Saison 2025/2026 - Lyon, moins de moyens, moins de joueurs : et si c’était mieux comme ça ?

"Si on ne gagne pas le championnat, je pense que c’est un échec." En septembre dernier, après deux mois à avoir joué aux apprenti-sorciers sur le mercato, construit un effectif complètement déséquilibré aux montages financiers douteux, John Textor claironne ses ambitions. Au fond, ça ne coûte rien de rêver. Ou en tout cas beaucoup moins cher qu’un mercato dispendieux à 148 millions d’euros alors que les finances sont déjà exsangues et que la DNCG a tapé sur les doigts du septuple champion de France.

Un an plus tard, la relégation administrative a été évitée d’un cheveu grâce, notamment, à l’éviction de John Textor. Au 1er août, l’OL a dépensé 5,78 millions d’euros et vendu pour 73 millions. Alexandre Lacazette, Rayan Cherki, Lucas Perri : les Lyonnais se sont déjà séparés de joueurs essentiels alors que le club est désormais soumis à un encadrement de la masse salariale et des indemnités de mutation. Tel était le prix à payer pour sauver sa tête en L1. Les meilleurs qui s’en vont, plus d’argent dans les caisses : Lyon est-il destiné à une saison galère ? Au ventre mou ou, pire, à lutter, sur le terrain cette fois-ci, pour ne pas descendre ?

Aujourd’hui, personne ne le sait mais il n’est pas certain que de s’appuyer sur un groupe resserré uni autour d’objectifs clairs nuise au groupe même si celui-ci possède moins de talents aujourd’hui qu’hier – ce qui reste également à prouver -. Lors des deux dernières années, Lyon a dépensé 231 millions d’euros pour aucun titre et deux sixièmes places en Ligue 1. Le club avait, même artificiellement, de l’argent mais n’a pas atteint ses objectifs sportifs. Moussa Niakhaté, Orel Mangala et Ernest Numah ont coûté 84 millions d’euros et incarnent, à merveille, la gabegie financière d’un club qui n’avait aucune direction.

Saïd Benrahma est arrivé sous forme de prêt pour six mois, avant de coûter 15 millions d’euros et repartir six mois plus tard en Arabie Saoudite… en prêt. Jeffinho est arrivé de Botafogo pour 10 millions d’euros, a joué 19 matches de L1 avant de repartir en prêt pour le Brésil. Sous Textor, l’OL est devenu un hall de gares où les joueurs se croisaient, jouaient des bouts de match sans jamais savoir s’ils devaient ou non défaire leur valise. Une insécurité constante qui expliquait les difficultés d’une équipe incapable de gagner des matches en août ou en janvier quand le mercato fragilisait le destin de tous.

Gift Orban, Jeffinho, Saïd Benrahama, Amin Sarr, Wilfried Zaha, Adryelson : l’OL a dépensé des fortunes pour une armée de mercenaires, dont certains n’ont quasiment jamais joué. Ils ont porté le maillot, mais l’ont-ils défendu ? Comment leur demander une dévotion complète dans un club sans projet collectif, sans direction et qu’il connaissait à peine ? Aujourd’hui, contraint, l’OL revient à la base.

Moins d’argent, moins de joueurs, plus de jeunes. Pourquoi craindre d’abandonner une formule qui n’a jamais porté ses fruits ? Est-ce que Lyon fera pire avec moins ? Rien n’est moins sûr surtout si Paolo Fonseca et son staff parviennent à faire adhérer leurs joueurs à une idée claire, à un projet précis. "Il y a un plan une structure, des joueurs qui n’ont pas peur de jouer, qui tentent explique Clinton Mata dans les colonnes de L’Equipe. On a une ligne de conduite." Soit tout ce qu’il manquait jusqu’ici.

Bien sûr, Marseille et Monaco, aux mercatos ambitieux, ne semblent plus jouer dans la même cour, mais voilà quelques temps que ça dure. Au fond, Lyon, en dépit d’une masse salariale gigantesque (la 2e de L1 l’an dernier), est un club qui navigue entre la 8e et la 6e place depuis quatre ans. Dans un championnat très dense où, entre la 5e place et la lutte pour le maintien, l’écart de niveau n’est pas toujours flagrant, l’OL aura sa carte à jouer. D’autant qu’il semble renouer avec ce qui a fait sa force : son centre de formation d’où sort Khalis Merah, la révélation d’une préparation réussie (trois victoires et un nul en quatre matches).

En 2011, quand il a fallu financer le futur Groupama Stadium, l’OL a brusquement arrêté d’investir sur le marché des transferts. Il n’est pas descendu en Ligue 2 pour autant et a continué à se qualifier, chaque année, en Coupe d’Europe grâce à une génération de jeunes Gones pleins d’avenir (Lacazette, Tolisso, Lopes, Umtiti, Fekir etc.). Jusqu’en 2019, le club est resté sage dans ses dépenses avant un été à 126 millions d’euros (Jeff Reine-Adelaïde, Joachim Andersen, Thiago Mendes achetés tous à plus de 20 millions) qui a marqué une rupture sportive et la fin d’une présence quasi-automatique sur le podium. Le retour des vaches maigres ne doit pas signifier la fin des ambitions mais le retour du bon sens.