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Ligue des champions - Juventus - Zenith : Massimiliano Allegri, retrouvailles compliquées avec la Vieille Dame

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 02/11/2021 à 19:52 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS - Première de son groupe en Ligue des champions avec trois victoires en trois matches, dont une face à Chelsea, la Juventus Turin patine toujours en championnat. Massimiliano Allegri, de retour sur le banc après son départ en 2019, est fortement critiqué de l'autre côté des Alpes, notamment pour un jeu considéré comme trop réducteur.

Massimiliano Allegri (Juventus)

Crédit: Getty Images

En Italie, il se dit souvent que la "minestra riscaldata non è mai buona". Comprenez : "La soupe réchauffée n'est jamais bonne". Vraiment ? Cet adage, très connu de l'autre côté des Alpes, est régulièrement usité dans le monde sans pitié du Calcio, notamment lorsqu'un club décide de rappeler l'un des ses anciens entraîneurs. Ce n'est jamais vraiment bon signe, d'ailleurs. Mais en Italie, l'expérience est quand même souvent tentée. Avec, à chaque fois, plus ou moins le même constat. Par exemple, les brèves retrouvailles entre l'AC Milan et Arrigo Sacchi ont tourné au fiasco en 1996. Même chose pour celles avec Fabio Capello un an plus tard. Marcello Lippi, lui, avait eu plus du succès à son retour à la Juventus entre 2001 et 2004, après un premier passage victorieux dans les années 90 (1994-1999). Tout l'inverse de celui sur le banc de l'Italie (2008-2010), deux ans après la victoire de la Coupe du monde 2006.
La Juve, qui avait donc déjà tenté l'expérience par le passé, a décidé de recommencer avec Massimiliano Allegri. Parti en mai 2019, l'entraîneur toscan a été rappelé deux ans plus tard par Andrea Agnelli, qui estimait pourtant à l'époque que son cycle était "terminé". "Max et la Juve ne se sont pas remis ensemble par amitié, même si elle existe. On pense qu'il est le meilleur entraîneur possible pour démarrer un nouveau chapitre", se justifiait-il le 27 juillet dernier en conférence de presse. Il était alors persuadé que la réponse était oui. Mais trois mois plus tard, est-ce toujours le cas ?

Le scudetto ? "Game Over"

Si tout roule en Ligue des champions pour la Vieille Dame, avec trois victoires en trois matches, les choses sont un peu plus difficiles en Serie A, où elle est déjà reléguée à 16 points (!) du duo de tête Milan-Napoli après onze journées. Un record historique. "La remontée est impossible, on peut même dire "Game Over". Le scudetto est une chimère", écrivait le quotidien piémontais La Stampa la semaine passée après le revers face à Sassuolo (1-2), qui ne croit plus vraiment à la reconquête d'un titre perdu la saison passée au profit de l'Inter Milan. L'objectif réel, forcément revu à la baisse, peut désormais être le top 4 et une qualification en Ligue des champions. Mais rien ne s'annonce simple pour une équipe qui a encaissé 15 buts en championnat, soit le pire début de saison depuis 1988-1989. La Juve, qui pointe actuellement à la 10e place, compte également 4 défaites. Malgré une belle série de quatre victoires consécutives entre fin septembre et mi-octobre, elle a fini par rechuter. "On a gâché le travail d'un mois et demi en quatre jours", confiait Massimiliano Allegri après le nouveau revers face à l'Hellas Vérone samedi (2-1).
Paulo Dybala of Juventus reacts, Juventus v Sassuolo, Serie A, Italian Serie A, Juventus Stadium, Turin, October 27, 2021
Massimiliano Allegri, qui accuse déjà un retard de points sur ses prédécesseurs (Sarri/Pirlo) au même stade de la saison, ne peut esquiver les critiques. "On doit juste avoir honte d'avoir quinze points au classement, s'emportait-il samedi. On doit juste se taire et travailler, c'est l'unique médicament en ce moment. On est désormais une équipe de deuxième partie de tableau."
Au-delà des résultats en berne, c'est notamment le contenu des matches qui inquiète tifosi et observateurs. Certes, l'ancien entraîneur de l'AC Milan n'est pas vraiment réputé pour faire pratiquer un jeu flamboyant à ses équipes. Mais il y a probablement une limite à tout. Du rôle de conservateur invétéré, Max Allegri doit aujourd'hui assumer celui du constructeur, lui qui a hérité d'un groupe totalement différent de celui qu'il avait quitté. Plus jeune, plus fragile et sans repères. En 2014, lors de son arrivée sur le banc après le départ surprise d'Antonio Conte plein été, le Toscan pouvait alors jouir d'une équipe pleine de certitudes et qui venait de remporter trois titres consécutifs (2012, 2013, 2014). C'était un autre monde.

Un jeu "médiocre", une identité absente

Si Massimiliano Allegri n'est bien évidemment pas le coupable de tous les maux de la Juve, conséquence directe de bien des mauvais choix ces dernières années, la presse italienne lui reproche de ne pas avoir encore trouvé une identité de jeu à son équipe. Ou même du jeu tout court. "Il n'y a aucune idée et aucun fond de jeu. Perdu pour perdu, autant oser quelque chose non ? Il n'y a pas de projet, juste des individualités", écrivait La Gazzetta dello Sport la semaine passée. Comme si chaque match n'avait aucun lendemain. Sans trame, sans enseignements et sans avenir. Avant de construire, encore faut-il bâtir des fondations solides.
Avec un contrat à long terme (4 ans) et un salaire imposant (8,5 millions d'euros), Allegri est logiquement attendu au tournant. "Son effectif présente des lacunes évidentes et ses joueurs ont des responsabilités à prendre, mais la Juve peut mieux faire. Du jeu aux buts encaissés, d'une attaque qui ne marque pas à un manque d'équilibre, la deuxième Juve de Max Allegri est un chantier ouvert", estimait La Gazzetta dello Sport vendredi.
Massimiliano Allegri - Juventus-Empoli - Serie A 2021-2022
Avec le départ de Cristiano Ronaldo cet été, la Vieille Dame a perdu une trentaine de buts quasi assurés. Aujourd'hui, elle doit en trouver le chemin à travers une manœuvre travaillée et réfléchie. "Mais dans cette équipe, chacun joueur joue pour son compte", déplorait le quotidien transalpin. Avec 14 buts inscrits, les Bianconeri affichent leur troisième pire rendement depuis vingt ans. "C'est une équipe en pleine confusion, reconnaît de son côté Angelo Di Livio, ancien joueur de la Juve. Il manque un attaquant qui marque beaucoup. Puis, lorsque Giorgio Chiellini est absent, je vois une équipe totalement perdue, sans une identité précise et la moindre idée. Tout ça t'emmène justement vers cette grande confusion."
Inquiet de cette situation, Andrea Agnelli n'en garde pas moins sa "confiance" en son entraîneur. "Je crois en lui, comme je crois en nos joueurs et nos dirigeants (...) Nous devons aimer la Juventus, se battre pour elle et être prêts à souffrir. Nous devons toujours avoir pour objectif de gagner", a-t-il annoncé vendredi lors de l'assemblée générale de son club. Pour savoir si la soupe réchauffée est bonne ou non, il va donc falloir encore attendre un peu.
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