Ligue Europa : L'OM est-il si malin ?

Et si les Marseillais avaient découvert une nouvelle facette de leur jeu ? Compétiteurs, volontaires et solidaires, les hommes de Rudi Garcia ont ajouté une nouvelle corde à leur arc : la malice. Dimanche soir, l'égalisation obtenue par Florian Thauvin au bout du temps additionnel face à Nantes (1-1) a suscité beaucoup de commentaires.

Les Nantais ont regretté le manque de fair-play de l'OM. Car Dimitri Payet n'a pas rendu le ballon aux Canaris après une touche volontairement concédée par le gardien nantais, Ciprian Tatarusanu. Se plaignant du genou, le portier du FCN s'était couché par terre après avoir sorti le ballon. "Je suis un joueur plutôt fair-play, explique Payet, visé par les critiques des Nantais. Mais faut pas pousser non plus... Lorsque je vois le défenseur et le gardien qui s'allongent par terre sans contact, il faut arrêter. Nous, on a joué ! On va dire qu'il y a une justice." Et son entraîneur d'en remettre une couche : "Ça devient grotesque, lance le coach de l'OM. Ils ont trop triché."

Exacerbés par les simulations nantaises, les Marseillais ont décidé d'oublier certaines règles de la bienséance footballistique. Au ballon non rendu, on peut aussi ajouter la faute (grossière) de Luiz Gustavo sur Nicolas Pallois. Le croc-en-jambe du milieu de terrain brésilien a empêché le défenseur nantais d'intervenir sur Thauvin lors de l'action décisive. Ces deux éléments montrent finalement toute la détermination des Marseillais à vouloir arracher un point.

"On était onze dans la surface adverse avec Steve Mandanda sur le corner pour égaliser, rappelle Garcia. On a poussé jusqu'au bout pour obtenir ce but." Thauvin retient aussi le côté positif de cette fin de rencontre particulière. "Cette égalisation dans les dernières minutes fait beaucoup de bien à tout le monde, note le sauveur de l'OM. On a montré que mentalement on était solide. Et que l'on ne lâcherait rien jusqu'à la fin." Aux yeux des adversaires de l'OM, les Marseillais ont aussi prouvé qu'ils pouvaient pousser le vice jusqu'à franchir la ligne jaune pour obtenir ce qu'il voulait...

Plus que de la malice, c'est certainement le métier qui rentre pour nombre de joueurs de l'OM. Car les Marseillais manquent encore d'éléments capables de maîtriser les rouages d'une rencontre. "En faisant venir Luiz Gustavo et Rami, on souhaitait vraiment ajouter une touche d'expérience dans cette formation, confie-t-on du côté de la Commanderie. Ils doivent nous apporter cette capacité à mieux gérer certains moments clés des matchs." Cette faculté à lire le jeu et le décoder, les tauliers de l'OM tentent de la transmettre aux plus jeunes de l'effectif. Vainqueur de la Ligue des champions en 2013 avec le Bayern Munich, Luiz Gustavo a connu le vestiaire d'une équipe "qui gagne". Tout comme Adil Rami avec le FC Séville, lauréat de la Ligue Europa en 2016 avec le FC Séville.

Pour aller très loin en Coupe d'Europe, l'OM devra s'appuyer sur les petits trucs des plus expérimentés de son groupe. En interne, Rudi Garcia confie qu'il apprécie le lien tissé entre les leaders de l'effectif et les jeunes pousses olympiennes. Outre Luiz Gustavo et Rami, Mandanda joue un rôle important auprès des joueurs qui découvrent le très haut niveau.

"Son retour de blessure a fait beaucoup de bien au vestiaire, confie l'un de ses coéquipiers. Il nous rassure. Et il nous donne aussi quelques conseils bien venus. Ce sont souvent ces détails qui font la différence." En plus des traditionnelles qualités requises pour franchir encore plusieurs tours de Coupe d'Europe, une meilleure gestion des événements doit pouvoir permettre à l'OM de remporter des batailles continentales qui s'annoncent serrées.

Ambitieux, l'OM compte bien franchir l'obstacle des 8e de finale de la Ligue Europa. L'Athletic Bilbao (14e de Liga) se dresse sur le chemin des Olympiens. Mais les Marseillais veulent capitaliser sur leur fin de match heureuse face à Nantes pour bien gérer le match aller ce jeudi. "Ça montre notre état d'esprit, souligne Morgan Sanson. On doit s'en servir pour la Coupe d'Europe."

Et Rudi Garcia d'espérer rééditer la performance face à Braga (3-0) lors du tour précédent au Vélodrome. "C'est notre match référence, avoue le coach marseillais. On sait combien la Coupe d'Europe est importante ici... Et on joue pour se qualifier pour les quarts de finale." Garcia perçoit également que l'OM a aussi un coup à jouer sur la scène médiatique. Seul Lyon reste aussi en course sur le plan européen après l'élimination sans gloire du PSG en 8e de finale de la Ligue des champions face au Real Madrid. Eliminer un club espagnol aurait donc une saveur particulière pour Marseille. Avec... ou sans malice.