Newcastle est prudent

Newcastle anime le mercato. En France notamment, le nom des Magpies revient avec insistance dans les rubriques transferts. C'est devenu une habitude depuis quelques années. Sans y regarder de plus près, on serait tenté de penser que les Toons, qui viennent de s'offrir Papiss Cissé pour 12 millions d'euros, dépensent à tout va grâce à un riche propriétaire comme Manchester City ou Chelsea. L'histoire est tout autre. Leur "proprio" - Mike Ashley - est certes milliardaire après avoir fait fortune dans les magasins d'articles de sport. Mais il se montre depuis quelques années frileux à l'heure d'ouvrir son portefeuille pour recruter des joueurs et ne veut pas augmenter les salaires de manière démesurée. Ce qui fruste les supporters des Magpies, habitués à un autre régime quand Freddy Shepherd était à la tête du club.

Newcastle s'en sort pourtant assez bien. Après leur descente aux enfers avec une relégation en Championship en 2009, les Magpies ont vite retrouvé les feux des projecteurs de la Premier League. Pour leur deuxième exercice parmi l’élite depuis la remontée, ils pointent à une prometteuse sixième place à cinq petites longueurs de la Ligue des Champions. Ce retour est le fruit d'un bon coaching d'Alan Pardew, qui est revenu aux vielles valeurs en mettant en place un 4-4-2 avec deux ailiers qui dévorent la craie. Mais c'est aussi le résultat d'une politique de recrutement aussi mesurée qu'intelligente.  

Sur les cinq dernières saisons, Newcastle présente ainsi un excédent budgétaire de 35 millions de livres (41 millions d'euros) en matière de transferts. La vente d'Andy Carroll à Liverpool la saison passée y est pour beaucoup (ce qui, pour l’anecdote, correspond au prix de l’attaquant passé chez les Reds). Mais la cellule de recrutement du club du Tyneside, effectue aussi un excellent travail, qui est salué régulièrement par Pardew. La paire Tioté-Cabaye, l'une des clefs du bon parcours de cette saison, n'a ainsi coûté "que" 8,4 millions d'euros. Demba Ba, le buteur sénégalais (15 buts cette saison), était gratuit tout comme Sylvain Marveaux, qui n'a pas encore pu démontrer l'étendue de son talent.

La stratégie de Newcastle est en fait assez simple : vendre au meilleur prix certains de ses meilleurs joueurs et réinvestir cette somme pour en racheter plusieurs éléments souvent prometteurs afin de bonifier le collectif. Ces derniers mois, les Magpies ont ainsi prix le risque de céder des cadres (Carroll, José Enrique, Kevin Nolan ou encore Joey Barton) pour s'offrir du cash et libérer de la masse salariale tout en les remplaçant par des joueurs moins côtés. Pour le moment, le pari fonctionne. Mais cette politique est risquée. Surtout, si Newcastle veut passer un nouveau cap et se mêler à la lutte avec les grosses cylindrées du Royaume, il faudra dépenser un peu plus. Mais ça ne sera peut-être plus avec Mike Ashley, qui a déjà tenté de vendre ses parts à plusieurs reprises et est conscient qu'il n'est pas prêt à mettre le prix pour faire le bonheur des fans.

2011/12: - £ 8.9 m (soit 10.6 millions d'euros de déficit)
2010/11: + £ 25.1 m (soit 29.9 millions d'euros de bénéfice)
2009/10: + £18.3 m (soit 21.8 millions d'euros de bénéfice)
2008/09: + £ 5.5 m (soit 6.5 millions d'euros de bénéfice)
2007/08: - £ 5.9 m (soit 7 millions d'euros de déficit)