Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Blessures, enchaînement, fatigue : l'Atlético est sur les rotules (mais il aime ça)

Alexandre Coiquil

Mis à jour 03/05/2018 à 20:52 GMT+2

LIGUE EUROPA - Meurtri par les blessures et les départs, l'effectif de l'Atlético de Madrid a donné de lourds maux de tête à Diego Simeone cette saison. Usés et fatigués par les matches à répétition et l'exigence imparable de leur technicien, les Madrilènes reçoivent Arsenal avec les batteries presque vidées mais avec un énorme coeur pour aller au combat. Du pur Atlético version Simeone.

Diego Simeone

Crédit: Getty Images

L'Atlético de Madrid souffle et souffre en silence. A nouveau embarqué dans une saison à rallonge sur tous les plans, le club madrilène va tenter de se qualifier pour sa cinquième finale européenne de la décennie après 2010, 2012 (Ligue Europa), 2014 et 2016 (Ligue des champions), la quatrième sous l'increvable Diego Simeone. Sorti en Ligue des champions et reversé en C3, après être tombé dans le groupe de la mort avec Chelsea, l'AS Roma et le modeste Qarabağ, le club espagnol a trébuché à un stade de la compétition inhabituel pour lui.
Bouée de secours parfaite, la Ligue Europa va peut-être en partie sauver la saison de ces Colchoneros usés et limités en nombre depuis la période janvier-février. La saison 2017/2018 de l'Atlético est un complexe à elle toute seule, car le club madrilène fonctionne avec sa réserve d'essence en ce printemps. Continuer à être performant et compétitif dans de telles circonstances, c'est peut-être le plus grand exploit de Diego Simeone depuis son arrivée en décembre 2011. A ce jour, dix joueurs de son effectif - dont Antoine Griezmann (45 rencontres) - ont dépassé les 40 matches cette saison. La plupart des cadres - Jan Oblak, Diego Godin, Filipe Luis et Diego Costa - sont eux passés par la case infirmerie cette saison. C'est dire si le 1-1 obtenu en fin de rencontre sur la pelouse de l'Emirates a été vécu comme une libération par l'ancien milieu de terrain.
J'ai un effectif court en nombre, mais compétitif
C'est un fait, l'Atlético, censé être programmé par le staff de Diego Simeone et son préparateur physique aux méthodes radicales, l'Uruguayen Oscar "el Profe" Ortega, pour être au top du top en avril, puise dans ses ressources depuis un gros mois. Il y a plusieurs explications à cela. Il a déjà vécu son momentum de la saison entre mi-janvier et mars. Plus tôt que prévu, donc. Puis il y a eu les problèmes physiques. Au fur et à mesure des matches, malgré une forme qui est montée crescendo, le moment de compter ses troupes est rapidement revenu au visage de Diego Simeone, qui a jonglé toute la saison. Jamais il n'avait vécu une telle moisson de blessures étalée d'août à mai.
picture

Filipe Luis (Atlético Madrid) blessé contre Chelsea le 27 septembre 2017 en Ligue des champions

Crédit: Getty Images

Le point de presque non-retour n'a été atteint qu'une seule fois fin mars pour la réception du Deportivo La Corogne fin mars, juste après la trêve internationale. Mystère du football, c'est la défense, pourtant le secteur le plus fourni en qualité et en quantité qui a été décimée ce jour-là (Filipe Luis, Juanfran, Giménez et Šime Vrsaljko absents). Pour affronter le Depor, Simeone, n'avait que onze joueurs de champ de l'équipe première à sa disposition. L'occasion parfaite d'intégrer certains jeunes prometteurs de l'équipe B, puis de se rendre compte qu'ils ont du potentiel (le latéral Carlos Issac notamment), mais sont à des années-lumière de répondre aux exigences quotidiennes que demande son staff.
Jouer, c'est amusant, mais pour défendre, il faut avoir des couilles
"J'ai un effectif court en nombre, mais compétitif. Personne ne peut anticiper les contretemps. Il est clair et net que personne ne souhaite une équipe avec autant de blessures où il faut toujours trouver des parades aux problèmes", expliquait Simeone il y a quinze jours. "Cela ne me préoccupe pas (...) On va batailler avec ceux à disposition. On ne peut vraiment rien prévoir. On peut avoir un effectif de 25 joueurs et en avoir six qui se blessent." Bref, Simeone ou l'art de la débrouille perpétuelle. Il était même allé jusqu'à répéter un scénario à 10 contre 11 face à Arsenal la veille de la rencontre. Un mise en scène prophétique. En d'autres temps, on aurait collé la pancarte de sorcier à l'ancien international argentin.
Combat, placement optimal, engagement, intensité, l'Atlético a donc récité son football d'équipe imperméable pour faire le dos rond face à des Gunners maladroits à l'aller. Défendre, c'est un art diront certains. Pour Simeone, c'est la chose la plus difficile à faire dans le football surtout que l'Atlético 17/18 n'est pas le plus équilibré. "Ces joueurs sont des héros. Ils ont tenu pendant 90 minutes, après toute cette saison et malgré le manque d'effectif. Il a fallu survivre en Ligue Europa. On ne voit pas ça souvent de tenir comme ça. Vous n’avez pas idée de la difficulté que représente le fait de défendre", a précisé de manière très élogieuse le technicien madrilène après la rencontre. "Le football est un jeu et jouer est la partie la plus sympa. Ça me donne la chair de poule de penser au match retour. Cette défense fantastique restera dans l'histoire de l'Atlético. Jouer, c'est amusant, mais pour défendre, il faut avoir des couilles."

Des Colchoneros sans matelas de sécurité

Si la moindre blessure est un gros tracas dans un effectif taillé pour gagner une coupe d'Europe, c'est aussi la conséquence d'un mercato hivernal agité. Un mois de janvier rude humainement parlant. Si Diego Costa et Vitolo sont arrivés, il a fallu laisser partir quelques soldats. Miguel Angel Moya a été laissé libre à la Real Sociedad, Luciano Vietto est parti en prêt à Valence au grand dam de Diego Simeone, Augusto Fernandez, mal remis d'une blessure au genou, a été transféré en Chine. La Chine justement, un endroit clé du dernier mercato hivernal des Matelassiers. En février, Yannick Carrasco et Nicolas Gaitan sont partis chez le promu Dalian Yifang Football Club. Des ventes à priori économiques, même si Marca évoquait des soucis récurrents entre le groupe madrilène et le Belge, moins concerné que par le passé.
Sur les 45 millions d'euros déboursés pour avoir les deux hommes, l'Atlético, lâché par son actionnaire Wanda (qui a revendu 17% ses parts à un groupe israélien selon le site spécialisé Finance Sina) n'en a récupéré qu'entre 20 et 30 millions d'euros, la faute à un pourcentage touché par l'AS Monaco sur le prix de revente du Belge (25%). En difficulté en Chine, le groupe multicartes a voulu se replier sur le championnat local - la Chinese Super league - avec le projet de rachat à venir du Dalian Yifang Football Club (impossible à effectuer en 2018) - qu'il avait quitté il y a dix-huit ans. Derrière la drôle saison de l'Atlético se cache aussi les affres de sa réalité économique du moment. Pour Diego Simeone, qui a bataillé corps et âme pour pourvoir récupérer Diego Costa, il a fallu s'habituer à ce contexte très "Atlético", un club qu'il aime plus que tout. Les supporters, eux, constatent les dégâts et font savoir leur colère. Pourtant, l'objet de leur combat du moment c'est le nouvel écusson. Dur, dur d'être pour l'Atléti.
Diego Simeone
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité