Ligue des champions I Finale PSG - Inter (5-0) I Simone Inzaghi a-t-il plombé la finale de l'Inter ?
L'Inter ne digère pas la pilule. Battus et humiliés par le PSG (5-0) le 31 mai dernier en finale de la Ligue des champions, les Nerazzurri ont appris quelques semaines plus tard que Simone Inzaghi, leur désormais ex-entraîneur, avait déjà un accord avec son nouveau club d'Al-Hilal au moment de la débâcle de Munich. De quoi faire naître des doutes autour de la préparation du match.
"Grande déception, grande amertume, mais grande fierté" : Inzaghi beau joueur
Video credit: Eurosport
Certains ont eu du mal à en dormir. D'autres ont même eu du mal à en parler. "Pendant 5-6 jours, je n'ai rien dit", a reconnu Lautaro Martinez, lui qui "ne s'explique pas" comment une telle chose "a pu arriver" devant "une opportunité aussi grande". "C'est encore dans toutes les têtes", a avoué Cristian Chivu. À son arrivée sur le banc de l'Inter Milan début juin, en remplacement du partant Simone Inzaghi, l'ancien défenseur a découvert un champ de ruines. Face à lui, des joueurs encore assommés, sonnés, traumatisés par une soirée bavaroise qui a mal tourné le 31 mai dernier. Elle devait les emmener aux portes du paradis. Elle les a finalement conduits tout droit en enfer, et sans passer par l'entrée. La faute à un bourreau dont le nom résonne encore dans toutes les têtes : le Paris Saint-Germain.
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Sans pitié aucune, Désiré Doué et ses partenaires ont infligé, lors de la dernière finale de la Ligue des champions, un score historique aux Nerazzurri : 5-0. Du jamais-vu dans l'histoire des coupes européennes. Une débâcle totalement incompréhensible et inattendue. Si la défaite peut et doit toujours s’accepter, personne ne comprend, à l'Inter, les proportions de celle-ci. On parle quand même de l'un des plus grands rendez-vous footballistiques de l'année, si ce n'est le plus grand et le plus suivi. Y arriver est toujours un parcours du combattant, match après match, surtout dans cette nouvelle formule, où la bande à Simone Inzaghi avait notamment survécu au Bayern Munich en quart de finale, puis au Barça dans une demi-finale légendaire, pour atteindre sa deuxième finale en trois ans. Autant vous dire qu'à Milan, personne ne pensait la perdre. Encore moins de cette façon.
"On parle de la finale de la Ligue des champions, on mérite notre place. On a fait un gros parcours depuis le début. Il nous reste un dernier pas avant de décrocher ce trophée", expliquait Simone Inzaghi en conférence de presse d'avant-match, loin de s'imaginer ce qui l'attendait en mondovision le lendemain à l'Allianz Arena. "Je crois que nous nous sommes améliorés, on a grandi ensemble. On a affronté des adversaires hors pair, on a mis fin à des records d'équipes invaincues à domicile (le Bayern n'avait plus perdu dans son stade en Ligue des champions depuis avril 2021). On a montré que l'on mérite le respect", estimait de son côté l'attaquant argentin et capitaine, Lautaro Martinez. Vingt-quatre heures plus tard, ils tomberont de mille étages. Ou plutôt cinq.
Une préparation et des doutes
Depuis cette soirée maudite, vingt et un jours se sont écoulés et tout s'est à peu près passé au sein du club lombard. Pendant que les supporters des rivaux historiques de l'Inter (AC Milan, Juventus...), eux, continuent de se moquer et de tirer sur l'ambulance bleue et noire, Simone Inzaghi a, notamment, décidé de faire ses valises dans la foulée de la finale. Précisément trois jours plus tard. Après un rendez-vous entre l'entraîneur et ses dirigeants dans le centre de Milan, son départ était officialisé et une histoire de quatre ans venait de s'arrêter. Pour lui, direction l'Arabie Saoudite et Al-Hilal, où on lui a promis un salaire de 25 millions d'euros par an. Tout s'est donc enchaîné très vite. La finale, la rupture, le nouveau départ. C'est à partir de là que les doutes ont commencé à naître du côté du club milanais. Depuis quand Inzaghi négociait-il avec Al-Hilal ? Était-il totalement focalisé sur la préparation de cette grande finale, ultime moyen de sauver une saison où le triplé a longtemps été envisagé avant de partir en fumée ?
"Cela serait de la folie de parler de quelque chose qui n'existe pas vu ce qui nous attend samedi, balayait-il au moment de répondre à une question d'un journaliste sur son avenir avant la finale. Peut-être que vous me connaissez moins bien, mais mon club, heureusement, me connaît bien. Chaque année, c'est la même chose, il y a des demandes de clubs italiens, étrangers, saoudiens (...) On s'assoira avec les dirigeants, on discutera comme on le fait chaque année avec pour seul objectif de penser à ce qui est le mieux pour l'Inter. S'il y a tous les éléments et les conditions préalables, nous avancerons comme nous l'avons toujours fait en harmonie ces dernières années. Je suis sous contrat avec l'Inter, je suis très bien."
Mais au moment de cette déclaration, son choix était probablement déjà fait : il voulait partir et avait déjà accepté le pont d'or saoudien. Ce qu'a confirmé un dirigeant d'Al-Hilal : "L'arrivée d'Inzaghi a pu paraître soudaine, mais elle était le fruit d'un travail acharné. Tout était déjà convenu, mais Simone nous a demandé d'attendre la finale de la Ligue des champions avant de signer quoi que ce soit. Nous avons respecté cette décision."
Depuis cet aveu, l'Inter a laissé filtrer sa "colère" et sa "déception" dans la presse italienne. Comme si les dirigeants milanais se sentaient trahis, au point d'émettre de sérieux doutes sur la qualité de la préparation précédant la finale. Oubliez toutes thèses complotistes farfelues qui ont pu circuler ici et là depuis le 31 mai. Simplement, l'Inter se demande si son entraîneur n'avait pas un peu la tête ailleurs depuis quelque temps, car les discussions avec les intermédiaires saoudiens remontent certainement à plus loin. Avait-il prévenu ses joueurs de son départ ? A-t-il tenté d'en convaincre certains de le suivre, dont les tauliers Nicolo Barella et Alessandro Bastoni ? La Gazzetta dello Sport, le principal quotidien sportif italien, n'exclut rien.
Il faut dire que le quotidien aux pages roses s'est lancé dans une campagne pas vraiment favorable à Simone Inzaghi depuis son départ, n'hésitant pas à remettre en cause ses quatre années à la tête de l'Inter ainsi que son palmarès (champion d'Italie 2024, deux éditions de la Coupe d'Italie 2022 et 2023, trois éditions de la Supercoupe d'Italie 2021, 2002, 2023). "L'Inter a plus apporté à Inzaghi qu'inversement", pouvait-on lire le lendemain de la rupture. "Voilà comment il a trahi l'Inter", a-t-on pu entendre dans une émission foot diffusée sur la chaîne Telelombardia. Des critiques qui sont revenues jusqu'à l'intéressé, qui dispute actuellement la Coupe du monde des clubs avec sa nouvelle équipe.
Accusations injustes
"J'ai tout entendu sur moi, a-t-il rétorqué. Comme cela arrivait déjà quand j'étais à l'Inter. Si c'était le prix à payer pour ces quatre années à l'Inter, alors je le fais volontiers. Ce n'est rien par rapport à tout le bien que j'ai reçu de tout le monde autour du club. On m'a fait les accusations les plus injustes (...) Mais j'ai tout donné pour ce club, pour son bien. Mes dirigeants étaient aussi convaincus que la meilleure chose à faire était de se séparer." Pas vraiment, à vrai dire. Tout le monde aurait aimé poursuivre l'aventure, le président Giuseppe Marotta en tête. Ce dernier se doutait probablement que la possibilité de ce départ existait, mais il était persuadé qu'elle n'était pas actée. Résultat : il s'est rabattu sur une solution de repli sur le mercato des entraîneurs (Chivu, un novice) après l'échec de la piste principale menant à Cesc Fabregas.
"Cette histoire d'accord trouvé avec Al-Hilal avant la finale est triste, a déploré Roberto Boninsegna, ancien joueur du club. Ce n'est pas professionnel. Je trouve injuste qu'un entraîneur, avant un tel évènement, dispose déjà d'un contrat ailleurs. Ce n'est pas le meilleur moyen de se comporter envers un club aussi grand que l'Inter." "Un cycle s'est terminé, un autre s'est ouvert (...) Nous sommes reconnaissants envers Simone Inzaghi pour tout ce qu'il a fait. Mais l'histoire de l'Inter continue", a tempéré Marotta qui, en coulisses, ne cache toutefois pas son amertume sur les modalités d'un technicien dont il a toujours une grande estime personnelle et professionnelle.
Mais revenons à la manita de Munich. Car là est le mal de toute la suite. Si José Mourinho avait lui aussi bouclé ses valises après la finale de Ligue des champions remportée en 2010, le Portugais l'avait fait sur une victoire et un triplé, faisant oublier à tous les tifosi le timing de sa décision de rejoindre le Real Madrid. Inzaghi, lui, a perdu et mal perdu. Ce qui change la donne. S'il avait battu le PSG, il serait parti en seigneur et sous les applaudissements des foules. Là, après un 5-0, forcément... Avec un score plus faible et une prestation plus digne, les discussions autour de son départ et la préparation de cette finale n'auraient probablement pas pris une telle ampleur.
Mais difficile de penser, quand bien même ses joueurs savaient ou se doutaient du départ de leur entraîneur, qu'un rendez-vous comme celui-là ait été plombé par toutes les rumeurs précédant le coup d'envoi. Elles ont peut-être joué, c'est vrai, mais Lautaro Martinez et ses coéquipiers n'avaient plus de jambes depuis bien des semaines. Physiquement, physiologiquement, ils étaient à bout, eux qui sont arrivés au Mondial des clubs avec une soixantaine de matches derrière eux. Ils ont voulu jouer sur tous les tableaux. Ils ont fini complètement rincé, à l'image d'un Federico Dimarco méconnaissable depuis deux ou trois mois. Face à un PSG en pleine forme et au sommet de son art, l'addition a fini par arriver. Salée comme jamais.
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Denzel Dumfries après PSG-Inter - Finale de Champions League 2024-25
Crédit: Getty Images
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