L'OM finit bien

Six ans après, Didier Drogba a eu son jubilé au Stade Vélodrome. A la 62e minute, complice de l'ovation qui se tramait, Carlo Ancelotti a rappelé son buteur sur le banc. Les tribunes phocéennes se sont levées et ont escorté la sortie de l'Ivoirien d'un tonnerre d'applaudissements dénué d'arrière-pensée, alors que de minuscules sifflets s'étaient fait entendre à son entrée sur la pelouse. Dès que Daniel Sturridge a pénétré sur le terrain pour prendre sa place, les huées ont à nouveau tout enveloppé. Voilà, Drogba a rejoué au football à Marseille pendant une petite heure, six ans et demi après son départ, regretté par toutes les parties après une saison 2003-2004 magistrale. Rejouer au football est peut-être une expression un peu forte pour qualifier les quelques sprints et passes ratées exécutées par le joueur, dans un match dénué d'à peu près tout ce qui rend une soirée de foot intéressante, à commencer par l'enjeu.

Bien sûr, on a joué pendant 90 minutes à Marseille, mercredi soir. L'OM y a remporté une victoire de prestige (1-0) qui va rapporter 800.000 euros dans les caisses. C'est un succès beaucoup moins marquant que celui obtenu il y a onze ans contre le même adversaire, un soir de vraie fièvre européenne. Que Brandao ait battu Cech sur le premier et seul tir cadré marseillais de la rencontre (81e) redonnera confiance au Brésilien avant le retour de Gignac. Mais ce fut un but à l'image de la rencontre : un centre dévié, un attaquant anormalement libre de ses mouvements, des équipes pas totalement concernées... Marseille termine sa première phase avec douze points, à trois longueurs de Chelsea. Cette photographie figée du groupe F en dit plus sur les mérites olympiens que la rencontre en elle-même. Elle signifie que l'OM a remporté tous ses matches après ses débuts manqués contre Moscou (0-1) et Chelsea (0-2). Ce n'était pas gagné et c'est un frémissement avant la deuxième phase. Pour l'anecdote, le Spartak est allé battre Zilina (2-1) pour surligner sa qualification pour la Ligue Europa.

Avant le tirage au sort des huitièmes de finale qui peut lui réserver un nouveau poids lourd, l'OM prendra soin de ne pas surévaluer cette victoire. Dans ce match où il a eu plus souvent le ballon que son adversaire, certes, où il aura offert vingt premières minutes intéressantes, marquées par une barre de Valbuena (11e), et où il a vu un but refusé à Heinze pour une position de hors-jeu (35e), jamais le rythme n'aura été digne d'une rencontre européenne. C'est comme prévu le visage pâle de Chelsea que les supporters phocéens ont aperçu. Deschamps a continué quelques expériences, comme ce 4-2-3-1 qui confie beaucoup de responsabilités au duo Cheyrou-Valbuena.

En un soir si anecdotique, seules deux vraies questions ont intéressé le Vélodrome. D'abord, y avait-il penalty pour Chelsea quand Diawara est allé stopper Malouda à la 16e minute ? M. Bezborodov a d'abord dit oui. Son assistant a dit non et a emporté la décision, dans un geste rarissime qu'il ne se serait certainement pas permis si le match avait eu un véritable enjeu. Autre interrogation : Fanni et l'OM ont-ils conclu ? Alors que bruissait la rumeur d'un accord entre les eux clubs, les deux seules certitudes, venues de SMS amis, étaient mercredi soir les suivantes : Deschamps a appelé le joueur pour la première fois, mais "une chose est sûre, il n'a pas signé."