Avec le Juventus Stadium, les Bianconeri ont enfin trouvé leur maison

Antre de la demie retour et de la finale de C3, le Juventus Stadium est l'enceinte qu'il fallait à la Vieille Dame, club longtemps privé d'un stade à sa mesure.

Juventus Stadium lors de la saison 2013/2014

Crédit: AFP

"Je n'ai jamais vu un supporter marquer un but." Cette phrase est signée Gigi Buffon avant le 8e aller de Champions League au Celtic Park contre le Celtic Glasgow la saison passée. Elle divise surement les tifosi bianconeri qui tablent énormément sur le facteur J-Stadium pour faire la différence lors de cette demi-finale retour d'Europa League contre le Benfica, jeudi soir. Ils ont vu comment, à l'aller, les supporters adverses avaient poussé le club portugais, aidés par la magie d'un Estadio da Luz imprenable depuis plus d'un an et demi, toutes compétitions confondues. Un public chaud bouillant pour déstabiliser l'équipe adverse, voilà une nouveauté dans l'histoire de la Vecchia Signora. En Italie, les références en la matière sont plutôt le Napoli, la Roma et les clubs milanais à moindre mesure. Mais surement pas la Juve, club décrit comme "froid" sous cet aspect pour ne pas dire cynique.
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Juventus Stadium, Juventus, Turin

Crédit: AFP

Si le vieux Comunale (utilisé de 1934 à 1990) était une enceinte chaleureuse d'une époque révolue, les Juventini se sont ensuite coltinés l'horrible Delle Alpi pendant plus d'une décennie (jusqu'en 2006). Un stade construit pour le Mondiale 90 et rasé à peine seize ans plus tard pour y édifier le J-Stadium… probablement du jamais vu ! Et un joli exemple de gaspillage d'argent public. Enfin, pas de regret puisque il battait des records négatifs de taux de remplissage. Souvenez-vous des froides soirées d'hiver lorsque la Juve recevait des cadors européens ou italiens dans un stade à peine rempli de moitié et des spectateurs séparés du terrain par une piste d'athlétisme rarement utilisée (vous avez déjà entendu parler du meeting de Turin, vous ?). Morose voire sinistre et en tout cas indigne du prestige de la Vieille Dame.
Réduire la capacité pour mieux le remplir
C'est tout le paradoxe de ce club supporté par 14 millions d'italiens, soit presque autant que ceux du Milan et de l'Inter réunis, et qui peinait à remplir une fois dans l’année un stade de 70 000 places. Une énigme jamais vraiment résolue par ailleurs. D'aucuns en profiteront pour sortir le classique " Torino è granata" sous-entendant que la ville de Turin est composée en majorité de supporters du Torino. Mais on a du mal à croire qu'il n'y ait pas au moins 70 000 fidèles juventini dans la capitale piémontaise. Statistiquement très improbable. Cependant, pour éviter de prendre des risques, la nouvelle enceinte a été construite pour 41 000 personnes, d'où la pancarte "sold out" affichée à pratiquement chaque rencontre. La désaffection progressive des stades italiens contraignant les dirigeants transalpins à réduire leur capacité quand ils veulent en bâtir de nouveaux.
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Le Stadio delle Alpi en 2002

Crédit: Panoramic

Cela dit, réussir à obtenir l'organisation d'une finale de compétition UEFA moins de trois ans après son inauguration reste un petit exploit en soi et est un gage de la qualité des infrastructures. Un ovni dans le panorama italien qui offre des stades quasi centenaires ou tout juste restructurés. La Juve a pris les devants lorsqu'elle pansait encore ses plaies suite à la relégation administrative de Calciopoli, comme pour rappeler qu'elle restait malgré tout le club à l'avant-garde du football italien et son éternelle locomotive. Celui qui programme le mieux son avenir sur le long terme. Elle est donc propriétaire du J-Stadium et ses entrées d'argent ont explosé, accentuant un peu plus l'écart économique avec les autres cadors de la Botte.
Une forteresse imprenable qui transpire la Juve
Mais surtout, les supporters de la Juve se sentent enfin chez eux, et tous ceux qui y sont allés vous le certifieront. Ce peuple itinérant par excellence et venant des quatre coins d'Italie peut enfin vivre une véritable communion avec ses joueurs et son entraineur dans une atmosphère envoûtante qui respire la juventinità à plein nez. L’hymne entonné avant chaque rencontre est un formidable antipasto. Seul bémol, on n'y sent pas le poids de l'histoire comme quand on rentre dans un San Siro par exemple. C’est le syndrome de la "peinture fraiche" mais il y a tout le temps à disposition pour y remédier. Et ce n’est pas fini, les dirigeants turinois ont acheté les terrains adjacents (appelés Area Continassa) pour y construire un nouveau centre d’entrainement et un nouveau siège qui s’ajouteront au splendide musée déjà présent. Un vrai petit nid douillet pour la grande famille blanche et noire, le tout à Turin intramuros.
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Carlos Tevez fête son but lors du match aller

Crédit: EFE

Après un déménagement temporaire de quelques années à l'Olimpico (le stade où évolue désormais seul le Torino), c'est donc en septembre 2011 que l'Italie tout entière découvre le Juventus Stadium. Cette date coïncide avec les débuts d'Antonio Conte sur le banc. Timing parfait pour voir s'associer un entraineur qui a la Juve dans le sang et des supporters assoiffés de victoires après des années de disette. Le contexte idéal pour faire de cet antre une forteresse imprenable et les chiffres parlent d’eux-mêmes : 55 victoires, 14 nuls et 3 défaites sur un total de 72 rencontres (155 buts marqués et seulement 46 encaissés). Les trois équipes venues s'imposer sont l'Inter, la Sampdoria et le Bayern, toutes l'an passé. Cette saison, c’est un sans-faute en championnat avec 17 victoires sur 17 et la possibilité de faire un en-plein interne jamais réalisé dans l’histoire de la Serie A en battant l'Atalanta et Cagliari d'ici la deux semaines.
Attention à l’excès de confiance
Des statistiques qui permettent d'être plutôt confiant avant cette demi-finale retour d'Europa League malgré la maxime de Gigi Buffon. Attention à ne pas être un peu trop confiant même. Avec l'enthousiasme d'un troisième scudetto consécutif qui arrive à grand pas, l’environnement bianconero donne l’impression de compter un peu trop sur son fort. Invulnérable en Serie A certes, mais où pas moins de 3 des 6 adversaires européens accueillis cette saison ont obtenu au moins le match nul (Real, Galatasaray et Fiorentina), résultat qui éliminerait les Bianconeri. Ça se passera d'abord sur le terrain, dans les pieds et dans la tête des joueurs. C'est à double tranchant, l'occasion (probablement unique) de disputer une finale de Coupe d'Europe à domicile sera une source de motivation mais également une pression supplémentaire surtout après le revers du match aller. Et ça ferait franchement mauvais genre d'échouer si près du but.
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