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Roberto Mancini, sélectionneur de l'Italie... en toute logique quoi qu'on en dise

Valentin Pauluzzi

Publié 01/06/2018 à 00:10 GMT+2

Absente de la Coupe du monde pour la première fois depuis soixante ans, l'Italie a opté pour Roberto Mancini comme nouveau sélectionneur. Un choix qui s'imposait presque.

Roberto Mancini (sélectionneur de l'Italie), à l'Allianz Riviera, le 31 mai 2018, veille du match amical face à la France

Crédit: Getty Images

Ce sera déjà la quatrième rencontre depuis le 13 novembre dernier et l'historique élimination du Mondial par la Suède. Or, celle-ci va être la plus difficile à vivre, pour la rivalité sur et hors du terrain, pour les nombreux Français d'origine italienne attachés ou attirés par leurs racines, et pour ce statut de "sparring-partner" d'une équipe de France souvent citée parmi les favoris à la victoire finale. Mais inutile de pleurer sur notre sort, ce qui est fait est fait et la Nazionale cherche un nouveau souffle. C'est Roberto Mancini qui a pris la responsabilité de lui insuffler, et il faudra plus compter sur lui que sur les politiques.

Un choix indiscutable

On ne va pas se mentir, sa nomination est loin de faire l'unanimité et pour plusieurs raisons. Voilà cinq ans, depuis son licenciement de Manchester City, que sa carrière est sur une pente descendante car depuis, les expériences mi-figue mi-raisin se sont enchaînées entre Galatasaray, le retour à l'Inter, le Zenit et une unique coupe de Turquie dans l'escarcelle. Le ''Mancio'' ne fait plus partie du gratin des entraîneurs, mais même dans ses meilleures années avec l'Inter et City, il n'a jamais convaincu à 100%. Il n'a fait que gagner ce qu'il devait gagner vu les moyens financiers à disposition sans hisser ses équipes au-delà des quarts de la Champions League et sans parvenir à leur donner une réelle identité de jeu. L'inverse d'un Antonio Conte, Carlo Ancelotti ou Claudio Ranieri, les autres candidats pas ou plus intéressés par une expérience avec la Squadra Azzurra, voire pas pris en considération.
Le natif de Jesi, lui, faisait des appels du pied depuis des années en déclarant régulièrement son envie de la prendre en main. Pour ce faire, il n'a d'ailleurs pas hésité à rompre son riche contrat avec le Zenit (4,5 millions annuels pour encore deux saisons) et à diviser son salaire quasiment par deux. A 53 ans, il est en pleine force de l'âge pour initier un cycle, son approche a été parfaite, très concerné mais sans en faire des tonnes ou se présenter comme un messie. Enfin, ses premiers mots m'ont particulièrement marqué : "Je remercie mes parents". En toute humilité, car on a fait trop souvent de Mancini une "primadonna". A tort.
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Mancini - Nazionale - 2018

Crédit: Getty Images

Des débuts prometteurs

"Buona la prima" comme on dit ici. Attention, je ne me réfère pas à la victoire 2-1 contre une faible Arabie Saoudite, une rencontre dont il est difficile de tirer des conclusions pertinentes, mais à la liste des convoqués et à la tactique adoptée. Le "Mancio" a brassé large, trente éléments, et presque aucun ne manquait à l'appel hormis les blessés. Un groupe équilibré, de l'expérience, de la fraicheur, des retours mérités, pas de veto, l'impression de vraiment repartir sur des bases saines de ce point de vue. Le néo-sélectionneur ne se ferme aucune porte et est d'une logique aussi simple qu'implacable. Par exemple, il n'a fixé aucune hiérarchie concernant les gardiens, et c'est une sage décision vu les derniers mois difficiles de Donnarumma. Il n'exclut pas non plus d'appeler de glorieux anciens retraités internationaux si leurs performances en club continuent d'en faire les meilleurs à leur poste.
Concernant le tableau noir, il s'est adapté aux caractéristiques de son groupe, ce qui devrait être le b.a.-ba de cette fonction. On part donc sur le 4-3-3 réclamé depuis plusieurs mois et boycotté par son prédécesseur Giampiero Ventura. Il repose sur les automatismes de la défense centrale du Milan, Jorginho métronome, des relayeurs modernes, Insigne enfin mis dans les conditions idéales et Balotelli avant-centre, lui qui est toujours le meilleur buteur de la Nazionale depuis ses débuts en 2010 malgré quatre ans d'absence. Et pour être épaulé dans ses choix futurs, Mancini devrait pouvoir compter sur Andrea Pirlo qui a forcément des choses à transmettre.
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Balotelli a vite retrouvé le chemin des filets avec la Squadra Azzurra

Parce que l'Italie reste l'Italie

Si le sportif a été bien géré, l'aspect politique, lui, l'est moins malheureusement. "Le football doit être revu de fond en comble, on ne peut pas ne pas passer par une longue mise sous tutelle avec des pouvoirs amples. Le mal existe, il est profond, et a des racines de caractère statutaire", déclarait en novembre Giovanni Malago, président du Comité Olympique italien. Voilà six mois que la fédération est chapeautée mais les résultats concrets tardent à venir. La grande nouveauté est l'introduction progressive des équipes B en Serie C dès la saison prochaine, un passage fondamental pour mieux accompagner la progression des jeunes sortant des centres de formation. Or, c'est bien la seule réforme qui a été actée par ailleurs.
La retouche des statuts afin de mieux équilibrer le poids politique des familles du foot n'a pas encore été effectuée, pis, les plus influentes d'entre elles ont concocté un programme commun et choisi un candidat dans l'optique de convoquer de nouvelles élections durant l'été. Qui est l'heureux élu ? Giancarlo Abete, déjà président de la fédération de 2007 à 2014. Ça sent le rance et la naphtaline. Mais tâchons de conclure sur une bonne note puisque je vous avais promis de ne pas pleurer sur notre sort. L'Italie est la seule nation à avoir qualifié ses sélections masculines et féminines aux phases finales des Euros de jeunes. Le mois dernier, en U17, les filles ont fait bonne figure et les garçons se sont inclinés en finale, aux tirs au but, contre les Pays-Bas. Elle est là l'odeur du renouveau.
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2009 FIGC's president Giancarlo Abete photo LaPresse

Crédit: Eurosport

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