Messi, un retour très attendu avec l'Argentine, mais pas sans risques

"Un cycle de joueurs vient de se terminer, il doit y avoir un renouveau. Dix nouveaux joueurs doivent intégrer l’équipe… Et Messi doit rester. Il doit gagner la Coupe du monde, c’est fondamental. Je souhaite qu’il puisse quitter le football avec le Mondial. Je l’adore, c’est aussi simple que cela. C’est mon idole dans le football." Logiquement déçu après l’élimination de l’Argentine dans un huitième de finale exceptionnel contre la France (4-3), ce supporter de l’Albiceleste n’avait pas d’autre réaction à donner aux micros de l’AFP à la sortie de la Kazan Arena.

Une tristesse maladive et contagieuse à l’échelle nationale, au point d’inciter Lionel Messi à placer sa carrière internationale entre parenthèses, pour un temps de réflexion. Mais ça, c’était avant d’entamer la conquête de 2019.

Le 7 mars dernier, le sélectionneur national argentin, Lionel Scaloni, s’est chargé de convoquer 31 joueurs pour deux rencontres amicales à venir contre le Venezuela et le Maroc, les 22 et 26 mars. 31 joueurs, dont Leo Messi. Un retour aux affaires internationales qui en dit long sur la volonté retrouvée du quintuple Ballon d’or à faire triompher sa nation en vue des prochaines compétitions. Du 14 juin au 7 juillet prochain, la 46e édition de la Copa América prendra place au Brésil.

Dès lors, Messi compte bien prouver à ses détracteurs que son palmarès avec l’Argentine ne se limite pas à une médaille d’or acquise aux JO de Pékin en 2008. Au diable le fantôme du Maracanã contre l’Allemagne en finale du Mondial 2014 (0-1), oubliées les deux finales perdues contre le Chili lors des tirs au but (2015, 2016) ou la reprise de volée stratosphérique de Benjamin Pavard… En héros, Messi souhaite affronter tous ces éléments contradictoires.

Mais au fond, ce choix est-il fait à tort ou à raison ? Après avoir manqué les trois derniers rassemblements internationaux en septembre, octobre et novembre dernier, Messi s’est autorisé un break de huit mois avec l’équipe nationale. Si ses compatriotes se sont mis à jouer sans lui avec des résultats plutôt encourageants grâce à un bilan comptable de quatre victoires, un match nul et une défaite en six matches, ce nouvel épisode laisse imaginer que Leo Messi, auteur de 39 buts et 21 passes décisives en 37 matches toutes compétitions confondues avec le FC Barcelone en 2018-2019, souhaite récupérer un statut du guide. Un temps colérique après la nouvelle déconvenue de sa sélection au Mondial russe, le peuple argentin s’est rendu à l’évidence : se passer des services du génie de Messi constitue une hérésie pure et simple.

En décembre, la visite de Leo Messi au Santiago-Bernabéu pour assister à la finale de la Copa Libertadores 2018 entre Boca Juniors et River Plate avait offert à La Pulga un nouveau bain d’ambiance électrique à la sauce argentine. Durant ce Superclásico décisif, le natif de Rosario avait d’ailleurs eu l’opportunité d’échanger en triangulaire avec le président de la fédération argentine Claudio "El Chiqui" Tapia d’un côté, et Scaloni de l’autre. Une discussion tournée sur un éventuel retour, auxquels les trois hommes semblaient plus que jamais favorables.

À la fin de l’année civile, l’ancien milieu de terrain du Deportivo La Corogne prenait la parole pour évoquer le sujet face aux médias : "Je ne parle pas très souvent avec Messi, mais nous sommes en contact. Nous allons essayer de le faire revenir en 2019, nous sommes en pourparlers et nous pensons que l’issue sera positive. Pour nous, c’est très important. N’importe quel entraîneur aimerait gérer Messi, et moi plus que quiconque." Une manière de dire que Messi serait, à la manière d’un Zinedine Zidane au Real Madrid, détenteur d’une carte blanche pour établir le groupe argentin en vue de la prochaine Copa América ? Sergio Agüero, ami proche de Messi et absent de la liste de Scaloni malgré une avalanche de buts à Manchester City, serait sans doute tenté d'abonder dans le sens d’une telle stratégie. Et tant pis si Paulo Dybala doit encore ronger son frein…

Un triplé et une passe décisive face au FC Séville il y a trois semaines (4-2), un doublé et deux passes décisives contre l’Olympique Lyonnais la semaine passée (5-1), un nouveau triplé face au Betis Séville le week-end dernier (4-1)… À vrai dire, la dernière fois que Messi était apparu dans une forme physique et statistique aussi étincelante, c’était durant la saison 2014-2015. Une saison bouclée par un historique triplé C1-coupe-championnat avec le FC Barcelone, aux côtés de ses acolytes d’attaque Neymar et Luis Suárez. Vieillesse oblige, le corps de Messi ne semble plus immunisé devant l’enchaînement des matches de très haut niveau et les périodes de repos apparaissent essentielles. Un retour en sélection nationale peut-il transformer un rêve en fardeau ? Oui, et l’Argentin semble bien conscient de cela.

Si la rencontre face au Venezuela prévue ce vendredi au Wanda Metropolitano devrait permettre à Messi de fêter sa 129e sélection, l’amical à Tanger pour affronter le Maroc détient plus de mystère. En effet, Messi doit apparaître en bonne condition pour jouer le derby contre l’Espanyol en Liga, quatre jours plus tard au Camp Nou. Un temps évoqué, les clauses contractuelles pour son match face aux Lions de l’Atlas (interdiction de tacler, de prendre des photos avec le joueur, avion spécialement affrété d’Espagne vers le Maroc) furent dans la foulée démenties par la fédération marocaine de football. Une chose est sûre, voir Lionel Messi revêtir à nouveau le maillot de l’Argentine fait jaser. Reste maintenant à tirer son épingle du jeu pour obtenir une issue enfin glorieuse.