La presse mondiale se rue à Leicester pour assister au conte de fées

Leicester a des airs de Disneyland ces derniers jours. Alléchés par une histoire aux allures de conte de fées, les médias du monde entier se précipitent dans la ville anglaise où le club de football local est en passe de réaliser un immense exploit en devenant champion d'Angleterre. Jusque-là c'était un endroit confidentiel, réservé à quelques initiés. Mais depuis quelques semaines, la salle de presse du stade de Leicester est devenue une véritable tour de Babel, une ruche fréquentée par les reporters venus des quatre coins du globe. Dimanche, pour la réception de Swansea, on pouvait voir des journalistes finlandais, turcs, coréens et australiens faire la queue au buffet d'avant match.

Un groupe de dix reporters japonais s'interrogeait à table sur l'impact de la suspension de Jamie Vardy, le partenaire d'attaque du Japonais Shinji Okazaki. Masatoshi Mori, journaliste au quotidien sportif Hochi Shimbun, peut témoigner du changement d'ambiance. Il était déjà là en fin de saison dernière pour une conférence de presse, alors que les rumeurs commençaient à évoquer la venue d'Okazaki au club. "C'était très détendu. Il y avait un gars du journal local, la BBC et peut-être quatre ou cinq autres journalistes, dont moi", raconte-t-il à l'AFP.

L'entraîneur de l'époque, Nigel Pearson, désolé d'apprendre que le journaliste était venu d'aussi loin pour si peu lui avait même accordé une interview exclusive improvisée. "Aujourd'hui, ce sont des centaines de journalistes qui débarquent à chaque match", constate Masatoshi Mori. Comment résister en effet à l'aventure de Leicester, qui revisite le mythe de David contre Goliath en laissant dans son rétroviseur les mastodontes de Chelsea, Arsenal, Liverpool ou Manchester United ? L'année dernière, le club avait échappé de justesse à la relégation. Le voilà à une victoire d'un sacre historique, possible dès dimanche en cas de victoire à Manchester United.

"C'est une histoire incroyable. (La star du football US) Tom Brady et d'autres joueurs de la NFL ont envoyé des messages de félicitations", rapporte Joe Prince-Wright, grande signature du "soccer" à la chaîne américaine NBC. "Les Américains adorent les histoires d'outsider. On voit circuler des images de gens sur leur tracteur au fin fond des États-Unis avec un maillot de Leicester sur le dos", ajoute-t-il.

La chaîne ESPN a envoyé l'une de ses meilleurs plumes, Wright Thompson, à Leicester pour couvrir les dernières semaines de la saison. "Je suis là sur la durée", explique-t-il. Le club, suivi jusque-là essentiellement par le Leicester Mercury, le quotidien local, a trouvé sa place dans les pages du New York Times et de Sports Illustrated.

"Une ville anglaise de province ne fait pas la Une du Wall Street Journal à moins d'avoir réussi quelque chose d'extraordinaire", résume le maire de Leicester, Peter Soulsby, dans les colonnes du Daily Telegraph. Avec quatorze nationalités dans son effectif, un Danois, un Jamaïcain, un Franco-Algérien et un Argentin notamment, l'équipe de Leicester offre des angles d'accroche aux médias de nombreux pays.

De plus, l'entraîneur Claudio Ranieri est italien et le propriétaire du club, Vichai Srivaddhanaprabha, est thaïlandais. Selon une étude de Sky Sports, seul Watford présente une équipe plus cosmopolite dans la Premier League. Alors les équipes internationales de télévision labourent le centre-ville en quête d'images et d'anecdotes. Lundi, Lee Jobber, batteur officiel et supporter N.1 du club, a expliqué à l'AFP comment, après sa journée de travail, il enchaînait les interviews jusqu'à parfois 23H00. Un joyeux bazar donc.