Ligue des champions | Juventus - Manchester City | Dusan Vlahovic, un doute à 90 millions

Sur le papier, rien d'alarmant. 9 buts, 2 passes décisives pour un total de 17 matches : Dusan Vlahovic est dans les temps à la mi-saison. L'attaquant serbe, un temps comparé à un certain Zlatan Ibrahimovic, est même le meilleur buteur de la Juve. C'est dire. Voilà pour les faits. Pour ce qui est du contenu sur et en dehors du terrain, la matière est plus discutable pour celui qui a coûté aux alentours de 90 millions d'euros à la Vieille Dame en janvier 2022. Et qui est capable du meilleur comme du pire. D'un doublé merveilleux sur la pelouse de Leipzig (2-3) en Ligue des champions à des ratés improbables, parfois presque comiques. Au point que sur les réseaux sociaux, pas vraiment réputé pour leur clémence, des compilations de ses déboires circulent. Alors, quel est le vrai Vlahovic ?

"C'est un joueur qui travaille beaucoup, a assuré son entraîneur Thiago Motta après son retour de blessure. Il a même fait des entraînements supplémentaires pour être en forme." Sa discipline n'est donc pas remise en cause. Mais ses capacités techniques, elles, interrogent. "Le problème, c'est qu'il se retrouve souvent trop seul en attaque pour gérer les ballons. Et il est clair que le Serbe, qui est un bon finisseur, n'excelle en rien. Il sait tout faire mais n'excelle en rien. Si on le compare à des grands buteurs passés au club, il n'a ni la force de Vialli, ni les mouvements de Tevez", a récemment regretté Domenico Marocchino, ancien joueur du club. Ce qui n'est pas vraiment l'avis de tous.

Vincenzo Italiano, désormais entraîneur de Bologne mais qui a bien connu le Vlahovic version Fiorentina avec ses 49 buts en 108 matches, s'est souvenu d'un joueur hors du commun. "Pendant mes six mois avec lui, j'ai vraiment connu un fuoriclasse. Nous parlons d'un garçon avec une grande faim qui lui a permis de beaucoup marquer avant mon arrivée", s'est-il remémoré en conférence de presse avant ses retrouvailles lors de Juve-Bologne (2-2) samedi dernier.

Selon certains observateurs, Vlahovic, qui n’a plus marqué depuis début novembre à Lille, n'est pas vraiment mis à son aise dans le contexte tactique et collectif de la Vieille Dame. D'abord sous la houlette de Massimiliano Allegri, pas vraiment réputé pour son jeu flamboyant. En deux saisons complètes (2022-2023, 2023-2024), il n'a inscrit "que" 32 buts toutes compétitions confondues. Soit presque autant que lors de l'exercice 2021-2022, celui de la consécration avec ses 29 buts entre Fiorentina et Juve. Puis depuis l'arrivée de Thiago Motta, pourtant connu pour son jeu proactif et ses idées modernes, rien ne s'est vraiment arrangé. Pour sa défense, toutefois, rappelons que la Vieille Dame est branchée sur courant alternatif cette saison (9 nuls, 6 victoires en championnat) et qu'elle n'est plus vraiment celle de la grande époque. 

"Il a eu également beaucoup de problèmes physiques ces dernières années, a souligné l'ancien milieu de terrain de la Juve Claudio Marchisio, désormais consultant pour DAZN. La Juve a besoin de lui, aussi, car sa doublure Arkadiusz Milik est blessé depuis le début de saison. Et il n'y a aucun autre buteur. Au-delà des choses qui se disent sur le jeu de la Juve, ne pas avoir de buteur fait la différence. Cette équipe a besoin d'avoir un joueur comme lui." 

Entre Vlahovic et Motta, il y a même eu quelques tensions sur la ligne ces dernières semaines. La faute à une déclaration de l'attaquant, alors en rassemblement avec la Serbie et qui avait indirectement critiqué le système tactique de son entraîneur. "C'est plus simple de jouer avec un autre attaquant, comme je le fais ici (en sélection) avec Mitrovic, lâchait-il. Il s'engage dans beaucoup de duels, se propose en pivot et m'ouvre des espaces : je peux exploiter au mieux mes caractéristiques, aussi car le sélectionneur me libère des devoirs défensifs. C'est positif pour un joueur avec ma structure physique : quand je presse et suis les adversaires, je risque d’être fatigué et moins lucide devant le but." Ambiance.

"J'ai confiance en tous mes joueurs, lui avait répondu Motta qui attend de son joueur, comme son prédécesseur, un travail sans ballon plus fourni. Ils savent ce qu'on doit faire et je sais qu'ils le feront, en phase défensive comme offensif. Nous sommes tous 'ok' là-dessus : c'est une obligation pas une option. Ici, on court tous, on attaque et on défend ensemble. J'ai confiance en tout le monde, Dusan compris."

Au sein du club, on assure maintenir une confiance intacte en l'attaquant serbe, seulement âgé de 24 ans et dont les performances n'inquiètent personne. Du moins pas au point de remettre en cause son potentiel. Le problème, c'est qu'elles ne sont pas vraiment en adéquation avec son salaire, estimé à 10,5 millions d'euros et bien loin de la nouvelle politique entamée par le club.

"En tout et pour tout, le contrat de Vlahovic pèse 35 millions d'euros bruts pour la Juve, rapportait La Gazzetta dello Sport en novembre. L'accord prévoit, en plus, des primes de fidélité pour les deux dernières années." Dans ce sens, des négociations ont lieu en coulisses entre les parties pour prolonger le bail actuel, qui court jusqu'en 2026. Avec l'espoir, pour le directeur sportif Cristiano Giuntoli, de baisser les dépenses ou, au moins, les étaler dans le temps. Mais aucun accord n'a été trouvé. Pour l'instant. "Quelque chose s'est cassé", concluait le quotidien lombard, qui n'excluait pas une possible vente l'été prochain si le statu quo demeure d'ici là.