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Le Borussia Dortmund à la poursuite de la jeunesse éternelle

David Lortholary

Mis à jour 11/04/2017 à 13:45 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Si le RB Leipzig est l'équipe qui présente la moyenne d'âge la plus jeune de Bundesliga, le Borussia Dortmund mise lui aussi sur une jeunesse dont le talent n'a pas attendu le nombre des années. Une façon élégante de contourner un duel front contre front économiquement impossible avec le Bayern. Un moyen de prospérer, sans doute. Un risque sportif à assumer, aussi.

Ousmane Dembélé - Borussia Dortmund

Crédit: Eurosport

Le chiffre était flagrant, et pas seulement parce que Franck Ribéry fêtait son 34e anniversaire. À l'occasion du "Klassiker" entre le Bayern et Dortmund, samedi dernier, la moyenne d'âge des onze au coup d'envoi différait de plus de cinq ans. L'été dernier, le Borussia avait lancé son plus grand chantier transferts depuis une décennie avec le départ conjoint de Mats Hummels, Ilkay Gündogan et Henrikh Mkhitaryan, sans parler de Neven Subotic et Jakub Blaszczykowski. Il y a dix ans, des joueurs aussi confirmés étaient partis, comme Tomas Rosicky. La différence ? À l'époque, l'argent avait manqué pour les remplacer par des éléments d'égale valeur. Le club avait alors traversé de sévères turbulences, changé deux fois d'entraîneur coup sur coup (van Marwijk, Röber) et regardé vers le bas du classement.
Cette fois, le club a investi. Le directeur sportif Michael Zorc a décrit le chantier comme "un projet avec de grandes perspectives, auquel il faut donner vie“, ce qui signifiait, en clair, investir une bonne partie du budget sur des joueurs en devenir. "Pas d'alternative" à enrôler des joueurs jeunes, selon le boss Hans-Joachim Watzke. "C'est précisément ce que les gens, à Dortmund, apprécient", assène-t-il. Une cure de jouvence qui a fait dire à l'entraîneur Thomas Tuchel – façon de se prémunir contre les trous d'air – qu'il allait "falloir du temps pour mettre les choses en ordre". La claque administrée ce week-end par le Bayern – même si Dortmund s'était imposé à l'aller dans la Ruhr – en est l'illustration.
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Mats Hummels (l.) und Henrich Mchitarjan

Crédit: Imago

Mi-2016, au moment d'engager le chantier, le portefeuille n'en a pas moins été de sortie : 116,75 millions d'euros dépensés pour huit recrues – Andre Schürrle (26 ans), Mario Götze (24 ans), Ousmane Dembélé (19 ans), Emre Mor (19 ans), Marc Bartra (25 ans), Raphaël Guerreiro (22 ans), Mikel Merino (20 ans) et Sebastian Rode (25 ans). Avec à la clef un record de dépenses dans l'histoire du club pour un seul joueur – les 30 millions dégainés pour faire revenir Mario Götze. Pierre-Emerick Aubameyang déclarait alors : "Nous avons plus de potentiel (qu'auparavant). Ce sont certes beaucoup de jeunes joueurs qui nous ont rejoints, mais tous ont un talent gigantesque. Le chemin emprunté par Dortmund est le bon pour gagner de nouveaux titres à l'avenir." Ironie de l'histoire, les deux champions du monde de la liste, Götze et Schürrle, livrent une saison catastrophique pour le premier, décevante pour le second. Or, ce sont deux des plus âgés et ceux qui, au moment de leur venue, enivraient la presse spécialisée.

L'école, les promesses, l'avenir

La venue de joueurs comme Mikel Merino ou Ousmane Dembélé illustre le statut intermédiaire du Borussia : comme Robert Lewandowski, Pierre-Emerick Aubameyang, Ilkay Gündogan, Henrikh Mkhitaryan ou Marco Reus avant eux, ils ont fait la preuve de leur talent avant d'arriver mais ne se sont affirmés comme des stars internationales qu'une fois à Dortmund. De quoi permettre, ensuite, une plus-value financière conséquente à la vente. Concurrencer le Bayern pour le titre en Bundesliga coûte cher, trop sans doute en ce moment, mais préserver le statut de dauphin face aux centaines de millions d'euros du RB Leipzig et du TSG Hoffenheim ne sera pas donné non plus. C'est pourquoi le BvB a recruté l'été dernier deux jeunes adolescents, avec Dembele et Merino, auxquels les spécialistes promettent une grande carrière.
Le directeur sportif Michael Zorc l'a d'ailleurs inconsciemment avoué, à l'époque, à propos de Merino, décrivant ce dernier comme "un grand talent de l'école du football espagnole“. Son président itou : Lorsqu'il s'agit de combler un poste vacant, a exposé Hans-Joachim Watzke au printemps dernier, "nous ne nous interdisons fondamentalement aucune piste". Mais il a immédiatement précisé que la politique du club en matière de transferts avait "montré par le passé que la solution la plus onéreuse n'était pas toujours la meilleure". Une façon pudique d'avouer que Dortmund ne voulait ni ne pouvait lâcher des sommes vertigineuses sur une recrue.
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Mikel Merino

Crédit: Imago

Les exemples marquants de Weigl et Pulisic

Des réussites aussi flagrantes que le recrutement de Julian Weigl, pour 2,5 millions d'euros, en provenance de Munich 1860 à l'été 2015 donnent raison à cette politique. Dès son premier match de championnat, mi-août 2015, le milieu de terrain défensif de 19 ans livrait une prestation sans faute, avec 95% de passes réussies – meilleur pourcentage de tous les joueurs de Bundesliga ce jour-là –, et n'a plus guère quitté les titulaires depuis.
Le positionnement du BvB entre les superpuissances européennes tels que le Bayern, le Real ou le Barça et les clubs formateurs précocément pillés n'est pas une évidence, comme l'a illustré l'été dernier le cas Pulisic. Le jeune international américain, qui a débuté avec le Borussia en Ligue des champions à 17 ans, anticipait alors un faible temps de jeu et avait d'autant plus laissé entendre un possible départ que des sirènes venues d'Angleterre se faisaient entendre. Son club s'est montré compréhensif quant aux velléités de la nouvelle génération à vouloir tout, tout de suite, a fermé les yeux sur ce caprice, et Pulisic est finalement resté.
Thomas Tuchel, lui-même, est encore jeune et découvre la Ligue des champions cette saison. Celui qui est croqué comme un professeur – il n'est donc pas illogique qu'il dirige une troupe de jeunes footballeurs perfectibles –, se décrit lui-même volontiers comme un apprenti. Son credo, et le fondement même de son travail : amener ses joueurs à leur performance optimale et développer les talents à leur maximum. "Le fondement du sport de haut niveau, c'est l'appétit", affirme-t-il. "À Dortmund, nous voulons sentir cette atmosphère entre nous. Un ciment qui nous réunisse.
Durant la décennie au cours de laquelle il s'est occupé des équipes de jeunes à Stuttgart, Augsbourg et Mayence, il a eu le temps de se forger ces certitudes et n'a cessé de chercher l'amélioration. Dans le Dortmund d'aujourd'hui, cela semble un ouvrage à remettre sans cesse sur le métier.
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Tuchel, Pulisic

Crédit: Imago

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