Newcastle - PSG (4-1) : Kylian Mbappé, c'est quoi le problème ?

Normalement, il est plutôt du genre à se démarquer. Pas cette fois. Kylian Mbappé a été à l'image de son équipe mercredi face à Newcastle (4-1) : totalement dépassé et incapable de se révolter. L'attaquant du PSG a été transparent comme rarement sur une scène européenne qu'il affectionne habituellement. Déjà muet samedi dernier face à Clermont (0-0), il a ainsi enchaîné un deuxième match sans marquer. Et subi les moqueries sur les réseaux sociaux. Notamment de l'autre côté de la Manche, où le hashtag #Mbedbug, en référence à l'invasion des punaises de lit en France, est apparu parmi les tendances les plus fortes après la rencontre.

Rennes, prochain adversaire du champion de France, a d'autant plus de raisons de se méfier de lui. Mbappé est adepte des rebonds fracassants. A moins que le mal ne soit plus profond. L'hypothèse existe même si le constat est à relativiser. L'international français signe un début de saison dans ses standards, exceptionnels, sur le plan comptable avec 8 buts en 8 matches toutes compétitions confondues. Trois matches consécutifs sans marquer, en comptant celui de Marseille où il est sorti sur blessure après une grosse demi-heure de jeu, cela ressemble toujours à une éternité pour un joueur habitué à affoler les compteurs.

L'inquiétude peut paraître excessive. Mais son absence d'impact face à Newcastle, illustrée par ses statistiques faméliques, interpelle malgré tout. Car les chiffres traduisent une impression visuelle assez nette, tant elle est rare avec Mbappé. Le Bondynois n'a quasiment pas fait de différence, il n'a jamais semblé inspirer la peur à une défense de Newcastle qui l'a maîtrisé sans problème, et il est invariablement resté d'une neutralité assez déconcertante compte tenu du scénario du match. Comme si l'attaquant du PSG n'était pas lui-même.

Certaines circonstances sont de nature à expliquer le phénomène. A commencer par le paramètre physique. Mbappé ne semble pas en pleine possession de ses moyens depuis cette blessure à une cheville qui l'avait contraint à céder sa place en première période contre l'OM. Depuis, il n'a plus la même faculté à dominer ses adversaires à la course et sa première touche de balle est moins précise. Cette impression très nette face à Newcastle était déjà latente contre Clermont. Ce sont des signes récurrents quand un joueur est en difficulté physiquement et Mbappé, si exceptionnel soit-il, n'échappe pas à cette règle.

Mais le paramètre tactique n'est pas à négliger pour autant. L'attaquant du PSG n'a pas le même rendement depuis que Luis Enrique a troqué son 4-3-3 pour un 4-2-4 lors du match face à l'OM, un système que l'entraîneur parisien a maintenu depuis et qui explique en partie comment Paris a volé en éclat à St. James' Park. Mbappé semble non seulement avoir du mal à se situer dans la ligne des quatre attaquants parisiens, entre l'aile gauche et l'axe, mais il souffre aussi du manque de consistance du PSG dans l'entrejeu dans cette configuration. La récupération parisienne est moins haute et les ballons arrivent plus difficilement vers l'attaque.

Ce problème était prévisible. Paris a révolutionné son effectif et son style de jeu cet été, et cela a entraîné la perte de ses éléments les plus créatifs avec les départs de Lionel Messi, Neymar et Marco Verratti. L'Argentin, le Brésilien et l'Italien était trois des pourvoyeurs de ballon privilégiés par Mbappé. Sans eux, le Français n'est pas aussi bien servi. Cela appelle une évolution, tant dans les circuits de passe du PSG que dans son propre jeu. Et si cela ne l'avait pas empêché de conserver son efficacité sur les cinq premiers matches de la saison, ce changement et les conséquences qui en découlent pourraient bien l'avoir rattrapé dernièrement.

Cela ne justifie pas tout pour autant. Face à Newcastle, Mbappé n'a pas dégagé le leadership attendu par le PSG de manière général, et dans le cadre de son changement de projet estival en particulier. Il a parfois donné l'impression de lâcher prise immédiatement sur ses pertes de balle. Il n'a pas vraiment tenté de remotiver les troupes dans la tempête de St. James' Park. Au-delà de son statut de leader technique, il n'a pas su tenir non plus celui de meneur d'hommes à Newcastle. Cette attitude presque résignée, c'était peut-être le problème le plus troublant sur sa performance en Angleterre.

Il peut cependant être lié au physique et à la tactique. Mais aussi aux conséquences d'un été particulièrement mouvementé. En conflit avec le PSG, mis à l'écart de l'équipe première avant d'être réintégré, Mbappé est loin d'avoir préparé cette saison de manière idéale. Les choses sont rentrées dans l'ordre dans le courant du mois d'août, mais cet épisode pourrait bien avoir laissé des traces qui commencent à être visibles en ce début d'automne. Seul l'avenir le dira. Et avec Mbappé, il n'est jamais facile à prévoir.