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Ligue des champions : Sans Higuain, plus belle la vie pour le Napoli

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 15/02/2017 à 09:56 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS - L’été dernier, le Napoli a été pratiquement contraint de se séparer de Gonzalo Higuain, tout frais néo-recordman du nombre de buts inscrits sur une seule saison de Serie A (36). Or, rarement une équipe aura aussi bien digéré le départ de son meilleur élément.

Marek Hamsik (Naples)

Crédit: AFP

Le Français et l’Italien sont deux langues très proches mais traduire les expressions idiomatiques transalpines n’est pas toujours aisé. Par exemple, "gufare" n’a pas d’équivalent dans la langue de Molière et il est tout aussi difficile de dénicher l’origine de ce terme qui signifie simplement "chercher à porter la poisse à quelqu’un". C’est ce qu’ont fait de nombreux supporters napolitains lorsque Higuain est passé chez l’ennemi turinois l’été dernier.
Rien de bien méchant, souvent dans un bon esprit même, tel ce sexagénaire partenopeo qui – devant les caméras - s’était promis de se couper son organe sexuel si Pipita passait la barre des 15 buts en championnat sous ses nouvelles couleurs. Il en est déjà à 18. Un sacrifice superflu, non pas pour les problèmes de libido de ce Monsieur, mais simplement parce que la problématique de la succession d’Higuain a vite été résolue.

Une attaque qui carbure à plein régime

Egaler puis battre un record de "productivité", le Napoli a été capable de réaliser ce joli exploit en l’espace de quelques semaines. Un 5-0 à Cagliari le 11 décembre dernier, comme à Udine en 2007, comme à Modène en 1949. Et puis, le 7-1 à Bologne il y a une dizaine de jours pour le plus large succès à l’extérieur de l’histoire du club parmi l’élite. Avec 57 buts inscrits en 24 journées, les Azzurri possèdent l’attaque la plus prolifique de Serie A et la quatrième des cinq grands championnats après Monaco (3 buts par match), le Barca, (2.77) et… le Real (2.70). Le total est déjà de 72 réalisations toutes compétitions confondues, on est donc sur les bases des 104 des années Benitez et du 106 de la première saison de Sarri. Sans Higuain…et sans Milik.
En effet, la mécanique est tellement bien huilée qu’on en oublie la longue indisponibilité de ce dernier. C’est l’avant-centre polonais qui avait été désigné comme héritier d’Higuain, moyennant un chèque de 32 Millions d’euros à l’Ajax. Un investissement rapidement justifié par les sept buts inscrits lors des neuf premières rencontres avant la rupture des ligaments croisés du genou gauche lors d’un match avec sa sélection début octobre. De quoi compromettre toute une saison. Et pourtant...
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2016 Poland Milik injury (not for Poland)

Crédit: Imago

L’individualité exaltée par le collectif

S’il a eu forcément un coup de chaud, Sarri ne s’est pas morfondu pour autant. Une cigarette, un crayon, un calepin et probablement un bon verre de vin afin de se mettre dans les meilleures conditions pour trouver une alternative, fort de son football ne dépendant d’aucune individualité. Si on n’a jamais eu la réfutation l’an passé puisqu’ Higuain n’a jamais été blessé, cette saison met définitivement en relief "l’autonomie" du technicien toscan. Une ligne défensive composée de "quadruplés" aux déplacements parfaitement synchronisés en phase de non possession (la distance entre chaque élément, la position du corps), le jeu court et en triangle au milieu ou sur les côtés, les sorties de balle propres, l’agression pour la reconquête du ballon. Des directives exécutées mécaniquement et soigneusement appliquées par les onze bonhommes. Sarri donne parfois l’impression de les diriger avec un joystick. Enfin, moins réfractaire au turnover qu’auparavant, il a accru la fiabilité de ses solutions de rechange, l’une d’entre elle a même complètement vrillé.
Six, c’est le nombre de titularisations de Mertens en championnat la saison passée, auxquelles il faut ajouter 27 entrées en jeu. Le diablotin rouge devait se contenter d’une demi-heure par match, et ce n’était pas forcément mieux en ce début de saison avec une moyenne de 41 minutes lors des sept premières journées. Gabbiadini écrasé par la pression, c’est le natif de Louvain qui a été préféré à la pointe de l’attaque. En faux 9, mais seulement sur le papier. Cette appellation est plus due à son mètre 69 qu’à son interprétation du poste. Mertens redescend volontiers pour combiner mais ne dézone pas non plus à tout va. Les mouvements, les appels, l’utilisation de la profondeur, la rapidité d’exécution, l’instinct sont dignes d’un goleador affirmé. Un avant-centre frénétique et créatif qui, quand il ne marque pas, distribue les passes décisives (quatre sur les trois derniers matches). Depuis début décembre, il tourne à un but ou une passe toutes les 42 minutes. Dans le jargon italien, on appelle cela un joueur "associatif", caractéristique indispensable pour faire partie de l’orchestre de Sarri.
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2017, Dries Mertens, Bologna-Napoli, AFP

Crédit: AFP

Le danger vient de partout

Le Belge a donc contraint Gabbiadini à s'en aller à Southampton, rendu complètement superflu le recrutement de Pavoletti en provenance du Genoa et permis à Milik de ne pas presser sa rééducation. Mais s’il a mis du temps à se faire une place dans le onze-type, c’est également à cause de la qualité de la concurrence. Aujourd'hui, il forme désormais un excellent trio avec Insigne et Callejon dont il était jusqu’à il y a peu la solution de rechange. Le second mérite une citation particulière car il est probablement un des joueurs les plus sous-estimés de Serie A, pénalisé par un style de jeu épuré alors que ses courses sans ballon pour prendre à revers les défenses adverses sont fondamentales.
L’aisance technique des interprètes alliée à la mécanicité des trames de jeu et à une condition physique optimale font que le danger arrive de partout, notamment des relayeurs Hamsik et Zielinski pour un milieu de terrain sans aucun élément défensif (Jorginho ou Diawara en playmaker) qui ne met pas pour autant en péril l’équilibre de l’équipe. Ajoutez à cela la multitude de solutions sur coups de pied arrêtés (33 schémas différents selon la légende), et vous avez là une redoutable force de frappe offensive qui peut se permettre de respecter tout le monde mais de ne craindre personne. Pas même le Real champion d’Europe en titre. Comme quoi, les "gufate" envers Higuain n’étaient pas nécessaires, encore moins les paris les plus audacieux.
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