Ligue des champions | Avant Arsenal - Monaco | Comment faire échec à Arsenal
Monaco, qui se rend à Arsenal ce mercredi en Ligue des champions, va avoir un défi à relever : ne pas subir l'arme fatale des Gunners. Depuis des saisons maintenant et grâce notamment au travail d'un Français - Nicolas Jover -, les Londoniens martyrisent la Premier League sur corners. Un vrai casse-tête qui passionne le Royaume.
Chelsea est-il désormais candidat au titre ?
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Un peu plus de six corners sur cent mènent à un but quand c'est Arsenal qui les tire. Ce n'est pas peu. Ce n'est pas beaucoup. C'est énorme.
C'est plus du double de la moyenne de la Premier League prise dans son ensemble. Ce weekend encore, c'est sur un corner que les Gunners sont allés chercher l'égalisation à Fulham. Quelques jours plus tôt, face à Manchester United, c'est sur leur phase de jeu favorite que, par deux fois, André Onana avait dû s'incliner. Leur cible habituelle, Gabriel, était pourtant absente de l'un comme de l'autre match. Pas grave. Jurrien Timber et William Saliba étaient là pour conclure. Les Gunners en sont aujourd'hui à 23 buts inscrits sur corner depuis le début de la saison 2023-24 (*).
Le casse-tête pour les adversaires d'Arsenal, qui savent pertinemment à quelle sauce ils vont être mangés, est qu'Arsenal n'a pas de recette magique, de "corner-type". Il est donc impossible à ces adversaires de formuler un antidote qui s'avèrerait une panacée. Car si les principes demeurent les mêmes, l'exécution, elle, diffère de match en match, et même de corner en corner au cours de la même rencontre.
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Arsenal's Spanish manager Mikel Arteta celebrates with Arsenal's Brazilian defender #06 Gabriel Magalhaes during the UEFA Champions League football match between Arsenal and Paris Saint-Germain (PSG) at the Emirates Stadium in north London on October 1, 2
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Les recettes connues mais… impossibles à déchiffrer
Certains fondamentaux ne changent pas. Gabriel Martinelli, Martin Ødegaard et Léandro Trossard ont aussi été mis à contribution dans le passé, mais cette saison, c'est Bukayo Saka qui se charge des corners tirés de la droite et Declan Rice qui officie du côté opposé, avec la même consigne : délivrer une frappe brossée rentrante (*) dans la "boîte", autrement dit dans les six mètres, avec le maximum de vélocité. Tous les deux sont passés maîtres dans cet exercice.
Les cibles et les mouvements sont pré-déterminés. Mikel Arteta s'assied et laisse son adjoint français Nicolas Jover, l'analyste vidéo de Montpellier lors de la saison du titre de 2010-11, donner ses instructions depuis la zone technique. Le frappeur lève un bras pour indiquer si le ballon sera expédié au premier ou au second poteau, en fonction d'un code pré-établi mais changeant, à la manière de ce que font un quarterback en football américain avant un play ou un talonneur de rugby sur une touche.
Le premier objectif est de bloquer le gardien. Tout le monde le sait; mais personne n'y peut rien, semble-t-il. L'an dernier, Ben White avait pour mission de servir de garde du corps du portier adverse, mais cette ficelle était - pardon de l'à peu près - cousue de fil blanc. Adversaires et analystes n'ont pas manqué de la relever, et les arbitres de Premier League, responsables de la VAR compris, ont reçu ordre de sanctionner ce type d'obstruction quand ils fermaient les yeux sur elle autrefois. Jover et Arteta ont donc affiné leur approche. Les "bloquages" sont plus subtils; et encore plus meurtriers.
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Mikel Arteta and Nicolas Jover
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Un casse-tête qui tracasse tout le Royaume
A l'instant 'T', les joueurs chargés de créer le chaos dans les six mètres adverses (ils sont trois ou quatre dans le cas d'Arsenal) se lancent à l'assaut depuis une position plus reculée, généralement au second poteau, histoire d'ajouter à la confusion. Pendant que ceux-là attaquent la zone dangereuse, d'autres - deux ou trois - servent de leurre. Gabriel - 15 buts pour les Gunners depuis la saison 2021-22 (*) - se charge généralement du reste.
Tout ceci n'a évidemment échappé à personne, à tout le moins en Angleterre, où "comment stopper un corner d'Arsenal ?" est devenu un sujet de conversation à la mode. Cela se comprend : la PL est le championnat dans lequel on tire davantage de corners que dans quelque autre : 11,1 par match cette saison, contre 9.6 à la Bundesliga, 9.4 à la Liga, 9.3 à la L1 et 9.2 à la serie A.
Didier Drogba voudrait voir un défenseur positionné à dix mètres du poteau de corner, dont l'unique tâche serait de sauter pour empêcher le ballon d'aller plus loin. Certains préconisent une défense de zone. D'autres sont en faveur d'un marquage individuel, et même d'un double marquage individuel dans le cas du terrifiant Gabriel. Diffèrent-ils tant que cela dans leurs opinions ? Moins qu'on le croirait. À ce niveau de jeu, tous les systèmes adoptés sont hybrides. La "zone" intégrale, cela n'existe pas, pas plus que l'"individuelle" à 100%. Il s'agit plus de déterminer combien de défenseurs auront pour tâche de contrôler un espace plutôt qu'un adversaire, et inversement. Les rivaux d'Arsenal ont tout tenté dans ce domaine. Aucun n'a trouvé de réponse aux questions que les Gunners ne cessent de reformuler.
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Ben White
Crédit: AFP
Liverpool, la kryptonite des Gunners
Certaines des "solutions" proposées sont plus imaginatives. Les adversaires d'Arsenal sont à ce point conscients du danger que présentent ces corners qu'ils font se replier leurs dix joueurs de champ dans la surface ou dans sa proximité immédiate. Mais pourquoi ne pas laisser un ou deux attaquants sur la ligne médiane et forcer ainsi les Gunners à se prémunir d'un contre en laissant deux ou trois de leurs propres joueurs couvrir cette menace ? L'idée est séduisante, mais non sans danger. En tout cas, personne ne s'y est encore risqué pour le moment.
Une chose sur laquelle tous s'accordent est qu'il est indispensable de faire jeu égal avec Arsenal en termes d'agressivité pour avoir la moindre chance de se tirer indemne du combat corps-à-corps qu'ils imposent sur les coups de pied arrêtés. L'Inter le fit lors d'un récent match de Ligue des champions au cours duquel les Italiens survécurent à un barrage de pas moins de treize corners. Le hic demeure que, sur le plan physique, le temps des Baby Gunners dont se moquait Patrice Evra est révolu. Quelle est la seule équipe de Premier League dont six des titulaires habituels sont d'une taille plus élevée que leur gardien ? Vous l'avez deviné.
Il y a bien un club de Premier League - un seul - qui n'aie pas encaissé de but sur un corner des Gunners depuis que Nicolas Jover intégra le staff de Mikel Arteta, juste avant le coup d'envoi de la saison 2021-22. Ce club est Liverpool. Auraient-ils un secret ? Oui.
Ce secret, c'est la prévention; car Liverpool est aussi l'équipe qui concède le moins de corners en championnat d'Angleterre - moins de trois par match en moyenne dans leurs face-à-face avec Arsenal, alors que la moyenne est de cinq et demi pour les autres équipes de PL. Même avec un gardien aussi proactif qu'Alisson et des joueurs de tête aussi efficaces que Konaté et van Dijk, ceci explique peut-être cela. Monaco est prévenu.
(*) 49 depuis le début de la saison 2021-22.
(*) A titre de comparaison, le défenseur central de Premier League le plus prolifique après Gabriel pendant cette période a été Virgil van Dijk, avec neuf buts.
(*) Seulement 4% des corners d'Arsenal cette saison ont été des corners en deux temps ou sortants.
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