Chelsea prend l'eau

Les joueurs de Chelsea pourront toujours dire le contraire. Jurer, la main sur le cœur, qu'ils n'avaient pas déjà la tête à Munich. Franchement, on aura peine à les croire. Mardi, les Blues pensaient manifestement à la finale de la Ligue des champions, qu'ils joueront dans une dizaine de jours, sur la pelouse du Bayern. Sinon, comment expliquer autrement qu'ils aient pris l'eau à Anfield, chez le 9e du championnat d'Angleterre ? Balayé par Liverpool (4-1) six jours après avoir trébuché devant Newcastle (0-2), Chelsea a tiré un trait sur ses ultimes espoirs d'accrocher la quatrième place de la Premier League. A une journée du dénouement, ses cinq longueurs de retard sur Tottenham ne sont plus récupérables.

Pour rester dans la cour des grands d'Europe l'an prochain, le club de Roman Abramovitch n'aura pas le choix : il devra soulever la Coupe aux grandes oreilles en Bavière. A contrario, il se contentera de sa petite sœur, la Ligue Europa, nettement moins prestigieuse et surtout, tellement moins lucrative. Ce lot de consolation, Chelsea l'a en poche depuis qu'il s'est adjugé la FA Cup samedi dernier... face à Liverpool (2-1). Entre Wembley et Anfield, l'équipe - remaniée - de Roberto di Matteo a perdu sa motivation en route.

Au bout d'une demi-heure, elle était déjà menée 3-0. Trois claques, en dix minutes chrono, reçues entre la 19e et la 29e : d'abord un but malheureux d'Essien contre son camp (1-0, 19e) ; puis un autre d'Henderson, bien aidé par la glissade de John Terry (2-0, 25e) ; et un troisième de Daniel Agger, étrangement seul aux six mètres sur un corner remis par Andy Carroll (3-0, 29e). La correction aurait été plus sévère si Stewart Downing n'avait pas trouvé successivement la barre (42e) et le poteau (45e+3) de Ross Turnbull, qui suppléait Petr Cech dans le but londonien. Qu'importe : Jonjo Shelvey a profité d'une relance calamiteuse de Turnbull pour lober le gardien anglais. Et sceller la plus lourde défaite de Chelsea cette saison (4-1, 61e). La plus spectaculaire de l'ère Abramovitch.

Aligné sur le flanc gauche, Florent Malouda ne s'est sûrement pas rappelé au bon souvenir de Laurent Blanc : le Guyanais s'est montré discret. Mais c'est lui qui a servi Ramires pour ramener les Blues à 3-1. Seul Fernando Torres, préféré à Didier Drogba en pointe, s'est démené. L'Espagnol a même failli inscrire un but somptueux. Mais sa frappe puissante, dans un angle fermé, s'est écrasée sur la transversale de Reina (35e). Le portier espagnol a ensuite sorti le grand jeu sur une tête à bout portant de Lukaku (72e). Auparavant, son poteau gauche l'avait suppléé sur une autre tête, celle d'Ivanovic (17e). Ramires, du ventre, s'est donc chargé de limiter la casse (3-1, 50e). Pas de sauver l'honneur des Blues, venus à Anfield en touristes : fébrile derrière, maladroit devant, ce Chelsea-là avait de toute façon la tête ailleurs. A Munich, précisément.