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Bayern Munich : le coupable relâchement institutionnalisé par Guardiola

Polo Breitner

Mis à jour 23/04/2014 à 12:43 GMT+2

Depuis qu'il a assuré son titre, le Bayern est à la peine. Un choix de Guardiola qui ne plait guère au public et dans les hautes sphères bavaroises outre-Rhin.

Pep Guardiola (Bayern Munich)

Crédit: Eurosport

Les certitudes bavaroises se sont effilochées à la veille de la rencontre contre le Real Madrid pour le compte de la demi-finale aller de la prestigieuse compétition européenne. Pis, son entraîneur, Pep Guardiola, a involontairement engendré cette "mini-Krise", en enterrant médiatiquement puis sportivement la fin de la Bundesliga. Une erreur grossière que risque de payer au prix fort le champion d’Europe en titre. Le FC Bayern est un peu moins bien en ce moment. C’est une certitude et, bien entendu, cela tombe mal à l’heure d’affronter Ronaldo, Bale et compagnie. Les joueurs n’arrivent plus à appuyer sur l’accélérateur comme s’ils payaient leur débauche d’énergie depuis trois ans.

La "Passmaschine" a remplacé l’ "Übermannschaft" dans la presse allemande

Les médias sont versatiles et ceux d’Outre-Rhin ne sont pas bien différents de leurs homologues français. A l’idolâtrie qui a suivi la signature au Bayern Munich de Pep Guardiola, a succédé une période de scepticisme : la défaite contre le Borussia Dortmund (2-4) lors du trophée des champions puis la victoire compliquée (mais nécessaire) contre Chelsea en Supercoupe de l’UEFA (2-2, 5 t.a.b à 4) sont passées par là. Enfin, l’Übermannschaft est apparue ! Nietzsche et son mythe de l’Übermensch, du Surhomme, sont ressuscités et appliqués au football ! Ben oui, Superman et sa déclinaison logique la Superteam, cela faisait moins germain bien que plus hollywoodien. Le "Super Bayern" de Jupp Heynckes est mort, bienvenue au "Super Super Bayern" du Catalan ! Ce n’est pas faux d’ailleurs lorsque l’on scrute les performances réalisées début octobre 2013 par le Verein munichois à Manchester City (3-1) ou bien le déplacement au Bayer Leverkusen quelques jours après (1-1). Il ne s’agit pas ici d’analyser le résultat final mais de regarder les performances sur le terrain. La Ferrari promise de Guardiola allait-elle supplanter la Porsche "made in Germany" de Heynckes ? Oui…même si cela fut trop fugace lors de cette saison.
Obnubilés par "la société des records", nous expliquant systématiquement que le club munichois nouvelle version avait des temps de passage supérieurs à ceux de 2012-2013, les médias se sont fourvoyés à force de ne pas décortiquer les prestations bavaroises. Les scores et les statistiques suffisent aujourd’hui à faire des articles. Si Guardiola a replacé Lahm en position de milieu défensif, c’est forcément bien puisque c’est un génie. Mais analyser ce replacement tactique à l’aune des départs lors du dernier mercato estival (Can, Tymoshchuk, Gustavo) et des blessures successives (Schweinsteiger, Martinez) n’est-il pas plus juste ?
Excepté les milieux offensifs qui pullulent et devant un groupe bien moins riche que celui de l’année dernière, un choix assumé du Catalan, le repositionnement du capitaine emblématique doit-il être compris comme une fabuleuse trouvaille ou bien comme une nécessité devant la pénurie ? Le grand gagnant de cette évolution tactique s’appelle Rafinha, 28 ans, puisqu’il a même été rappelé sous le maillot auriverde. Oui, l’arrière latéral qui vient de se prendre trois matches de suspension, qui a provoqué un penalty à Berlin, le jour du sacre, et qui engendre systématiquement une occasion par rencontre pour l’adversaire, à force de ne pas se replacer correctement. Le Brésilien est-il un grand arrière droit ? Offensivement oui mais défensivement ?
Pire, depuis quelques semaines, le jeu "à la barcelonaise" a perdu de son efficacité. En attaque, c’est le néant. Les pertes de balle se multiplient dans le camp adverse. La  "machine à faire des passes" est née, agrémentée de quelques saillies médiatiques dont les "Elefanten" du club (Beckenbauer, Sammer) ont le secret. Par chance, ou le contraire, le pachyderme Hoeness est aux abonnés absents maintenant.
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Bayern Munich

Crédit: Reuters

Guardiola :  I am sorry, die Bundesliga ist vorbei  (je suis désolé mais la Bundesliga est terminée)

Le Volapuk ou Esperanto intégré du général de Goals est là ! Trêve de plaisanteries. En annonçant que le Bayern Munich en avait fini avec le championnat allemand après l’officialisation du titre, le coach catalan a ouvert la boite de Pandore. Il a justifié, a institutionnalisé, la décompression actuelle ! La défaite contre le FC Augsburg (0-1) a fait du bruit en Allemagne. Bien entendu parce que le club munichois mettait fin à 53 rencontres sans connaitre la défaite - c’est monstrueux -, mais surtout parce qu’il a engendré la colère des autres Vereine teutons. Ces derniers accusant le Bayern de fausser la compétition. Schalke 04, l’Eintracht Francfort jouent les offusqués tandis qu’un Mayence dégouté, en course pour la Ligue Europa, ne souhaite même pas répondre à la provocation munichoise !
Évidemment, la Säbener Strasse n’en a cure. Mais, depuis cet évènement, la communication du Rekordmeister patine, est à contre-courant. En alignant une équipe B voire C dans le derby contre le FCA, Guardiola avait son excuse après la défaite (0-1). Certes, mais les Augsburger venaient d’enchaîner un seul point en 4 rencontres et qu’il manquait, aussi, beaucoup de cadres dans les rangs de la révélation de l’année, dont les deux ailiers Werner et Hahn. Le weekend suivant, devant le tollé général, le Catalan propose son équipe-type à l’Allianz-Arena contre le Borussia Dortmund, lequel se passe de Lewandowski et de Piszczek au coup de sifflet inaugural. Munich se noie (0-3) après un premier quart d’heure correct. Les alibis n’existent plus. Le directeur sportif, Matthias Sammer, est forcé de calmer le jeu et fait la tournée des popotes, les plateaux de télévision, monopolise le temps de parole. Avant de critiquer son équipe après la victoire (5-1) en demi-finale de coupe d’Allemagne. L’ancien ballon d’Or 1996, a perçu les signes d’alarme. Il récidive après la victoire laborieuse contre l’Eintracht Braunschweig (2-0), fustigeant un environnement trop douillet lors des entrainements. "C’est ma faute" finit par admettre Guardiola.
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2014 Bundesliga Pep Guardiola

Crédit: AFP

Mais la question est de comprendre pourquoi le FC Bayern a du mal à remettre les gaz alors que l’année dernière, à la même période et dans des conditions quasi similaires, le club munichois administrait un fameux "9-2 Pâques" à Hambourg, volait de victoire en victoire avec des scores fleuves : 6-1 contre Wolfsburg en DFB-Pokal puis à Hanovre en Bundesliga par exemple. Il y a pourtant une différence profonde entre Heynckes et Guardiola. L’exercice précédent, les remplaçants, bien déterminés, jouaient le championnat lors des "semaines anglaises", tandis que l’équipe A se concentrait sur la Ligue des champions.
Aujourd’hui, qui peut prétendre connaitre, sauf l’intéressé, quel sera le "11" aligné à Madrid ? Dante, Boateng ou Martinez en défense centrale ? Ce dernier pouvant aussi évoluer au milieu. Lahm ou bien Rafinha au poste d’arrière droit ? Quel sera le milieu de terrain offensif ? Schweinsteiger, Lahm, Kroos, Müller ou bien Götze ? Un "faux 9" ou bien Mandzukic en pointe ? Le "turnover permanent" instauré par le catalan depuis son arrivée a explosé en plein vol lorsque le coach a autorisé le relâchement. Sous Heynckes, les plages de récupération étaient bien définies, avec un effectif bien plus dense que celui d’aujourd’hui.
Sans oublier de mentionner que l’usure mentale du FC Bayern après la déconvenue européenne en finale "Dahoam", à domicile, contre Chelsea en 2012, puis le titre l’année suivante et le parcours magnifique, extraordinaire donc par définition "pas ordinaire", des deux dernières saisons en Bundesliga, est logique. "Nous ne sommes plus les favoris" affirmait récemment Arjen Robben comme si le matelas dont disposait le Rekordmeister sur la concurrence avait disparu. "Le Bayern est redevenu humain" entend-on. La confrontation de ce soir sera, à n’en pas douter, énorme, comme toutes les confrontations entre les deux ogres européens. Reste à savoir si le psychisme bavarois sera à la hauteur. Ce sera, sans nul doute, la clé salvatrice de la rencontre.
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