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Football - Tournées post-saison : au-delà des frontières du ridicule
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Publié 28/05/2024 à 23:41 GMT+2
Alors que tous les grands championnats européens ont tiré le rideau, l'AC Milan et l'AS Rome s'affrontent ce vendredi, à l'occasion d'un match amical organisé en… Australie. D'autres clubs du Vieux Continent sont aussi partis en tournée post-saison, ce qui représente à la fois une aberration écologique, un non-sens sur le plan sportif et un coup supplémentaire porté à la santé des joueurs.
AC MIlan-AS Rome, le 11 avril 2024.
Crédit: Getty Images
Ce sont deux absences pour le moins étonnantes. Depuis mercredi, les joueurs de l'équipe de France convoqués par Didier Deschamps sont rassemblés à Clairefontaine afin de préparer l'Euro, qui débutera dans à peine plus de deux semaines. Quelques éléments manquent toutefois à l'appel, dont Eduardo Camavinga et Ferland Mendy, qui participeront à la finale de la Ligue des champions entre le Real Madrid et le Borussia Dortmund, samedi soir. Olivier Giroud et Theo Hernandez, eux non plus, ne sont pas là. Plus surprenant : vendredi, ils seront même à 14 000 kilomètres du château des Bleus.
Newcastle et Tottenham à Melbourne, la Real Sociedad à Tokyo
Les deux Français fouleront alors la pelouse de l'Optus Stadium, à Perth, où l'AC Milan affrontera l'AS Rome en match amical. En Serie A comme dans tous les autres grands championnats européens, l'exercice 2023-24 est bel et bien terminé. Mais ces deux cadors italiens ont décidé de se lancer dans une tournée post-saison, censée leur permettre de renforcer leur image à l'international, de satisfaire des sponsors. Et, à l'arrivée, d'encaisser un joli chèque juste avant la clôture des comptes.
On pourrait considérer qu'il s'agit d'un événement anecdotique, car isolé. Sauf que ce n'est pas le cas. La semaine dernière, aussitôt le rideau tombé sur la Premier League, Newcastle et Tottenham avaient sauté dans l'avion pour se rendre, eux aussi, en Australie. Les Magpies avaient dominé les Spurs à Melbourne (1-1, 5-4 t.a.b.), avant de se faire humilier par une sélection de joueurs locaux deux jours plus tard (8-0). La Real Sociedad, de son côté, a privilégié un voyage au Japon pour y défier le Tokyo Verdy, ce mercredi. Une aubaine pour les fans locaux de Takefusa Kubo, la pépite nippone des Txuri Urdin.
Des tournées aberrantes, voire dangereuses pour les joueurs
Depuis quelques années, on s'est habitués aux tournées internationales de pré-saison. Celles-ci sont évidemment lucratives pour les clubs concernés et restent susceptibles d'intéresser les suiveurs, ne serait-ce que pour observer les nouvelles recrues et la montée en puissance des équipes avant le début des compétitions officielles. Mais avec les tournées de post-saison, on touche le fond. Bien sûr, écologiquement, partir à l'autre bout du monde pour y disputer un match amical avant de faire demi-tour n'est rien d'autre qu'une totale aberration. Inutile, cependant, de faire comme si les préoccupations environnementales étaient à l'agenda du football mondial.
Sportivement, de surcroît, ces rencontres programmées sur des pelouses lointaines sont un non-sens absolu. Les joueurs sont harassés par dix mois de compétition et n'aspirent qu'à deux choses : soit partir en vacances, soit préparer sereinement leur échéance majeure de l'été, qu'il s'agisse de l'Euro (14 juin-14 juillet), de la Copa América (20 juin-14 juillet) ou du tournoi olympique de football (24 juillet-10 août). En étant contraints de prendre part à cette tournée, ils risquent d'être encore plus fatigués. Voire de se blesser.
L'avenir n'incite pas à l'optimisme
Qu'aurait-on entendu si James Maddison, Kieran Trippier (Angleterre), Micky van de Ven (Pays-Bas) ou Bruno Guimaraes (Brésil), tous présents sur la pelouse de Melbourne mercredi dernier, étaient sortis en grimaçant ? De même, Deschamps ne devrait pas être ravi à l'idée de voir Giroud ou Hernandez enfiler la tunique de leur club ce vendredi, d'autant plus après un long voyage et un avec important décalage horaire à assumer. Les joueurs, par la voix de la FIFPro, ne cessent de tirer la sonnette d'alarme face au trop grand nombre de matches. Les entraîneurs - Pep Guardiola en tête - pestent souvent contre un calendrier qu'ils estiment surchargé. Mais les dirigeants, visiblement, n'en ont que faire.
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Pep Guardiola (Manchester City)
Crédit: Getty Images
Il y a donc de bonnes raisons de se préoccuper de l'état de santé des footballeurs, soumis à des cadences de plus en plus infernales. Le pire, c'est que l'avenir n'incite pas à l'optimisme. Dès la saison prochaine, le nouveau format de la Ligue des champions (qui passe de 32 à 36 clubs) engendrera une phase de groupes plus longue, avec deux journées supplémentaires. Et à l'été 2025, 32 formations iront aux États-Unis pour prendre part à la nouvelle mouture de la Coupe du monde des clubs. La bonne nouvelle, c'est que le programme s'annonce tellement chargé que certaines tournées post-saison devraient disparaître. Même si, à ce sujet, il ne vaut mieux pas trop s'avancer.
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