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Lionel Charbonnier sur Bruno Martini : "Il était en avance sur son temps et souvent très incompris"

Glenn Ceillier

Mis à jour 20/10/2020 à 18:49 GMT+2

Lionel Charbonnier a eu une relation privilégiée avec Bruno Martini, dont il a été la doublure pendant presque dix ans à l'AJ Auxerre. Le champion du monde 1998 revient sur ce qui rendait l'ancien gardien des Bleus si singulier dans le monde du ballon rond des années 1990.

Bruno Martini en 1992

Crédit: Getty Images

Le football français est en deuil. "C'est un mec extraordinaire qui a marqué le football à jamais", résume d'emblée Lionel Charbonnier, très affecté. Les hommages sont unanimes après le décès de Bruno Martini à l'âge de 58 ans. Et rappellent à quel point l'ancien gardien de l'AJ Auxerre, qui a compté 31 sélections en équipe de France entre 1987 et 1996, aura laissé une trace indélébile avec sa personnalité atypique dans le monde du football des années 1990. Par sa manière de concevoir son métier. Et son approche.
Réputé pour sa "discrétion", son "humilité" et son "abnégation", Bruno Martini, qui avait pris la succession de Joël Bats à l'AJA, avait une vision bien à lui du poste de gardien de but. Surtout à son époque. Pas forcément pour son jeu, lui qui était excellent sur sa ligne et pas vraiment friand du jeu au pied. Mais par sa manière de concevoir son travail. "C'était une approche différente du football, résume Lionel Charbonnier. C'était un visionnaire. Joël Bats était par exemple quelqu'un de très intuitif, qui sentait énormément le football. A l'inverse, Bruno avait une approche très cartésienne. C'était un féru de statistiques. Il était en avance sur son temps et souvent très incompris, notamment par moi-même."
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Bruno Martini lors de l'Euro 1992, ici face à Gary Lineker.

Crédit: Imago

Il connaissait déjà tout de ses adversaires
Lionel Charbonnier a pu observer ce monstre de travail au quotidien. Pendant presque 10 ans, le champion du monde 1998 a eu la chance de côtoyer celui qui restera comme l'un des plus grands gardiens de l'histoire du football français. Et s'il a souvent été dans son ombre en tant que doublure, il n'en garde que des bons souvenirs. "Mon frère m'a fait débuter dans les buts tout petit. Bruno a pris la relève avec Joël Bats. Ils m'ont appris le métier, mais un métier différent. Bruno m'a montré une autre approche, il a continué de me construire", résume Lionel Charbonnier. "Il était complétement différent de tous les autres".
Amateur d'échecs, Martini aimait ainsi tout maîtriser. Partir avec un temps d'avance. "Il connaissait déjà tout de ses adversaires. Il visionnait des cassettes des attaquants adverses", nous raconte encore Lionel Charbonnier. "Il pouvait te dire que tel attaquant vient de tel endroit. Qu'il va tirer de telle manière. Et que de tel pied, il va l'enrouler au premier ou au deuxième poteau." Travailleur acharné qui n'a "jamais triché" avec les gens et n'aimait "pas le conflit", Martini brillait aussi par sa personnalité, aussi intègre qu'attachante. "Quand je devais jouer, il me donnait toujours beaucoup de conseils avisés, de manière très cartésienne, se souvient Charbonnier. Ça allait souvent à l'encontre de ce que je pensais mais ces conseils m'ont ô combien servi".
Il a tout révolutionné en même temps
Après sa carrière de joueur, "Nobru", comme aimait l'appeler Lionel Charbonnier, a d'ailleurs travaillé à la création d'une formation pour les entraîneurs des gardiens de haut niveau. Et c'est tout sauf un hasard pour celui qui s'est occupé des gardiens de l'équipe de France pendant tant d'années (1999-2010). "Il n'avait pas envie de révolutionner quoi que ce soit mais il a tout révolutionné en même temps, estime Charbonnier. Quand il est entré à la DTN, il a créé le diplôme d'entraîneur des gardiens de but. Il a tout mis en place, donc c'est une véritable révolution."
Ce portait élogieux d'un homme pas comme les autres hors des pelouses en ferait presque oublier le gardien. Et pourtant, il n'avait là aussi rien de commun quand il enfilait les gants. "Il n'y a jamais eu de concurrence entre nous, raconte Charbonnier. Il n'y avait pas photo entre Bruno et moi. Je ne me sentais pas à son niveau. Je faisais tout pour essayer bien sûr de l'atteindre, de le tutoyer. Mais c'était compliqué. Même Bernard Lama a eu du mal. Malgré ses performances avec le PSG, il n'arrivait pas à le détrôner en équipe de France. Et finalement, Bernard et moi, nous avons profité entre guillemets d'un moment de faiblesse de Bruno avec sa blessure au genou. Même si on ne l'a pas souhaité, nos carrières ont changé à partir du moment où il a eu cette blessure". C'est bien un homme à part qui s'en est allé.
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