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C1 : Avec le fair-play financier, le PSG aurait dû se passer de Pastore, Lucas et Ménez

Geoffrey Steines

Mis à jour 06/05/2014 à 21:34 GMT+2

Si l'UEFA lui avait imposé dès cette saison d’aligner 21 joueurs en Ligue des champions, dont huit joueurs formés localement, le PSG aurait dû se priver de joueurs importants dans son effectif. Ce qui prouve que la mesure que souhaite prendre l’ICFC dans le cadre du fair-play financier n’a rien de symbolique et pourrait redistribuer les cartes au sein du club parisien.

Lucas (PSG), Ligue des champions 2013/2014

Crédit: Panoramic

La mesure est presque passée inaperçue, dans le tourbillon médiatique enclenché par les révélations de L’Equipe ce mardi sur le fair-play financier tel qu’il sera appliqué au PSG. Mais elle pourrait bien être tout aussi contraignante pour Paris que l’encadrement de sa masse salariale ou son obligation de vendre avant d’acheter sur le marché des transferts. Dans l’éventail de sanctions soumis par l’Instance de Contrôle Financier des Clubs (ICFC) aux dirigeants parisiens, l’une d’elles visera à réduire le nombre de joueurs que pourra inscrire le club en Ligue des champions la saison prochaine. Ainsi, le PSG devra se contenter de 21 éléments sur la liste A, contre 25 pour les autres équipes engagées dans la compétition.
En observateur avisé de tout ce barnum, Laurent Blanc a bien noté que cette punition pourrait être très gênante :
Il y a aussi le fait de devoir aligner des joueurs formés au club. Ce n'est peut-être pas la plus diabolique mais si tu as droit à 21 joueurs et pas 25, c'est plus difficile
Si cette sanction réduit le nombre de joueurs éligibles par Paris en C1, l’ICFC n’exonère pas le champion de France en titre de la mesure obligeant tous les clubs à coucher sur leur liste le nom de huit éléments formés localement. Sans oublier que sur ces huit, quatre doivent être formés au club. Ce qui pourrait modifier en profondeur le visage du PSG à terme.
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Laurent Blanc (PSG) peut féliciter Maxwell

Crédit: Panoramic

Qu’est-ce qu’un JFL ?

Expression opaque, désormais utilisée couramment dans la plupart des sports collectifs (rugby, basket), le "joueur formé localement" répond à une définition claire et sans équivoque. Comme l’indique l’UEFA dans l’article 18 de son règlement de la saison 2013/2014, il faut répondre à un critère précis pour être considéré comme JFL. Entre l’âge de 15 et 21 ans, le joueur doit avoir été "inscrit auprès d’un ou de plusieurs clubs affiliés à la même association que son club actuel pendant une période, continue ou non, de trois saisons complètes ou de 36 mois". Autrement dit, dans le cas du PSG , il faut avoir été licencié dans un club dépendant de la FFF pendant trois saisons avant la fin de sa formation pour répondre aux critères. Même chose pour être désigné comme un "joueur formé au club", excepté qu’il faut avoir été inscrit dans son club actuel au cours de la période explicitée auparavant.

Combien de JFL dans la liste cette saison ?

Ils étaient au nombre de dix, avec quatre "joueurs formés au club" (Maignan, Traoré, Rabiot, Ongenda). Le PSG a ensuite joué avec le règlement de l’UEFA pour remplacer Kalifa Traoré par Yohan Cabaye, arrivé lors du mercato hivernal, parmi les 25 joueurs éligibles à partir des huitièmes de finale. L’instance européenne impose aux clubs, lors de leurs changements à mi-saison, de respecter le quota de "joueurs formés localement". Mais en aucun cas de se conformer à celui de "joueurs formés au club". Les Parisiens ont fini avec seulement trois éléments issus de leur centre de formation dans leur effectif pour la Ligue des champions. Une pratique très répandue en Europe (l’Atlético Madrid, Manchester United, Arsenal ou encore Manchester City se sont aussi engouffrés dans la brèche).
Dans les dix "joueurs formés localement", trois n’ont pas joué la moindre minute de C1 cette saison (les gardiens Nicolas Douchez et Mike Maignan, ainsi que Hervin Ongenda). Six autres ont disputé moins de 300 minutes (Z.Camara, Digne, Jallet, Cabaye, Ménez, Rabiot). Un total inférieur au tiers des dix rencontres du PSG. Finalement, parmi les JFL, seul Blaise Matuidi a joué un rôle prépondérant dans le parcours parisien, qui s’est arrêté contre Chelsea au stade des quarts de finale (neuf matches joués et 696 minutes pour le Toulousain de naissance).

Qui aurait été éjecté de la liste cette saison ?

Si la sanction avait été appliquée dès l’été dernier, elle aurait forcément contraint Blanc à faire des choix radicaux au moment de constituer sa liste de 21. Deux des dix JFL auraient certainement cédé leur place. Mais ça n’aurait pu être aucun des quatre "joueurs formés au club". Ménez (123 minutes) et Z.Camara (141 minutes) auraient ainsi fait figure de victimes expiatoires. Blanc aurait ensuite été forcé de se séparer de deux joueurs "étrangers". Et là, le choix aurait été encore plus cornélien. Décisif en quart de finale aller contre Chelsea (3-1), Javier Pastore en aurait probablement fait les frais. Il est le Parisien non formé en France à avoir le moins joué en Ligue des champions cette saison (231 minutes). Il aurait eu d’autant moins d’arguments pour sa défense que Rabiot et Cabaye auraient fait figure d’alternatives crédibles pour compenser son absence.
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Laurent Blanc félicite Javier Pastore après l'avoir remplacé

Crédit: Panoramic

Lucas et Marquinhos auraient, eux, été en balance pour la vingt-et-unième et dernière place sur la liste, n’étant pas des titulaires indiscutables du onze parisien. Troisième dans la hiérarchie des défenseurs centraux, Marquinhos aurait certainement été privilégié par rapport à Lucas, qui aurait été suppléé par Ongenda pour pallier une absence dans le trio offensif. Pour rappel, les deux Brésiliens et Pastore ont été recrutés à prix d’or (31 millions d’euros pour l’ancien Romain, 40 millions pour l’ex de Sao Paul, 42 millions pour l'Argentin débarqué de Palerme). Ça ferait cher pour des joueurs inéligibles en Ligue des champions.

Quelles conséquences concrètes pour Blanc ?

Appliquée cette saison, la mesure de limitation de son effectif pour la Ligue des champions aurait limité les options de Blanc. Elle aurait considérablement réduit la profondeur de son effectif et l’aurait mis à la merci de la blessure d’un joueur majeur, même si les mauvaises langues diront que celle d’Ibrahimovic s’est déjà payée cash face à Chelsea. Mais elle aurait potentiellement eu le mérite de donner du temps de jeu à certains jeunes, comme Ongenda ou Coman, qui aurait pu remplir une place de JFL. Derrière Ibrahimovic, Cavani et Lavezzi, ils seraient devenus les premiers recours offensifs. Le onze parisien ne s’en serait pas retrouvé affaibli, mais la mesure aurait limité les possibilités de Blanc sur le banc. Un souci sur la durée d’une saison.
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La joie de Hervin Ongenda lors du Trophée des champions 2013, remporté par le PSG contre Bordeaux (2-1)

Crédit: Panoramic

Comment y remédier la saison prochaine ?

En s’attachant les services de "joueurs formés localement" compétitifs au plus haut niveau européen. Ils ne manquent pas sur le continent et seraient nombreux à pouvoir apporter une plus-value à l’effectif, même si les dirigeants n’ont pas forcément pris l’habitude de leur prêter attention ces dernières saisons. Curiosité du règlement de l’UEFA, les Parisiens seraient bien inspirés de faire le forcing pour recruter Miralem Pjanic, et non Paul Pogba. Arrivé à Metz en 2004 en provenance du Luxembourg, avant d’atterrir à Lyon en 2007, l’international bosnien de l’AS Rome détient le statut JFL. Au contraire de Pogba, parti du Havre à 16 ans pour rejoindre Manchester United. Peu importe si le milieu de la Juventus a connu toutes les équipes de France depuis les moins de 17 ans, il n’est pas formé localement, d’après les critères de l’UEFA.
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Miralem Pjanic, sous le maillot de l'AS Roma lors de la saison 2013-2014

Crédit: Panoramic

Autre solution pour le PSG : conserver les joueurs qui reviendront de prêt à l’issue de la saison, tous considérés comme "formés au club". Clément Chantôme (Toulouse) pourrait ainsi devenir une solution de secours à moindre frais au milieu, même si ce n’est pas le secteur où le PSG se retrouverait le plus démuni. Champions du monde des moins de 20 ans l’été dernier, Alphonse Areola (Lens) et Jean-Christophe Bahebeck (Valenciennes) pourraient aussi avoir un rôle à jouer en cas de redistribution des cartes. Tout comme les vice-champions d’Europe des moins de 19 ans, Antoine Conte (Reims) et Jordan Ikoko (Créteil). Pas sûr que ces noms fassent rêver dans l’environnement parisien. Mais les sanctions du fair-play financier pourraient bien leur donner une place centrale dans l’avenir du club.
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