Ajax - Barça ? On y va tout droit

Le football ne passionnerait sûrement pas autant sans son côté imprévisible. En Coupe d'Europe, l'essence de son succès réside même souvent dans ces soirées mémorables qui ont coupé le souffle avec des retournements de situations incroyables. Mais il reste une impression assez limpide avant ces demi-finales retour de la Ligue des champions : la finale de cette édition 2018-19 est connue depuis mercredi dernier. Le 1er juin à Madrid, l'Ajax Amsterdam va défier le FC Barcelone. Il est risqué de l'écrire. Mais ça y ressemble beaucoup.

Comment Liverpool, pourtant si hermétique à Anfield, peut-il réussir à effacer son 3-0 ramené du Camp Nou face au géant barcelonais emmené par l'ogre Lionel Messi ? Cela semble clairement improbable et encore plus depuis que l’on sait que son trident offensif va se présenter sérieusement édenté : Roberto Firmino et Mohamed Salah ayant dû renoncer pour ce choc tant attendu. C'est décevant pour le spectacle. Mais un constat s'impose : Sadio Mané semble aujourd'hui trop seul pour renverser la montagne catalane et ainsi permettre au club de la Mersey de devenir la troisième formation à passer après avoir perdu 3-0 à l'aller en demi-finale d'une Coupe d'Europe après le Panathinaikos en 1970-71 et le… Barça en 1985-86.

Autant le mettre noir sur blanc pour bien mesurer l’ampleur de la tâche, Liverpool va devoir marquer au moins trois buts pour croire au miracle. Ou plus si les Blaugrana trouvent l'ouverture... Sans donc Salah et Firmino. Avec la menace du serial-buteur Messi - auteur de 48 buts en 46 matches cette saison, dont 12 en C1 - et cette équipe des Reds amoindrie, cela ressemble bien à une mission impossible pour les Anglais. En fait, il y a plus de suspense dans l'autre demie. Mais là encore, l'Ajax Amsterdam et sa jeunesse qui enflamment le Vieux Continent depuis le début de l'année, ont pris une sérieuse option la semaine passée sur Tottenham, qui rêve désormais d’imiter la seule équipe à être parvenue à se sortir d’un tel scénario en demie en C1 : l’Ajax contre le Pana en 95-96 (0-1, 3-0).

Le succès ramené de Londres par les Lanciers (0-1) a clairement placé les coéquipiers de Frenkie de Jong dans une position idéale. Et là encore, l'état du groupe londonien y est pour beaucoup. Si Son Heung-min va faire son retour de suspension, l'absence d'Harry Kane plombe Tottenham dans cette double confrontation. Ce n'est ainsi pas un hasard si les Spurs ont semblé stériles au match aller avec un petit tir cadré. A y regarder de plus près, on peut même se demander si la longue et éprouvante saison de Premier League n'a pas usé ses pensionnaires.

Avec une fin d’exercice à suspense, où Liverpool s'offre une lutte pour le titre passionnante avec Manchester City, et où Tottenham doit cravacher pour aller chercher un nouveau ticket pour la C1, Reds et Spurs ont perdu des forces dans la bataille. Et ils en payent peut-être un peu les pots cassés sur la scène européenne où ils sont amoindris. Pendant ce temps, le Barça a ainsi pu s'offrir le luxe de reposer ses cadres le weekend. De son côté, l'Ajax a vu la 33e journée prévue le 28 avril être reportée pour lui permettre de préparer son duel face aux Spurs. "Demain soir, ce sera le troisième match en six jours et Barcelone a aligné samedi 11 joueurs différents (par rapport à l'aller en C1), ce qui représente une différence énorme, bien sûr", a d'ailleurs reconnu Klopp.

Si certains pointent du doigt l'absence de concurrence en L1 pour justifier les défaillances répétées du PSG, l'adversité de cette Premier League si riche en armadas n'a donc peut-être pas toujours que du bon… Ce débat sans fin n'a sûrement pas de réponses claires à l’heure actuelle. Ou en tout cas, cela semble moins évident que les noms des deux protagonistes de la prochaine finale de la C1 avant ces matches retour. A moins que… La Ligue des champions a régulièrement rappelé que la magie peut opérer quand on s'y attend le moins. Le Barça et même l'Ajax, acteurs heureux de ces fameuses soirées marquées par des retournements de situations légendaires dans un passé plus ou moins récent, sont bien placés pour le savoir. Suffisamment pour ne pas en être les victimes et faire respecter la logique ? Comme une équipe avertie en vaut deux et c'est encore plus vrai pour le club catalan surpris l'année passée par la Roma en quarts (4-1 à l'aller puis 3-0), tout pousse dans ce sens.