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Premier League I Aston Villa, relancé par Unai Emery avant le choc contre Arsenal : quand un géant se réveille

Philippe Auclair

Mis à jour 09/12/2023 à 14:30 GMT+1

Après avoir vaincu Manchester City (1-0), Aston Villa se frotte à un autre prétendant au titre, Arsenal, en visite à Birmingham samedi (18h30) lors de la 16e journée de Premier League. Troisièmes au classement, les hommes d'Unai Emery dépoussièrent le mythe d'une ville qui en avait bien besoin. Et le technicien espagnol, moqué par le passé, n'y est vraiment pas pour rien.

"Ici, les gens se rendent compte qu'ils ont trop vite jugé Emery"

Ce ne sont pas les clubs qui manquent à Birmingham, puisqu'on en trouve six dans les quatre divisions de la Premier League et de l'English Football League (*), soit autant que dans le grand Manchester - et deux fois plus qu'à Liverpool. Ce n'est pas l'histoire non plus.
A preuve : l'homme en qui l'on voit le fondateur du professionnalisme en Angleterre, William McGregor, était peut-être né en Ecosse, mais c'est bien dans la capitale des West Midlands, avec Aston Villa, dont il devint le président en 1880, qu'il conçut l'idée d'un championnat national qui deviendrait le modèle de tous les autres. Si le football n'a pas de lieu de naissance attitré, c'est qu'il en a plusieurs : Cambridge (peut-être), Sheffield (sûrement) et Birmingham (sans le moindre doute).
De plus, pour ce qui est du palmarès, Birmingham, avec 38 grands titres et quatre finales européennes partagés entre cinq de ses six clubs (*), figure au quatrième rang des grandes villes de football du royaume, derrière Londres, Manchester et Liverpool. Il n'y a aucune honte à cela.
Le problème est que le dernier de ces titres - une Coupe de la League - est vieux de vingt-huit ans, quand Savo Milosević, Ian Taylor et Dwight Yorke avaient marqué les trois buts de la victoire des Villans sur Leeds au vieux Wembley.

Birmingham était un has-been

Mais depuis, que représentait Birmingham dans le football anglais jusqu'à ce qu'Unai Emery transforme l'eau croupie en grand cru ? Rien. Rien, sinon des clubs prenant l'ascenseur dans les deux sens, de division en division, craignant pour leur survie, trop souvent proies de pseudo-investisseurs aux antécédents douteux, luttant pour exister. Or ce n'est pas l'histoire qui donne patience aux créditeurs, et on n'attribue pas de points de bonus pour une Coupe d'Angleterre remportée en 1987 - l'unique titre, légendaire, de Coventry City. Birmingham, la ville de football, semblait suivre le même chemin inexorable qu'avait suivi Birmingham, la grande cité industrielle de l'Empire, dont le déclin s'amorça dès le début des années 1970.
On parle pourtant de la deuxième ville la plus peuplée du royaume. Il y a deux fois plus de Brummies que de Scousers et de Mancs, et trois fois plus que de Geordies. Birmingham n'a jamais cessé de produire des joueurs de tout premier plan. C'est là qu'est né Jack Grealish. Jude Bellingham, lui, a vu le jour à Stourbridge, à moins de vingt kilomètres du Birmingham Town Hall, et les premières couleurs qu'il porta - en pupilles - étaient celles de Birmingham City FC (*).
Mais aussitôt qu'un vrai talent pointait le nez, d'autres savaient lui donner le goût d'ailleurs. La tâche n'était pas des plus difficiles. Ce n'était ni à Villa Park, ni à Molineux, ni au Hawthorns qu'on deviendrait champion. La ville elle-même, malgré l'amour que ses habitants lui portent, n'est pas des plus séduisantes. Birmingham était un has-been à qui on ne pouvait même pas faire miroiter un Vegas. Cela faisait particulièrement mal quand le voisin et ennemi des Midlands Leicester City trônait sur le Royaume avec un titre de champion en 2016.

La force de Villa ? Son enracinement

Et puis Unai Emery est arrivé, l'homme dont l'Angleterre se moquait si cruellement du temps qu'il était à Arsenal, à cause de sa chevelure lustrée, à cause de son accent basque qui transformait les 'V' en 'B'. Plus personne ne se moque de lui aujourd'hui, alors que les Villans s'apprêtent à recevoir son ancien club en qualité de prétendants au titre. Sérieux. Ils le sont, pour la première fois depuis que John Gregory était leur manager, il y a aura bientôt trois décennies de cela (*).
A Birmingham, ils y croient sans y croire, tout en y croyant; l'important est qu'ils y croient à Villa Park, au moins le temps d'un match, comme ils y croiront ce samedi soir. Et avec Villa, c'est tout une région qui se remet à y croire, même si les antagonismes locaux sont aussi prononcés dans les Midlensa qu'en quelque autre ville ou région du Royaume-Uni. Villa, qui "allait nulle part, et vite" quand Steven Gerrard en avait la charge, emballe, enthousiasme et gagne, porté par une ferveur décuplée par la longueur de l'attente d'un renouveau.
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Unai Emery

Crédit: Eurosport

C'est la même ferveur que partagent aujourd'hui les supporters de West Bromwich Albion, actuellement barragiste, malgré la gestion désastreuse (on s'en tiendra là) de leur propriétaire chinois Lai Guochuan; de Coventry City, qu'on croyait mort et enterré il y a sept ans de cela, et qui est remonté de la League Two au Championship pendant ce temps; et même des Wolves, dont on ne donnait pas cher quand Julen Lopetegui s'en alla six jours avant le début de la saison, mais qui semblent pouvoir s'en sortir avec Gary O'Neil.
L'inexorable n'a pas lieu d'être en football. Le Villa d'Emery le montre. S'il a la chance d'avoir le soutien de propriétaires discrets mais généreux, Wes Edens et Nassef Sawiris, il tire surtout sa force de son enracinement dans l'un des vrais terreaux du football anglais, laissé en friches depuis longtemps, et qui, on en a la preuve maintenant, n'attendait qu'une main attentive pour retrouver sa vigueur. Birmingham is back.
(*) Aston Villa, Wolverhampton Wanderers (Premier League), Birmingham City, Coventry City, West Bromwich Albion (Championship) et Walsall (League Two).
(*) Coupe d'Europe des Clubs Champions (Aston Villa, victorieux en 1981-82), Coupe des Villes de Foire (Birmingham City, 1959-60 et 1960-61) et Coupe de l'UEFA (Wolves, 1971-72).
(*) Il est peut-être bon d'ajouter ici que Bellingham eut l'élégance de signer un contrat pro avec les Blues juste avant de s'en aller à Dortmund, alors que rien ne l'y obligeait, afin que son club de coeur puisse toucher une indemnité de transfert. Birmingham City perçut également 5% du montant du transfert du jeune Anglais du Borussia au Real Madrid. Les quelques 30 millions ainsi reçus ont sauvé le club de la faillite.
(*) En tête du championnat 1998-99 à Noël, Villa perdit dix de ses quinze derniers matches pour finalement finir sixième de la PL.
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