est que c'est un ami. Avant, pendant et après la finale, notre amitié demeure. C'est ce qui est beau dans le football. Un de nous deux devait perdre, c'est comme ça. Cette fois, c'est moi qui ai gagné. Mais, si c'est lui qui avait gagné, il aurait été triste pour nous mais content pour Arsenal. En tant qu'ami, je crois qu'il était heureux pour moi mais triste pour la défaite de son équipe.

S.E. : Je suis venu pour vivre des moments comme celui-là. Je voudrais remercier Laporta qui a cru en moi, mes coéquipiers qui m'apportent tous les jours la joie de jouer et surtout mon entraîneur qui m'a fait confiance. Mais c'est aussi grâce aux sacrifices de ma famille et de mes fils qui me voient peu. Je leur dédie cette victoire car ils le méritent. Ce titre est aussi pour tous ceux qui sont venus nous supporter, pour tous les Catalans et pour toute l'Espagne.

S.E. : Non, je pense que c'était mes débuts dans le championnat espagnol. J'étais nerveux. J'avais joué 8 minutes avec le Real Madrid et j'avais perdu peut-être&hellip 16 ballons. Je m'étais dit alors : "Est-ce qu'un jour j'aurai une place dans cette équipe ?". Car, quand vous êtes jeune, que vous sortez du centre de formation et que vous vous retrouvez au milieu d'autant de grands joueurs, il faut avoir un sang froid énorme pour ne pas subir cette pression. Je l'avais malheureusement subi mais, quelques années plus tard, j'ai eu une seconde chance et je ne l'ai pas manquée. Ça, je crois que c'est le plus beau jour de ma carrière.

S.E. : Non, ça n'a rien à voir avec un Mondial. La Coupe du Monde est l'évènement rassemblant tous les joueurs les plus importants au monde. C'est dommage que le Cameroun ne se soit pas qualifié. Mais comme je suis croyant, je crois toujours que ce que Dieu nous donne est bon&hellip mais cette fois ça a été difficile à accepter. Mais j'ai accepté cette élimination. Et je ne savais pas qu'il me réserverait un si grand moment aujourd'hui. C'est une joie immense, je suis heureux.