Ligue Europa - Tottenham-Manchester United, la finale de la rédemption... ou de la perdition : "Nous avons conscience des problèmes"
Une finale peut-elle tout sauver ? Respectivement 16e et 17e de Premier League, leurs pires classements depuis près de 50 ans, Manchester United et Tottenham s'affrontent ce mercredi (21h) en finale de la Ligue Europa. À la clé, un trophée, évidemment, mais surtout une qualification à la prochaine édition de la Ligue des champions. Un sésame inespéré pour deux clubs à la dérive.
"Cette finale entre deux clubs anglais malades, c'est un peu triste pour la Ligue Europa"
Video credit: Eurosport
Qui aurait pu imaginer, à l'aube de cette saison, que la finale de la Ligue Europa opposerait ce mercredi le 16e au 17e de Premier League ? Pas grand-monde à vrai dire. Voilà qui aurait même pu laisser présager, lu comme ça, à une bien belle affiche en bois. Fort heureusement pour nous, ces deux équipes répondent aux noms de Manchester United et Tottenham. Quand même. Deux clubs historiques du football anglais enlisés dans un profond marasme sportif. Pour les Red Devils et les Spurs, le salut passe par donc par San Mamés, stade mythique de l'Athletic Bilbao. Là-bas, ils vont tenter, chacun de leur côté, d'attraper ce qui ressemble à une bouée de sauvetage pour deux bateaux à la dérive totale. Mais quitte à couler, autant le faire avec un trophée européen et une qualification directe pour la Ligue des champions, non ?
Cette récompense est presque vitale pour l'avenir des deux clubs, en grande difficulté économique en raison de leurs mauvais résultats. C'est peut-être encore plus vrai, et plus urgent, pour Manchester United, club le plus titré de l'histoire du football anglais, habitué ces dernières années à maquiller son spectaculaire déclin avec des Coupes ici et là (Coupe d'Angleterre, Coupe de la Ligue). L'issue de cette finale 100% anglaise, la troisième de l'histoire de la compétition, pourrait également décider du sort des deux entraîneurs, Ruben Amorim et Ange Postecoglou, capitaines des bateaux et qui semblent souffrir des mêmes problèmes de navigation, entre erreurs de casting et cascade de blessures.
Les hommes ont pourtant deux approches différentes de ce choc crucial. Le coach portugais, arrivé en novembre 2024 après ses exploits avec le Sporting, se sait moins en danger que son homologue australien, d'origine grecque, en poste depuis 2023. "Nous avons conscience des problèmes que nous avons à régler. Nous devons changer beaucoup de choses au sein du club. La façon de s'entraîner, le recrutement, l'académie... Et gagner un trophée ne suffira pas à régler ces problèmes. Nous avons beaucoup de travail, et des choses plus importantes à régler pour ramener ce club au sommet", a déclaré Amorim en conférence de presse. Il faut dire que ses hommes ont été battus à 18 reprises en championnat, un record depuis 1974. Fort heureusement, la fièvre du jeudi soir semble les libérer de ce poids : en cours, un bilan de 14 matches sans défaites en C3 (9 victoires, 5 nuls) et des qualifications dans la douleur face à Lyon et la Real Sociedad et l'Athletic Bilbao.
Postecoglou, pas un "clown"
Arrivé en novembre dernier, le coach portugais n'est pour l'instant pas parvenu à relancer les Red Devils, 16e de Premier League, mais il assure que son poste n'est pas en jeu mercredi. "Mon futur en jeu ? Non, je ne crois pas. Si l'on gagne, les gens regarderont notre équipe différemment, car gagner un titre européen est très important. Cela peut nous aider à construire un avenir. Je suis venu d'un club qui a besoin d'être en Ligue des champions pour survivre et conserver ses joueurs. Ce n'est pas le cas ici, notre club peut avoir des revenus sans Ligue des champions. C'est un énorme club, avec beaucoup de fans dans le monde, une grande marque", a-t-il expliqué au sujet d'une potentielle qualification pour la C1, et les énormes revenus qu'elle peut générer."
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"Manchester United, c'est le plus grand déclassement d'un club au XXIe siècle"
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Lui aussi interrogé sur sa situation mardi, Postecoglou s'est un montré un peu plus virulent. "Cela dépend de votre point de vue, mais je vais vous dire une chose : indépendamment de demain, je ne suis pas un clown et je ne le serai jamais, a-t-il déclaré en réponse à un journaliste qui avait utilisé ce terme dans un éditorial. Vous m'avez vraiment déçu en utilisant une telle terminologie pour décrire une personne qui, pendant 26 ans, sans aucune faveur de qui que ce soit, a fait son chemin jusqu'à amener son club à une finale européenne (...) Nous avons l'opportunité demain de ramener quelque chose de spécial au club et à nos supporters."
"Peu importe ce qui se passe ensuite, je continuerai à essayer de remporter des trophées, où que ce soit, a poursuivi le technicien. Je ne serai pas le premier à changer de métier, mon futur est assuré, ne vous inquiétez pas. Nous essayons, en dépit des difficultés, de construire quelque chose sur le long terme, et un trophée peut aider à accélérer ce processus, pour ramener ce club où il se doit d'être." Son capitaine, Heung-min Son, a reconnu que la saison du club londonien était "inacceptable", mais a espéré "changer la mentalité" et "l'histoire du club" en décrochant enfin un trophée.
Pas de défilé, mais un barbecue en cas de victoire pour United ?
Voilà qui pourrait permettre à Tottenham, sans trophée majeur depuis 2008 (Coupe de la Ligue) et dont le dernier titre européen, la Coupe UEFA, remonte à 1984, de décrocher enfin son étiquette de "losers" ("perdants"). Si même Harry Kane, ancien capitaine des Spurs, a fini par remporter sa première coupe avec le maillot du Bayern Munich, pourquoi pas ses anciens coéquipiers après tout ? Cela pourrait servir, aussi, à estomper un peu la plaie toujours ouverte de la finale de C1 perdue en 2019 face à Liverpool. En cas de victoire, et malgré une saison de Premier League qui sera de toute façon à oublier, Tottenham a quand même prévu d'organiser un grand défilé à Londres pour célébrer avec ses supporters. Tout l'inverse de Mancheser United, qui a préféré jouer la carte de la sobriété.
En effet, selon le Times, les Red Devils ont décidé de ne pas défiler en bus à Manchester pour célébrer ce possible titre européen. Comme si rien ne pouvait sauver ce millésime 2024-2025. "Chaque match a son histoire, mais pour les deux équipes, c'est un match à tout ou rien. Nous sommes dans des positions similaires, les positions des coaches sont similaires (...) Je ne sais pas ce qui va se passer. C'est le bon et le mauvais côté avec cette équipe, je ne sais jamais à quoi m'attendre", avait déclaré Amorim après la qualification en finale, bien conscient du pétrin dans lequel il s'est mis en rejoignant United. Si victoire il y a ce mercredi soir, un barbecue en petit comité devrait être ainsi organisé par le club en fin de semaine. Il vaut mieux que ça sente le grillé que le roussi.
(Avec AFP)
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