Trois ans après, Fekir a enfin montré en sélection "le Nabil de Lyon"

C'est une histoire contrariée. Des promesses et des rendez-vous manqués. Voilà quelques temps que Nabil Fekir aurait dû s'installer en équipe de France. Parce que son talent l'exige et parce que Didier Deschamps a toujours eu un petit faible pour lui. Mais il a fallu attendre ce 28 mai 2018, soit plus de trois ans après ses débuts en sélection, pour voir "le Nabil de Lyon", selon le jugement très juste de son ancien coéquipier à l'OL, Corentin Tolisso. Entretemps ? Une blessure aux ligaments croisés du genou avec les Bleus, des forfaits (août 2016), des fins de matches sans trop de saveur et un Euro qui lui file sous le nez. Il devait être "The Next Big Thing" en Bleu, mais il a vu quelques wagons de joueurs (Mbappé, Dembélé, Lemar, Coman, Martial) lui voler la vedette.

Deschamps ne l'a jamais vraiment oublié et a fini par le rattraper par le col pour la Coupe du monde russe. Grâce à une grande saison en club car ses références avec l'équipe de France restent bien maigres. Ce lundi, il tient enfin son match référence avec l'équipe de France : "Il n'a pas eu énormément d'occasions avec nous, c'étaient des bouts de matches", a rappelé son sélectionneur après la rencontre.

"J'ai vu un très bon Nabil, dans son registre, avec une bonne condition athlétique aussi." Un corner déposé sur la tête de Giroud, une frappe qui glisse dans les gants de Doyle : 2-0 et une victoire qui porte sa marque. Au moment de disséquer son match, Fekir, beaucoup plus intenable sur un terrain que bavard devant les micros, n'a pas fanfaronné. Ce n'est pas le genre de la maison : "J'étais libre, je pouvais me balader un peu partout sur le terrain. J'ai essayé de prendre les espaces. Je suis satisfait. Après, ce n'est pas mon meilleur match, mais c'est un bon match, avec un but à la clé." Au-delà de son efficacité, Fekir a surtout brillé dans le registre dans lequel l'attend Deschamps et qu'il résume : "Balle au pied, il sait faire."

A la pointe d'un losange, en soutien de Giroud et Mbappé, Fekir était dans un fauteuil dans le rôle qu'il préfère : meneur et cerveau. Ses facilités techniques ont fait le reste. "C'est facile de jouer avec lui parce que c'est un grand joueur", s'est félicité Mbappé. "Je n'ai qu'à adapter mon jeu. Il a une qualité technique tellement au-dessus de la moyenne. Je n'ai qu'à faire la planche." Alors qu'il n'avait joué que 25 minutes ensemble jusqu’ici, les deux hommes ont étalé une complicité évidente. Ils parlent le même football : celui des remises, des petits espaces, des feintes. Ces deux-là sont faits pour s'entendre.

En Russie, malgré sa grosse prestation du soir, Nabil Fekir débutera sur le banc. Son rôle est clair : doublure d'Antoine Griezmann. Il limite son champ d'action mais reste un recours précieux aux Bleus. Parce que les deux hommes sont différents, Fekir pourra apporter autre chose en fonction du scénario rencontré. Mbappé toujours : "Antoine est plus dans l'intelligence, le déplacement", précise le joueur du PSG. "Il n'a pas besoin de toucher soixante fois le ballon pour avancer. Sur une touche, il peut vous la donner. C'est plus un buteur. Nabil est, lui, dans la création du jeu, dans la percussion." Didier Deschamps voulait un nouvel atout dans sa manche en sélectionnant Fekir. Bingo.