Ligue des champions - Guy Stéphan : "On avait mis le doute dans les esprits du Borussia"

Bientôt 17 mois que Dortmund ne s'est plus incliné sur la scène européenne (2-3 face à l'Olympique de Marseille, en phase de groupes de la Ligue des champions 2011-12). Pour venir à bout du Borussia et décrocher une place en finale, le Real Madrid va devoir convoquer de vieux souvenirs. Des souvenirs ensevelis derrière l'excellente campagne européenne des hommes de Jurgen Klopp (7 victoires, 4 nuls). Ceux de Guy Stéphan sont "excellents". Adjoint de Didier Deschamps avec les Bleus, il occupait déjà le poste lorsque le sélectionneur dirigeait l'OM. Avec pour mission de superviser les adversaires et notamment le Borussia Dortmund, en cette automne 2011.

Guy Stéphan : C'était un match un peu particulier. On avait eu 45 minutes très difficiles où le Borussia nous avait bousculés. Le but de Loïc Rémy juste avant la pause nous a fait beaucoup de bien et à la mi-temps, Didier avait demandé aux joueurs d'y croire jusqu'au bout et on a connu dix dernières minutes de folie. D'abord, il y a l'égalisation d'André Ayew sur un corner d'Amalfitano (à la 85e, NDLR) et le doute s'installe dans les esprits allemands. Puis Mathieu Valbuena réalise l'exploit individuel (87e, frappe enroulée en direction de la lucarne opposée après avoir éliminé son adversaire à l'angle de la surface de réparation, NDLR).

G. S. : Ils avaient quasiment les mêmes joueurs qu'aujourd'hui. Götze était déjà là, Lewandowski aussi… Ils étaient champions d'Allemagne en titre et jouaient un très bon football. Ce n'était pas un bon tirage.

G. S. : Le Borussia Dortmund a réussi là où beaucoup d'équipes françaises échouent : ils ont su conserver leurs meilleurs joueurs et apporter une plus-value à leur effectif. Les jeunes ont mûri - Götze et Lewandowski se sont imposés parmi les tous meilleurs en Bundesliga -, l'entraîneur est resté le même, ils ont un public formidable. Leur philosophie, elle, n'a pas changé. Le Borussia reste une équipe très joueuse, portée par son public et qui met beaucoup d'enthousiasme sur un terrain. On les voit souvent combiner, jouer des une-deux, prendre leur chance. Ils peuvent marquer à Madrid.

G. S. : On avait eu de la chance. Les Allemands avaient eu des situations très favorables mais ils n'ont pas pu concrétiser. Un coup c'était les arrêts de Mandanda, un coup c’était l'intervention d'un défenseur, ou de la réussite avec des tirs sur le poteau. Dortmund pouvait marquer.

G. S. : Bien sûr. Ce sont deux excellents défenseurs, ils ont chacun le niveau pour contenir les attaquants de Dortmund et ils se connaissent bien maintenant. Mais Dortmund va certainement chercher à marquer. Ils ne vont pas assurer et s'ils ont une opportunité dans les cinq premières minutes, ils ne se retiendront pas. Ça peut être un match très spectaculaire… surtout si Dortmund ne marque pas en première période.

G. S. : Le Real devra être au summum, au top niveau collectivement et individuellement. Mentalement, c'est plus facile. Le match aller est joué, il n'y a plus la perspective du retour : c'est une qualification qui se joue sur un match et il faut tout donner pendant 90 minutes. Mais ils en ont quand même pris quatre à l'aller, c'est très dur à renverser. Le Real n'a tout simplement pas le droit à l'erreur.