Ils font oublier Tevez

C'est un luxe que peu d'équipes peuvent s’offrir. Laisser Carlos Tevez, son meilleur buteur du dernier exercice, au placard. L'Argentin a, certes, dépassé les limites en refusant d'entrer en jeu face au Bayern Munich. Mais si Roberto Mancini peut "s'offrir" cette mise à l'écart très médiatique et symbolique, c'est aussi car ses propriétaires émiratis l'ont gâté à chaque mercato ces dernières années. Manchester City possède ainsi une force de frappe d'une rare richesse. Si dépendants des performances de Tevez la saison passée, les Citizens, plus mauvaise attaque du quatuor de tête du championnat en 2010-2011 (60 buts marqués soit 18 de moins que United !), présentent actuellement le meilleur bilan offensif de la Premier League avec 27 buts. Si le jeu de l'équipe - en nette amélioration - y est pour beaucoup, c'est aussi lié à l'efficacité des buteurs mancuniens. Pour occuper la pointe de son attaque, Mancini a ainsi l'embarras du choix : Edin Dzeko, Mario Balotelli et surtout Sergio Agüero, quasiment auteur d'un but par match en moyenne.

Arrivé en cours de saison lors du dernier exercice pour près de 30 millions d'euros, l'ancien de Wolfsburg a un temps été considéré comme la gourmandise de trop à City. Il n'y avait pas de quoi enflammer les supporters des Citizens, nourris au caviar depuis quelques années. Après une première saison terne (2 buts en 15 matches de championnat), le longiligne attaquant de 1,92m a trouvé sa place sur le terrain. Véritable tueur devant le but, il possède un profil apprécié par Roberto Mancini : il joue à merveille le rôle de pivot dans les défenses adverses. Une arme bien utile en Premier League. Auteur de six buts en championnat cette saison, le Bosnien est toutefois muet depuis le 28 août avec son club et avait fait jaser après avoir manifesté son mécontentement à sa sortie contre le Bayern.

Ses démonstrations pétulantes ne sont pas son meilleur allié. Son ego démesuré non plus. "Il est très talentueux mais très étrange. En Angleterre, personne ne l’aime vraiment sauf les fans de City", résume Ryan Giggs sur la BBC. Trop compliqué à gérer et peu professionnel, l'Italien de 21 ans, annoncé régulièrement sur le départ, est aussi talentueux qu'agaçant. Mais Roberto Mancini n'a pas laissé tomber. Après l'avoir souvent mis de côté ou laissé sur le banc en début d'exercice, il l'a relancé en septembre. Avec une certaine réussite. Super Mario, qui démontre ces dernières semaines un meilleur comportement - "presque normal pour lui" selon Nigel De Jong ! -, a ainsi marqué à chaque fois lors de ses quatre dernières apparitions. Rapide, technique et puissant, il peut être aligné en pointe ou sur un côté. A-t-il enfin mûri ? On ne prendra pas encore le risque de le dire. "Si nous parlons de Mario comme joueur, nous n'avons pas besoin de parler d'autre chose car c'est un grand joueur", lâche Mancini, qui espère que son attaquant gardera la tête la plus froide possible dans les mois à venir.

Si un joueur fait oublier Carlos Tevez, c'est bien lui. Pour 45 millions d'euros, l'Argentin a été la dernière gâchette achetée par City dans sa course à l'armement. Dès ses premiers pas, il a répondu aux attentes de manière presque inespérée. Deux buts pour son premier match (4-2), huit pour ses cinq premières sorties en championnat - ce qui en fait la recrue la plus prolifique de l'histoire de la Premier League après cinq rencontres à égalité avec Mick Quinn (sous le maillot de Coventry en 1993) -. De retour de blessure mercredi, il a encore frappé en offrant la victoire aux siens quelques minutes après son entrée face à Villarreal à la 90e (2-1).

Désireux de "devenir le meilleur joueur du monde" comme il l'avait glissé au Guardian, le gendre de Diego Maradona, également auteur de deux passes décisives, apporte une autre palette au jeu de City avec son activité. Aligné aussi bien en pointe qu'en soutien de Dzeko, il s'entend à merveille avec David Silva. De l'autre côté de la Manche, on aime le comparer à Wayne Rooney, qu'il retrouve dimanche : "Sergio et Rooney sont de grands attaquants pas seulement de la Premier League mais du monde. Ce sont des joueurs similaires, qui sont très importants pour leur équipe et peuvent marquer énormément de buts. Je pense que Sergio va prendre le dessus dans ce duel", conclut son coéquipier et compatriote Pablo Zabaleta dans le Mirror.