Nicosie a d'autres armes

L'OL a l'expérience de la Ligue des Champions. Mais l'Apoel Nicosie a quand même les moyens de contrarier l'OL mardi soir: les Chypriotes comptent sur l'enthousiasme et une touche de magie brésilienne. Dans ce pays fou de football, ce 8e de finale aller est vécu comme un véritable événement. Jamais une équipe de la petite île méditerranéenne, qui compte moins d'habitants que l'agglomération lyonnaise, n'avait atteint ce niveau de la compétition. Même les plus ardents supporters du club ont encore du mal à croire à son parcours inattendu. Ce qui ne signifie pas qu'ils comptent s'arrêter en si bon chemin. "La terre va trembler, on vient des milliers", proclame dans un français approximatif la page d'accueil du principal site de supporters de l'Apoel.

Le parcours des Chypriotes en phase de groupe leur donne des raisons d'espérer: Nicosie a terminé en tête du groupe H et s'est même qualifié dès la 5e journée, faisant fi des pronostics qui les donnaient bons derniers, comme lors de leur première apparition à ce niveau en 2009. Grâce à un solide bloc défensif capable de faire déjouer des adversaires chevronnés, associé à quelques fulgurances en attaque grâce à ses Brésiliens, ils ont battu des poids-lourds comme le Zenit Saint-Pétersbourg (2-1), qui a dû se contenter de la 2e place, et le FC Porto (2-1), relégué en Europa League. A l'image de leurs supporters, les joueurs de l'Apoel affichent surtout leur enthousiasme. "C'est une occasion formidable pour nous, c'est un grand match. Tout le monde est concentré et tout le monde veut jouer", a déclaré l'ailier brésilien Gustavo Manduca. Nous allons faire de notre mieux pour rapporter un bon résultat de France".

Mais les Chypriotes ont aussi des raisons de douter. Manduca et surtout l'attaquant vedette Ailton ont tous les deux été opérés cet hiver. Ils ont tout juste repris la compétition, mais rien ne garantit que leur association en attaque se montre aussi efficace que pendant la phase de poules. Avec un budget annuel de 12 millions d'euros, soit à peine un dixième de celui de l'OL, l'Apoel s'appuie en effet sur des joueurs souvent trentenaires, rodés sur la scène européenne mais sans aucune expérience du très haut niveau.

De plus, cette équipe orientée vers la défense et la possession de balle devra peut-être se passer de deux piliers à l'arrière, le Portugais Paulo Jorge et surtout le Brésilien Marcelo Oliveira, ménagés ce week-end en championnat et encore incertains. Et après une fin d'année en fanfare, avec la qualification européenne et une victoire 3-1 contre l'ennemi héréditaire Omonia Nicosie qui l'avait placé en tête du championnat national, l'Apoel a connu un début 2012 plutôt terne, vite reproché à l'entraîneur serbe Ivan Jovanovic.

Au grand désespoir des supporters qui rêvaient d'un autre attaquant vedette, le club le plus riche de l'île n'a en effet recruté cet hiver qu'un milieu de terrain de 34 ans, le Portugais Helder Sousa. Et en championnat, l'Apoel s'est contenté d'une défaite et deux nuls pour seulement trois victoires, souvent arrachées dans la douleur, et occupe actuellement la 2e place à un point de l'AEL Limassol. "Il ne faut pas comparer l'Apoel aux grandes équipes européennes. Les gens considèrent notre parcours en Europe comme si c'était normal, mais ça ne l'est pas", a martelé Jovanovic. Malgré ses prouesses continentales, l'Apoel n'est pas en mesure de tout écraser sur son passage. Même à Chypre.