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Lyon-Real Sociedad (0-2), analyse tactique : Garde n'avait pas de plan B

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 21/08/2013 à 14:41 GMT+2

Etouffé par le pressing de la Sociedad, Lyon a été dominé dans tous les secteurs, surtout au milieu. Rémi Garde n'a pas trouvé de solutions. Analyse tactique.

Garde : "Une mission très difficile"

Une petite leçon. Voilà ce que l’Olympique Lyonnais a reçu hier soir à Gerland lors de son premier match face à la Real Sociedad. Dépassés dans tous les domaines, les Gones ont concédé une défaite logique et sont désormais condamnés à l’exploit pour atteindre la phase de poules de la C1.
Au coup d’envoi, Rémi Garde décidait de reconduire le onze victorieux à Sochaux vendredi dernier. Fofana restait donc en défense centrale aux côtés de Bisevac. Très en vue depuis la reprise de la L1, Gourcuff débutait lui sa campagne européenne sur l’aile gauche de l’attaque lyonnaise (Lopes – Miguel Lopes, Bisevac, Fofana, Bedimo – Malbranque, Gonalons – Benzia, Grenier, Gourcuff – Lacazette). Côté txuri urdin, Jagoba Arrasate faisait quelques changements par rapport au premier match de la saison remporté face à Getafe : Griezmann et Xabi Prieto entraient dans le onze de départ, Zurutuza était préféré à Pardo dans l’entrejeu et Cadamuro à Ansotegi en défense centrale (Bravo – Carlos Martinez, Cadamuro, Inigo Martinez, De La Bella – Markel, Zurutuza – Vela, Xabi Prieto, Griezmann – Seferovic).
La Real Sociedad plus forte sur les seconds ballons
Dès les premières minutes, une grosse bataille s’est mise en place au milieu de terrain. D’un côté comme de l’autre, il s’agissait de forcer l’adversaire à allonger pour l’empêcher de mettre en place son jeu habituel. Côté lyonnais, Malbranque et Grenier sortaient au milieu de terrain afin de s’opposer à Zurutuza et Markel et ainsi compléter le travail de Gourcuff, Benzia et Lacazette sur la transition basque. Dans l’autre moitié du terrain, c’est Zurutuza qui sortait à hauteur de Xabi Prieto afin de s’opposer au duo Gonalons-Malbranque.
Avec de telles oppositions dans l’entrejeu, les premières remontées de balle se sont faites par les airs. A la retombée, la Real Sociedad prenait déjà le dessus. Ciblant principalement Seferovic, elle comptait surtout sur la présence de deux rideaux en soutien : Griezmann, Vela ou Xabi Prieto étaient les plus proches de l’action, qui se déroulait majoritairement entre les lignes de l’OL, au niveau des milieux de terrain (Malbranque-Gonalons).
Sur les côtés, les latéraux venaient offrir des solutions pour écarter le jeu en cas de besoin. Mais surtout, la différence était faite par la présence de Zurutuza et Markel, toujours présents en soutien. A défaut de pouvoir enchaîner offensivement, les attaquants basques pouvaient s’appuyer sur un relais en retrait, au niveau de la ligne médiane, avant d’ouvrir le jeu sur les côtés. Très peu soutenus dans ce combat par Grenier et Lacazette, Malbranque et Gonalons ont passé une grande partie de la première mi-temps à subir entre ces deux lignes (Malbranque en particulier).
A l’inverse, lorsque l’OL allongeait, c’est toute la Real Sociedad qui faisait bloc pour pouvoir récupérer le ballon dans sa moitié de terrain. En début de partie, les Lyonnais ont commencé à rechercher le duel entre Benzia et De la Bella sur leur aile droite. Mais Griezmann revenait défendre, aidant ainsi Zurutuza dans ses duels avec Malbranque ou Benzia lorsque ce dernier venait à repiquer à l’intérieur. Surtout, la Real conservait toujours une présence au milieu de terrain, afin d’empêcher Gonalons de devenir une solution de repli capable d’organiser comme Zurutuza de l’autre côté. Si Seferovic a parfois dépanné dans cette tâche, Xabi Prieto a été le principal responsable de ce travail de l’ombre sur le milieu de terrain lyonnais le plus reculé.
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FOOTBALL 2013 Lyon-Real Sociedad - Tactique (Gonalons)

Crédit: Eurosport

Zurutuza étouffe Malbranque, le côté droit étouffe Gourcuff :
En plus de remporter cette bataille dans l’axe, les Basques réussissaient à mettre une énorme pression dans les couloirs. Laissant volontairement la possession de balle à l’OL, ils faisaient d’abord face à la relance lyonnaise en 4-4-2 avec Seferovic et Xabi Prieto en première ligne. Les deux hommes évoluaient aux abords du rond central afin d’empêcher les transmissions de la défense à destination de Gonalons. Derrière, les deux lignes de quatre étaient en place, avec une première ligne compacte dans l’axe et coulissant sur la largeur autour de la paire Markel-Zurutuza.
Bloquant ainsi le coeur du jeu, les Basques obligeaient les Lyonnais à écarter pour espérer atteindre le camp adverse. C’est à ce moment-là que le pressing se déclenchait, sous l’impulsion des milieux de terrain : Griezmann et Vela sortaient sur les latéraux adverses alors que l’un des deux attaquants axiaux (Seferovic ou Xabi Prieto) se dirigeait vers le défenseur central le plus proche du ballon. Le second restait dans le rond central, toujours dans le but de bloquer la transmission à destination de Gonalons. Le soutien arrivait ensuite de derrière avec les sorties de Zurutuza (côté droit de l’attaque lyonnaise) ou Markel (côté gauche).
Dès les premières minutes de jeu, l’effet de ce pressing s’est fait sentir côté droit, où Malbranque a été complètement étouffé par Zurutuza. N’hésitant pas à sortir très loin de sa position initiale pour repousser le milieu lyonnais, le natif de Rochefort s’est retrouvé à l’origine des deux premières occasions de la Real Sociedad (tir de Vela sur le poteau, puis ouverture du score de Griezmann d’un superbe retourné acrobatique). Car sitôt le ballon gagné, comme à la retombée des longs ballons, les Txuri Urdin partaient très vite vers les buts lyonnais en s’appuyant sur Xabi Prieto ou Seferovic, toujours à proximité de la zone de pressing.
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FOOTBALL 2013 Lyon-Real Sociedad - Tactique (Zurutuza)

Crédit: Eurosport

Premier responsable des excellentes performances de l’Olympique Lyonnais en championnat (lire : Lyon : le rôle-clé du "faux-ailier" Gourcuff), Gourcuff n’a cette fois pas pu peser autant sur le jeu. La faute à une organisation adverse qui avait évidemment pris note de ses déplacements et de sa capacité à créer le surnombre au milieu de terrain. Lorsque la Real était au pressing dans son couloir et dans le camp lyonnais, Carlos Martinez sortait de l’alignement défensif pour le prendre, de la même manière que De la Bella opérait avec Benzia ou Lacazette de l’autre côté du terrain.
Mais le vrai danger avec Gourcuff, c’est de ne pas suivre ses décrochages depuis l’aile une fois le bloc replacé en phase défensive. En clair, lorsque la Real était repliée en 4-4-2 dans sa moitié de terrain, avec Xabi Prieto et Seferovic dans le rond central, il fallait bien quelqu’un pour réagir aux déplacements du milieu lyonnais. Au lieu d’avoir une seule solution le concernant, les Basques ont travaillé à deux pour limiter l’influence de l’ancien Bordelais. Selon les situations, Vela et Markel se partageaient la tâche. Le premier sortait ainsi de son couloir lorsque Bedimo montait aux avant-postes, laissant le soin à Carlos Martinez de fermer la porte au latéral gauche adverse. Markel venait lui au pressing lorsque justement Gourcuff revenait à hauteur de son latéral, afin que Vela conserve le marquage sur ce dernier. En retrait, Carlos Martinez restait aligné avec sa défense.
Gonalons coincé, Malbranque étouffé, Gourcuff bloqué… Au final, les rares minutes où l’OL a semblé en mesure de défaire le pressing adverse en première mi-temps ont coïncidé avec les décrochages de Grenier au milieu de terrain. La Real ne prenait en effet généralement pas le risque de faire sortir Zurutuza ou Markel plus haut que Seferovic et Xabi Prieto. En conséquence, les déplacements de Grenier au milieu de terrain permettaient à l’OL de créer un petit surnombre dans l’axe et d’ouvrir ensuite le jeu sur les côtés où les attaques se déployaient  autour des ailiers et des latéraux. Mais en étant obligés de décrocher, Grenier s’éloignait aussi de sa zone de prédilection dans les trente derniers mètres. Peut-être un objectif justement recherché par l’organisation basque…
Deuxième mi-temps :
Dos au mur après le premier acte, les Lyonnais étaient obligés de redémarrer la partie en proposant autre chose dans le jeu. Dès les premières secondes, ils ont donné l’impression de vouloir jouer plus haut, à l’instar de ce qu’ils avaient proposé face aux Grasshoppers Zurich au tour précédent. Au lieu de travailler à hauteur de Gonalons, Malbranque laissait ce dernier gérer la distribution avec ses latéraux et montait d’un cran pour offrir une solution supplémentaire aux côtés de Grenier. Un changement de zone qui a eu le don de faire reculer Zurutuza et le bloc de la Real Sociedad, mais qui n’a pas chamboulé l’opposition entre les deux formations.
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FOOTBALL 2013 Lyon-Real Sociedad - Tactique (Malbranque)

Crédit: Eurosport

Au lieu d’être capables de récupérer le ballon dans le camp lyonnais, les Basques le gagnaient désormais à une trentaine de mètres de leurs buts. Un recul du bloc qui les rendait forcément plus vulnérables sur coups de pied arrêtés, mais qui leur a aussi permis d’afficher leur qualité technique en contre-attaque. Une fois encore, Seferovic a réalisé un très gros travail. Parfois point d’appui au duel avec Bisevac, il pouvait aussi prendre les espaces dans le dos des latéraux lyonnais partis à l’abordage. Récompensé par un but magnifique consécutif à une remontée de balle facilitée par la passivité lyonnaise, le Suisse est sorti à la 64e (remplacé par Granero qui s’est d’abord installé côté gauche). Vela a repris le flambeau en attaque en continuant à exploiter les espaces au sein de la défense lyonnaise.
Côté lyonnais, Rémi Garde avait dégainé dès la 57e avec un double changement : Danic et Bahlouli pour Benzia et Malbranque. Ces remplacements ont entériné le rôle plus offensif du second milieu axial, Gourcuff reprenant le rôle de Malbranque afin de permettre aux deux entrants de se positionner sur les ailes. Face à ce nouveau système, la Real Sociedad répondait évidemment avec Markel et Zurutuza dans la zone de Gourcuff et Grenier. Sur les ailes, Vela et Griezmann (puis Granero et Xabi Prieto) revenaient aussi défendre afin de protéger leurs latéraux. Et surtout, Xabi Prieto restait toujours à proximité de Gonalons afin d’empêcher l’OL de multiplier les temps de jeu et les mouvements gauche-droite dans le camp basque. Les entrées de Granero (64e), Chory Castro (70e) et Ruben Pardo (81e) ont apporté une touche technique supplémentaire pour la Real, idéale pour défaire le premier rideau lyonnais avant d’attaquer une défense sans protection. Pardo est ainsi passé tout près de plier définitivement la confrontation juste avant la fin du temps règlementaire.
Presque anecdotique, l’expulsion de Milan Bisevac (75e) a tout de même permis à la Real Sociedad de remonter son bloc dans le camp lyonnais pour y remettre en place son pressing du début de partie. Gonalons redescendu en défense centrale, les décrochages de Grenier et Gourcuff étaient ciblés par les milieux adverses, tout comme les mouvements de Bahlouli et Danic sur les ailes, serrés de près par les latéraux. Une remontée du bloc-équipe qui a permis aux Basques d’éviter d’être de nouveau mis en danger sur coups de pied arrêtés, peut-être la seule faiblesse qu’ils ont laissé transparaître au cours des 90 minutes de jeu.
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FOOTBALL 2013 Lyon-Real Sociedad - Tactique (expulsion Bisevac)

Crédit: Eurosport

Conclusion :
Un match à sens unique. L’OL a subi dans tous les compartiments du jeu face à un adversaire qui avait parfaitement préparé son coup sur le plan tactique. Même si les deux buts "viennent d’ailleurs", ils reflètent réellement l’écart qui séparait les deux formations mardi soir. Sans réelle réaction tactique sur les 90 minutes de jeu, Rémi Garde a désormais une semaine pour trouver le plan B qui permettrait au moins aux Lyonnais d’entretenir l’espoir à Anoeta. La tâche est grande, d’autant plus que la Real a encore quelques atouts dans sa manche (Agirretxe et Mikel Gonzales, titulaires devant et en défense, n’étaient pas là ; Granero et Pardo ne sont qu’entrés en jeu etc…).
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