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Premier League | Arsenal | No Félix ? No Mudryk ? No problem !

Philippe Auclair

Mis à jour 20/01/2023 à 18:41 GMT+1

PREMIER LEAGUE - On pourrait croire que les Gunners viennent de se faire doubler deux fois en quelques jours sur les dossiers Joao Felix et Mykhaylo Mudryk. Il n'en est rien. Le leader du Championnat d'Angleterre ne manque ni d'influence ni d'ambition. Le fiasco Nicolas Pépé a simplement créé une jurisprudence qui l'aide aujourd'hui à ne pas se perdre dans la folie des grandeurs.

Mudryk, symbole des dérives de Chelsea... et de la réussite d'Arsenal

Arsenal a donc déjà essuyé deux échecs dans ce marché des transferts. Ce fut d'abord Joao Felix, en délicatesse à l'Atletico de Madrid, ce qui constituait une déception ; puis ce fut Mykhaylo Mudryk, la perle du Shakhtar Donetsk, soufflée au nez des Gunners alors que tout semblait en place pour accueillir la sensation ukrainienne à l'Emirates. Là, cela pouvait ressembler à un camouflet.
Histoire de mettre un peu plus de sel dans la plaie, dans les deux cas, c'est Chelsea qui avait fait capoter les efforts d'Edu, le directeur sportif des Gunners. Or personne ne doutait qu'Arsenal se devait de renforcer l'effectif sur lequel Arteta se repose dans la poursuite du titre de champion d'Angleterre le plus improbable depuis celui de Leicester City, en 2015-16.
Des renforts étaient indispensables. A force d'aligner le même onze de départ dans tous les matches à enjeu (autrement dit - tous), Arsenal finirait bien par perdre quelques boulons en route. Le premier avait été Gabriel Jesus, qu'on ne reverra pas avant le printemps. Arsenal fut bien obligé de se tourner vers Eddie Nketiah, pourtant à deux doigts de quitter le club il y a six mois de cela. Le jeune Londonien a tenu crânement sa place depuis ; mais, malgré toutes ses qualités, il n'a pas tout à fait l'envergure de l'avant-centre d'un candidat au titre - qui prend également la Ligue Europa au sérieux, de plus.
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"Chelsea, la pire solution possible pour relancer João Félix"

Arsenal ne court pas après Chelsea

Voilà pourquoi Felix, voilà pourquoi Mudryk. Voilà pourquoi il y en a qui se sont inquiétés de l'incapacité d'Arsenal, leader de la Premier League, quasiment assuré d'une place dans le Top 4 alors qu'on est à mi-saison, à barrer la route à Chelsea dans la poursuite de ces deux cibles, alors que Chelsea - par où commencer? - peine à se maintenir dans la première moitié du tableau. Cela devait être le signe que les dirigeants d'Arsenal n'avaient pas le killer instinct d'un champion en puissance.
Mais cela était surtout le signe qu'Arsenal avait changé. Il y a encore deux ans, peut-être que les Gunners auraient été tentés de surenchérir, d'ajouter quelques millions aux sommes faramineuses que Chelsea était prêt à débourser. Mais le temps où le club s'était saigné de 79 millions d'euros pour acquérir Nicolas Pépé est passé. En août 2020, l'architecte de ce transfert qui fit beaucoup jaser, Raul Sanllehi, quittait le club par la petite porte (*). Une page était tournée pour de bon. On ne reprendrait plus les Gunners à ce jeu-là.
Aussi, lorsque Chelsea assortit son offre de 70 millions d'euros pour Mudryk - qu'Arsenal, destination de choix du joueur, était également prêt à honorer - d'un éventail de primes qui ajouteraient plus de 30% (dit-on) au montant du transfert lui-même, les Gunners se retirèrent de la course. Ils n'étaient pas prêts à faire exploser leur structure salariale et à mettre en danger leur équilibre financier pour un joueur dont le potentiel crève les yeux, mais qui, à 22 ans, n'a été titularisé que vingt-sept fois en championnat d'Ukraine depuis ses débuts, le 3 mars 2019, lorsque le Shakhtar l'avait prêté à Arsenal Kyiv. La cohérence du système mis en place après l'éviction de Sanllehi ne pouvait être mise en danger, même pour un Mudryk. Faire signer un contrat de huit ans et demi à la recrue, comme Chelsea le fit, histoire d'amortir le coût du joueur sur suffisamment de temps pour se "conformer" aux exigences du fair-play financier, était aussi hors de question.
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Mykhaylo Mudryk buteur pour le Shakhtar Donetsk contre le Celtic Glasgow en Ligue des champions 2022/23

Crédit: Getty Images

Trossard, du prêt-à-jouer en Premier League

Et voilà pourquoi, aujourd'hui, ce n'est pas un Ukrainien qui pèse 100 millions qui va rejoindre Arsenal, mais un Belge qui coûtera un peu plus du cinquième de cette somme, Léandro Trossard, devenu persona non grata à Brighton depuis une série d'altercations avec son nouvel entraîneur, Roberto de Zerbi.
A première vue, Trossard n'est pourtant pas le type de recrue qu'on imagine se fondre aussitôt dans le groupe que Mikel Arteta, l'entraîneur le plus jeune de la Premier League, a façonné à son image. Il a vingt-huit ans, sept de plus que Bukayo Saka et Gabriel Martinelli, quatre de plus que son capitaine Martin Ødegaard. Il arrive avec la réputation d'un joueur "difficile", suite aux problèmes qu'il a rencontrés avec de Zerbi à Brighton, quittant un entraînement sans autorisation avant la fin de celui-ci (*). Ce n'est pas vraiment le genre de recommandation dont se targuer auprès de l'entraîneur qui écarta Pierre-Emerick Aubammeyang pour une infraction similaire au code de conduite de son groupe.
Les dirigeants d'Arsenal auraient-il cédé à la panique, alors, après que Félix et Mudryk leur avaient échappé ? Non. Tout d'abord, techniquement, Trossard, footballeur ambidextre, est du calibre requis pour tenir sa place dans l'un des onzes les plus fins dans ce registre en Angleterre et en Europe. Il peut jouer sur toute la largeur du front de l'attaque, y compris en qualité de faux neuf. La question de son "adaptation" à la Premier League ne se pose pas.

Rice, le véritable objectif

Pour ce qui est de son tempérament, Arteta en aura jugé non pas au vu des déclarations de de Zerbi, mais de ce qui lui aura confié son adjoint Albert Stuivenberg, qui connait bien le joueur, puisqu'il fut son entraîneur à Genk en 2017 : lorsque le club belge atteignit les quarts de finale de la Ligue Europa cette année-là, pour s'incliner d'un souffle face au Celta de Vigo, c'était avec le jeune Trossard en place sur l'aile gauche.
Enfin, le montant relativement modeste du transfert fait que les fonds qu'Arsenal entend mettre à la disposition de son manager l'été prochain (objectif numéro 1 : le milieu de terrain de West Ham, Declan Rice) seront toujours disponibles. L'attaquant mis en marge de Brighton n'était pas le 'Plan A' d'Arsenal, ni peut-être même son 'Plan B'. Cela ne l'empêche pas de faire partie du 'Plan' tout court, de la stratégie qui permet aux Gunners d'accueillir Manchester United ce dimanche dans la peau d'un favori.
(*) Sanllehi a refait surface dans le football en mars 2022, et est aujourd'hui directeur exécutif du Real Zaragoza, en Segunda Division espagnole.
(*) L'agent du joueur affirme que Trossard était blessé et incapable de conclure la séance - et que son entraîneur le savait.
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