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La touche Rijkaard

Eurosport
ParEurosport

Publié 18/04/2006 à 10:00 GMT+2

Arrivé à la tête d'un FC Barcelone en pleine perdition en 2003, Frank Rijkaard a su ramener le club catalan sur le devant de la scène. Sans esbroufe, le technicien néerlandais a imposé sa méthode. Personne ne la conteste aujourd'hui. Le voilà aux portes d

Le FC Barcelone refait l'unanimité. Cela ne lui était plus arrivé depuis une décennie, depuis l'ère Johann Cruyff. Coïncidence ou pas, c'est à nouveau par l'entremise d'un entraineur venu des Pays-Bas que le géant catalan a retrouvé le goût du jeu, et le chemin de la victoire. Sur le point d'être sacré champion d'Espagne pour la deuxième année consécutive, le Barça flambe, illumine et irradie. Comme toujours dans pareil cas, il n'est pas aisé de déterminer quelle part revient au patron du banc dans cette plénitude retrouvée.
Bien sûr, Frank Rijkaard bénéfice d'un effectif de première main. Personne n'aura l'audace de contester la chose. Le talent dégouline de tous les côtés dans son onze de départ. Chacun en conviendra, il n'aurait pas abouti au même résultat avec des bourrins. Inversons maintenant le raisonnement: le génialissime Ronaldinho, l'étoile montante Messi (qui sera forfait face à Milan), le diamant brut Eto'o et le métronome Deco (suspendu pour le match aller), seraient-ils aussi performants ensemble sans le technicien néerlandais? Pas forcément.
Pragmatique et idéaliste
Rijkaard la joue pourtant modeste à ce sujet. "Ce sont les joueurs qui sont sur le terrain, ce sont eux les premiers responsables de nos succès", répond-il souvent lorsqu'on lui pose la question. A vrai, dire, peu lui importe, mais la réponse lui ressemble. L'ancien milieu de terrain de la sélection hollandaise ne se départit jamais de cette modestie, feinte selon certains. L'ombre lui sied parfaitement. Comme du temps où il faisait le bonheur du Milan AC, en compagnie de ses deux compatriotes, Ruud Gullit et Marco Van Basten.
A l'époque, déjà, Rijkaard était moins médiatisé, mais pas moins important, que ses deux compères. Il ne s'en est jamais plaint. Aujourd'hui, l'entraineur qu'il est devenu ressemble comme deux gouttes d'eau au joueur qu'il fut: à la fois pragmatique et idéaliste. Attiré par le jeu, mais conscient des réalités de l'enjeu. "Je pense qu'on peut décrire notre style comme attrayant, mais en ayant toujours à l'esprit le résultat final, résume-t-il dans un entretien au magazine The Technician. Cela cadre avec la philosophie du club et des supporters".
S'imprégner sans copier
A Barcelone, il a donc incontestablement trouvé chaussure à son pied, tout en imposant ses propres méthodes. Aujourd'hui, et c'est l'un de ses plus grands mérites, son équipe lui ressemble de plus en plus. A quoi le voit-on? Dans cette capacité, ce désir à maitriser en permanence le cuir. On n'avait pas vu une équipe monopoliser à ce point le ballon depuis bien longtemps. Ça, c'est la touche Rijkaard. "A l'entrainement, un de nos exercices consiste à garder le ballon le plus longtemps possible dans une surface réduite parce que nous préférons jouer dans la moitié de terrain de l'adversaire ", livre l'ancien milieu de terrain.
Sur le fond, Rijkaard est un condensé des grands entraineurs qu'il a croisés dans sa carrière de joueur: Rinus Michels, Arrigo Sacchi, Johann Cruyff ou Fabio Capello. "C'est un privilège d'avoir eu l'occasion de travailler avec des grands noms du football, de voir comment ils organisaient leur équipe, comme ils géraient les situations", explique le flegmatique Néerlandais. Pour autant, malgré les influences multiples, Rijkaard a su se forger sa propre identité. Il s'est imprégné des autres, mais ne les a pas singés. "Je suis persuadé qu'on ne peut copier personne, poursuit-il. Bien sûr, vous gardez beaucoup d'impressions du passé, mais les décisions prises par un grand entraineur il y a des années ne conviennent pas nécessairement aujourd'hui".
Chuchotements
Toujours ce pragmatisme. Instinctif mais pas impulsif, il est un peu l'anti-Mourinho, préférant les chuchotements aux cris. "Quand il s'adresse à nous dans le vestiaire, explique Ludovic Giuly, il faut parfois tendre l'oreille pour saisir ce qu'il dit". Cette discrétion naturelle a pu le desservir dans son costume d'entraineur. En arrivant à Barcelone voilà près de trois ans, certains ne le prenaient d'ailleurs pas complètement au sérieux et se demandaient s'il était l'homme de la situation pour ce Barça malade, en quête d'une nouvelle identité. Depuis le passage de Van Gaal, les Néerlandais n'étaient plus forcément en odeur de sainteté en Catalogne...
On parlait de Rijkaard comme d'un technicien, pas forcément bon stratège. Il a remis les choses en place depuis, notamment en prenant sa revanche contre Chelsea en Ligue des champions cette année. Une double confrontation qui a fait beaucoup de bien à son image. Le voilà à la veille d'un nouveau défi de taille, face à ce Milan AC qu'il connait si bien, et inversement. Vainqueur ou vaincu, il continuera à suivre la route qu'il s'est tracée. "Etre entraineur est un privilège, se plait-il à répéter. Ce qui compte, bien sûr, c'est le succès. C'est d'après ce critère qu'on vous évalue et personne ne peut s'en plaindre. De mon côté, j'essaie de ne pas penser à cela et de me concentrer sur mon travail car mon objectif, c'est aussi de satisfaire les spectateurs". Dans les travées du Nou Camp, ils ne sont plus nombreux à se plaindre...
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