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Premier League - La chronique de Philippe Auclair : Unai Emery, aux portes de l'Europe avec Aston Villa vous salue bien

Philippe Auclair

Mis à jour 17/04/2023 à 19:46 GMT+2

Si Aston Villa est en course pour retrouver l'Europe en fin de saison, le club de Birmingham le doit en bonne partie à l'excellent travail d'Unai Emery. Le technicien basque, parfois ciblé de manière injuste et disproportionnée sur les bancs du PSG et d'Arsenal, montre une nouvelle fois à ses détracteurs ce qu'il vaut vraiment, comme nous l'explique Philippe Auclair dans sa chronique.

Unai Emery

Crédit: Getty Images

Ce qu'on avait vraiment reproché à Unai Emery lors de ses passages au PSG et à Arsenal, ce n'était pas la remontada des Barcelonais en Ligue des Champions, ou une piètre série de résultats des Gunners qui les vit dégringoler de la troisième à la huitième place en l'espace d'un gros mois, en un automne 2020 pourri. C'était qu'il soit lui-même. C'étaient son accent, les 'v', qui devenaient des 'b' dans sa bouche, le lustre de sa coupe de cheveux, qu'il ne soit ni Klopp, ni Guardiola, ni même Mourinho, juste Unai Emery.
Dans ces deux cas, un homme qui avait mené le premier de ces clubs à un triplé et le second à sa première finale européenne en treize saisons n'avait pas seulement été critiqué. Il avait été la cible d'attaques personnelles d'une telle virulence que son départ était devenu inévitable, quelles qu'aient pu être les intentions à long terme de ses dirigeants. Le vainqueur en série de l'Europa League avec Séville était un incapable, un incompétent, un clown.
Qu'il semblait petit, cet Emery, depuis le sommet du piédestal que des supporters imbus de leur importance avaient dressé à leur club. Pour ceux-là, gagner n'était pas un devoir, mais un dû; et encore, gagner 'avec la manière'; confirmer sur le terrain tout le bien que ces fans - et ceux d'Arsenal ne le cédaient en rien sur ceux du PSG en la matière - pensaient d'eux-mêmes, au fond, confits qu'ils étaient dans un complexe de supériorité dont l'origine est difficile à cerner.

Emery réveille un "géant endormi"

Ce clown, après s'être rappellé aux bons souvenirs des Gunners en les sortant en demi-finale de C3 avec Villareal il y aura bientôt deux ans, remporta ensuite le trophée aux dépens de Manchester United, et est aujourd'hui en passe de faire revenir Aston Villa en Europe, que le club de Birmingham n'a pas visitée depuis 2010-11.
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Unai Emery

Crédit: Eurosport

Aston Villa, un de ces 'géants endormis' qui abondent dans le football anglais, ne s'y attendait certainement pas. Le 21 octobre 2022, date du licenciement de Steven Gerrard, les Villans comptaient 9 points sur 33 possibles, et ne devaient leur statut de premier non-relégable qu'au nombre de buts marqués - sept, contre cinq aux Wolves, qui affichaient autrement un bilan identique.
Emery n'avait pas rejoint un club brûlant d'ambition, pas à court terme en tout cas. Il avait répondu à un SOS. Le manager qui avait refusé le pont d'or offert par les propriétaires saoudiens de Newcastle en novembre 2021 ("leur vision n'est pas suffisamment claire", avait-il alors expliqué) décida que le moment était venu, cette fois, pour dire adieu à Villareal, avec qui il avait réussi l'exploit d'atteindre les demi-finales de Ligue des Champions quelques mois plus tôt.
De quels arguments les propriétaires de Villa usèrent pour convaincre Emery, personne ne le sait exactement, même si l'argent dut jouer son rôle. Nassef Sawiris et Wes Edens, tous deux milliardaires, n'en manquent certainement pas. Le contrat de quatre saisons et demi qu'ils offrirent à Emery serait d'une valeur totale de près de 30 millions d'euros net, si l'on en croit le Daily Telegraph.

Impact immédiat

Mais connaissant l'attention que l'entraîneur basque accorde aux détails, il est probable que ce n'est pas que l'argent - et le prestige associé à un club champion d'Europe, en 1982 - qui lui fit dire 'oui' à leur offre plutôt qu'à celle de Newcastle, qui était tout aussi généreuse.
Pour commencer, l'effectif de Villa était des plus présentables, d'Emiliano Martinez dans le but à Ollie Watkins en pointe, certainement supérieur à celui des autres candidats possibles à la relégation. Villa, d'autre part, ne lui imposerait pas de restrictions comparables à celles qui freinaient Villareal, contraint de respecter le salary cap de la Liga. Et une fois stabilisé, le club des Midlands avait le potentiel de retrouver le rang qui fut longtemps le sien, c'est-à-dire l'un des premiers des seconds rôles du football anglais.
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Watkins, avec Aston Villa.

Crédit: Getty Images

L'impact d'Emery fut immédiat. Pour son premier match, Aston Villa, qui n'avait pas battu Manchester United à Villa Park depuis 1995, l'emporta 3-1. Un fléchissement affecta le club en février, mais il fut bref, et, depuis, aucune équipe de Premier League, pas même Arsenal et Manchester City, ne présente un bilan aussi flatteur que celui des Villans : 22 points sur 24 possibles, et cinq victoires de rang, ce qui ne leur était pas arrivé depuis 1998.
De plus, ces points ont été acquis avec un certain panache. Les qualités qu'on attend d'une équipe d'Unai Emery - cohésion, organisation, application, attention prêtée aux coups de pied arrêtés - sont bien sûr en évidence. Mais il y en a d'autres, plus inattendues, de tranchant et d'imagination, qui sont liées à la liberté qui habite aujourd'hui des joueurs qui étaient bien plus timides (et probablement frustrés) lorsque Steven Gerrard était à leur tête. John McGinn est épanoui. Emi Buendia a retrouvé toute sa finesse et son inventivité, tandis qu'Ollie Watkins marque but sur but, onze en douze rencontres pour être précis.

Emery ne fait que rappeler ce qu'il vaut vraiment

Ce qu'Emery a déjà accompli à Villa Park est d'autant plus remarquable que l'entraîneur n'a pas influé sur le recrutement du club, exception faite de l'arrivée de l'arrière gauche du Betis Alex Moreno au mois de janvier. C'est avec des footballeurs choisis par d'autres que le manager basque a reprogrammé et relancé une machine enrayée, et dont on ne donnait pas cher il y a six mois.
Ce n'est pas pour autant que son image en sera changée. Qu'il soit l'un des meilleurs techniciens d'Europe n'a jamais fait de doute pour ses pairs. Son pourcentage de victoires au PSG (76,32%) est meilleur que celui de quelque autre entraîneur de l'histoire du club parisien. A Arsenal, outre qu'il devait assurer la succession d'Arsène Wenger, une tâche qui relevait presque de l'impossible, il fut victime d'une politique de recrutement à la limite de l'incompréhensible, et dont le principal responsable, Raul Sanllehi, fut d'ailleurs mis à l'écart en 2020. S'il est vrai que Sanllehi avait plaidé la cause d'Emery auprès de son board, il est aussi exact que ce n'est pas le coach qui avait insisté pour que des joueurs comme David Luiz, Willian, Nicolas Pépé ou Cedric Soares rejoignent les Gunners.
D'une certaine manière, rien n'a changé : Unai Emery ne fait que rappeller, une fois de plus, ce qu'il vaut vraiment à ceux qui l'avaient si mal traité, et qui sont bien discrets aujourd'hui.
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