Tottenham-Juventus (1-2), l'antisèche : C'est tellement ça, la Juve

La Juventus a été dominée pendant quasiment une heure. Il y avait plus de vitesse et de tranchant dans le jeu de Tottenham qui a très logiquement ouvert le score. Les Turinois ne parvenaient pas à porter le danger sur le but d'Hugo Lloris. Jusqu'au coaching d'Allegri à l'heure de jeu. Le manager bianconero a eu le nez creux en passant d'un 4-3-3 bancal au 4-4-2 avec les entrées de Lichtsteiner et Asamoah. La Juve a immédiatement affiché un visage plus conquérant. Sept minutes plus tard, elle avait marqué deux fois et renversé la situation. Dans son style caractéristique, elle s'est ensuite arrachée, avec réussite, pour préserver son avantage. Et obtenir une qualification longtemps improbable.

Si la Juve est encore en lice, elle le doit à Gonzalo Higuain. Après son doublé du match aller, l'avant-centre turinois a été l'artisan du succès piémontais à Londres avec un but et une offrande pour Paulo Dybala, très discret par ailleurs mais décisif au meilleur des moments. D'abord en difficulté, Giorgio Chiellini a incarné la combativité turinoise dans les vingt dernières minutes. Il faut aussi souligner la superbe entrée de Stephan Lichtsteiner, passeur décisif et déterminant sur un côté droit jusque-là mal tenu par Andrea Barzagli.

A Tottenham, l'élimination ne doit pas masquer les bonnes performances de Heung-Min Son, virevoltant et buteur, Harry Kane, Christian Eriksen ou Mousa Dembélé, même si l'impact du milieu belge n'a pas été aussi important qu'à Turin. Dele Alli a réussi quelques gestes de classe en première période avant de s'éteindre. Le boulet des Spurs restera Ben Davies. Déjà pas très net à l'aller, le latéral gauche de Tottenham a plombé les siens avec un alignement catastrophique sur le deuxième but turinois.

A quelques centimètres près, Tottenham arrachait la prolongation au bout du temps réglementaire. Sur un centre de Ben Davies, Harry Kane s'est élevé au-dessus de la défense turinoise pour placer une tête piquée. Battu, Gianluigi Buffon a été tout heureux de voir le ballon frapper le poteau et longer sa ligne de but avant d'être dégagé par Andrea Barzagli. L'avant-centre de Tottenham était en position de hors-jeu au moment de reprendre ce ballon. L'arbitre ne l'a pas signalée et le but aurait été accordé si Kane avait cadré sa tête. Mais le sort avait choisi de sourire à la Vieille Dame.

En plus du score du match aller à Turin (2-2), le passé n'annonçait rien de bon pour la Juventus. Elle s'était inclinée lors de ses quatre dernières confrontations avec des clubs anglais dans les tours à élimination directe en Coupe d'Europe. Il fallait remonter à la saison 1983-84 pour voir le club piémontais éliminer un club anglais. C'était Manchester United, en demi-finale de la Coupe des Coupes. En sortant Tottenham, la Vieille Dame a ainsi mis fin à une malédiction qui durait depuis plus de 30 ans.

La Juve est encore en lice et c'est un petit miracle. Sur l'ensemble des deux matches, elle a été assez nettement dominée par Tottenham sur le plan collectif. Elle a obtenu cette qualification avec une certaine réussite face à une équipe qui manque clairement d'expérience pour ce type de rendez-vous. Ce n'est pas vraiment sur cette victoire à Wembley, même s'il ne faut rien enlever à son mérite et à la qualité de Tottenham, que l'équipe turinoise peut se donner des prétentions pour le titre.

Mais le vice-champion d'Europe est en quarts et c'est le plus important. Et même si elle n'a pas forcément les arguments de Barcelone, du Bayern, du Real ou même de Manchester City, la Juventus reste la Juventus. Un club qui a la gagne et la culture de l'Europe chevillées au corps. Un club qui donne régulièrement l'impression d'être dominé avant de s'imposer à la fin. Un club qui ne lâche jamais rien. C'est exactement ce qu'il a prouvé à Wembley. Et Tottenham ne sera certainement pas le dernier club qui en fera la cruelle expérience.