Leicester, une victime expiatoire pour Chelsea ? Pas si sûr…

En trois semaines, Leicester a remporté autant de matches de Premier League que depuis le début de la saison. Les Foxes restent sur quatre succès de rang en championnat, série qui leur a permis de s’extirper de la zone rouge. Idéal avant de recevoir Chelsea mercredi (21h00). Depuis leur nul contre Arsenal (0-0), les Blues sont à deux victoires d’un cinquième titre de champion d’Angleterre dans l’histoire du club londonien et pourraient se l’assurer dès dimanche contre Crystal Palace dimanche (17h00). Mais avant cela, il faudra vaincre impérativement Leicester, sous peine de retarder le sacre d’une semaine encore. Sauf que ce ne sera vraiment pas une mince affaire pour les hommes de José Mourinho.

Derniers de Premier League sans discontinuer de la 14e à la 32e journée, les Foxes avaient tout du club parti pour faire l’ascenseur et retourner à l’échelon inférieur aussi vite qu’il l’avait quitté. Ça, c’était avant. Avant leurs quatre victoires de rang qui les ont relancés au moment où ils s’y attendaient le moins. Surtout que le programme qui leur était proposé était copieux : deux équipes solidement ancrées en première moitié de tableau à domicile (West Ham et Swansea), deux concurrents directs dans le bas du tableau à l’extérieur (West Bromwich Albion et Burnley). Leicester est sorti de cet enchaînement avec douze points, soit 38,7% de son total de points en 33 journées.

La mission maintien n’en est néanmoins qu’à ses balbutiements. Avec seulement une unité d’avance sur Sunderland, premier relégable qui a également un match en retard à disputer, contre Arsenal le 20 mai prochain, Leicester a un besoin impérieux de points pour sauver sa peau. Le club dispose aussi une belle opportunité d’effacer mercredi des tablettes un record vieux de plus de cinquante ans : sa dernière série de cinq victoires consécutives dans l’élite remonte à 1964.

Dans son antre, la formation de Nigel Pearson a pris la bonne habitude de titiller les grosses cylindrées cette saison. Elle a déjà affronté Arsenal, Manchester United et Manchester City à domicile. Le bilan ? Une victoire, un nul et une défaite. Leicester avait accroché les Gunners lors de la troisième journée (1-1), avant d’atomiser les Red Devils pour l’une des plus grosses sensations de la saison (5-3). Les Citizens étaient eux repartis du centre du Royaume avec la victoire dans la valise (0-1). Un succès compliqué à se dessiner qu’ils avaient arraché sur un petit but de Frank Lampard. Au moins, Chelsea est prévenu, rien ne sera simple chez les Foxes.

L’homme à tout faire de Leicester depuis un mois se nomme Jamie Vardy. Après avoir bourlingué dans les divisions anglaises inférieures au sein de clubs improbables (Stocksbridge, Halifax Town, Fleetwood Town), le natif de Sheffield (28 ans) a découvert la Premier League sur le tard. L’attaquant des Foxes a longtemps semblé ne pas avoir sa place à ce niveau. La seule éclaircie dans une saison galère s’était produite lors de la déroute de United au King Power Stadium.

A cette occasion, Vardy avait tout fait (un but, deux passes décisives, deux penalties provoqués). Depuis, la lumière était éteinte et il n’avait pas trouvé le chemin des filets durant pile six mois toutes compétitions confondues. Elle s’est rallumée fin mars, un jour de défaite à Tottenham (4-3). Il y avait inscrit un but et une passe décisive. Sur les cinq dernières rencontres de Premier League, il totalise trois réalisations et deux offrandes. De quoi mettre même la meilleure défense d’Angleterre sur le qui-vive. Si toutefois Pearson fait le choix de l'aligner...

Parce que la question mérite d’être posée. Leicester ayant sur le papier de fortes chances de s’incliner contre Chelsea mercredi, Nigel Pearson ne ferait-il pas mieux de faire tourner pour ménager ses titulaires en vue de la réception de Newcastle ce week-end ? Interrogé à ce sujet, le manager des Foxes a assuré que ce ne serait pas le cas. Il alignera la "meilleure équipe pour gagner", sans songer à la suite. "Nous ferons des choix en fonction du bien-être de nos joueurs, sans faire attention à ce qu’en pensent les personnes extérieures au groupe", a expliqué Pearson. Voilà qui a le mérite d’entretenir l’ambigüité. Equipe bis ou pas, cette rencontre aura tout du match de Coupe pour Leicester, qui n’aura quasiment rien à perdre dans la bataille. Voilà pourquoi le déplacement a tout du piège pour Chelsea.