Sturridge, Rodgers (Liverpool) - Divine surprise à Anfield

C’est assurément l’histoire de ce début de saison anglaise. Celle surtout à laquelle on s’attendait le moins. Mieux que le Chelsea de Mourinho, le City de Pellegrini, le United de Moyes, mieux que la révolution Tottenham ou que le Gunner Ozil, voilà Liverpool, leader de la Premier League, invaincu et invincible pour l’instant après trois victoires 1-0 grâce à trois buts de Daniel Sturridge lors des trois premières journées !

Autant être honnête tout de suite : après un été agité qui a vu la star du club, Luis Suarez, demander (voire exiger) à partir avant de finalement rester et qui a vu l’arrivée de huit nouveaux joueurs (Sakho, Ilori, Luis Alberto, Mignolet, Aspas, Touré, Cissokho et Moses) pour près de 60 millions d’euros et le départ de dix joueurs (dont Carragher, Borini, Reina ou Shelvey), personne du côté d’Anfield, même pas les plus optimistes, n’aurait pu prédire un tel début de championnat. Les Reds sortaient d’une saison décevante (7e), Suarez était suspendu jusqu’à la fin septembre et les méthodes du manager Brendan Rodgers, en poste depuis un an, essuyaient quelques critiques.

Pourtant, en cas de victoire ce lundi soir à Swansea en match en retard de la quatrième journée de la Premier League, Liverpool enregistrerait le meilleur départ de son histoire, pourtant grande et pleine de titres. Cette réussite est avant tout à mettre au crédit de deux hommes : Daniel Sturridge et Brendan Rodgers. Commençons par le premier. A 24 ans, il vient d’inscrire 16 buts en 20 rencontres depuis son arrivée au club en janvier dernier en provenance de Chelsea.

Chez les Blues, alors que Torres ne mettait pas un pied devant l’autre, Sturridge n’avait jamais eu sa chance. On le faisait jouer sur un côté et même là, il était souvent bon. A l’entraînement, il marquait dans tous les sens et pourtant, il n’a jamais eu sa chance, comme il ne l’avait pas eu non plus à Manchester City, là où il a été formé mais où les pétrodollars ont eu raison de son talent. Il a donc "échoué" à Liverpool et il ne pouvait pas mieux tomber. Rodgers l’a responsabilisé, lui a permis de s’exprimer et l’international anglais, neveu de Dean et Simon Sturridge, deux anciens pros, a explosé. Son pied gauche a quelque chose de magique et il a fait de son individualisme une force.

Mais Sturridge n’aurait surement pas autant réussi sans Brendan Rodgers. A 40 ans, l’Irlandais du Nord a franchi les paliers à la vitesse de la lumière. Des équipes de jeunes de Chelsea à Swansea en passant pas Watford et brièvement Reading, il a atterri à Anfield après trois saisons et demie seulement d’expérience au haut niveau ! Mais avec des idées bien arrêtées. Que ce soit tactiquement (avec cette adaptabilité en termes de systèmes), dans sa gestion humaine (Lucas, Gerrard, Suarez et donc Sturridge) et dans ses choix de recrutement (Coutinho, Aspas, Sturridge, Mignolet), le protégé de José Mourinho savait où il allait.

Rodgers avait toujours dit que sa première saison serait difficile. Et elle l’a été. Il a aussi toujours dit que la deuxième serait bien meilleure parce que ses joueurs auraient alors parfaitement assimilé sa méthode. Et pour l’instant, il a encore raison. Liverpool est plus solide, on l’a vu lors du succès sur Manchester United juste avant la trêve. Liverpool est plus efficace. Liverpool est mieux organisé. Liverpool est plus collectif. Et surtout, Liverpool joue bien sans Luis Suarez. Tout le problème est là. Dans deux matchs, l’Uruguayen de 26 ans en aura terminé avec sa suspension de dix rencontres pour avoir mordu Branislav Ivanovic. Il sera de nouveau disponible et reviendra forcement dans le XI titulaire. Mais à quel poste ? Dans l’axe où Sturridge est en grande forme ?

Et avec quel état d’esprit ? Depuis son arrivée en janvier 2011, l’équipe a toujours été dépendante de lui, il en a toujours été la grande star et, sans lui, les Reds auraient connu des campagnes encore plus compliquées. Les médias anglais racontent toujours qu’il veut quitter le club et qu’il recommencera son bras de fer en janvier. Il ne faudra donc pas que son retour devienne un problème. Brendan Rodgers, avec qui les relations sont froides, l’a déjà prévenu. "Il n’y a pas de star ici. Ici, c’est tout pour l’équipe. Si Luis ne le comprend pas, il peut toujours aller voir ailleurs", a confié le manageur vendredi. Liverpool est en tête de la Premier League et Suarez n’est plus en position de force. Mais s’il est prêt à faire des concessions pour son équipe alors les Reds deviendront encore plus forts…