Premier League - Manchester United et les conséquences du fiasco

C'est une claque qui n'est pas sans conséquence. Et la question est de savoir maintenant quelles traces elle va laisser. Manchester United a raté la dernière marche en Ligue Europa, battu par Tottenham mercredi en finale à Bilbao (1-0). Habitué ces dernières saisons à maquiller son spectaculaire déclin derrière des coupes (FA Cup, League Cup) qui lui permettaient de jouer la C3 même sans vraiment l'avoir mérité, le club mancunien se retrouve face à un terrible constat : il est privé de Ligue des champions l'an prochain. Et même de toute compétition européenne, pour la première fois depuis 2014.

C'est tout sauf anodin évidemment. Alors que les Red Devils végètent à une indigne 16e place en Premier League, la Ligue Europa pouvait encore une fois sauver leur pitoyable saison avec un titre et un accès vers la C1. Mais les hommes de Ruben Amorim ont encore déçu. Et placent leur club dans une situation bien inconfortable.

Si Manchester United reste le troisième club le plus puissant du monde avec une valeur estimée à 2,72 milliards de dollars selon Forbes, la formation du nord de l'Angleterre va encore perdre en pouvoir d'attraction. Pour une question financière déjà. Selon le Manchester Evening News, la non-qualification pour la Ligue des champions va faire créer un manque à gagner de près de 85 millions de livres, soit 100 millions d'euros, aux comptes mancuniens. Si Manchester possède toujours de la surface pour s'activer sur le marché étant donné sa puissance et la richesse de la Premier League, le potentiel des Red Devils sera moindre sans cette manne qui aurait été bienvenue. 

C'est notamment le cas car les Mancuniens ont quelques dettes à éponger avec des sommes à régler pour des transferts des étés précédents. Et pas qu'un peu puisqu'on parle pour cet été de plus de 105 millions d'euros pour Sancho, Hojlund, Casemiro, Onana et autre Antony. "Je sais que la facture que nous allons payer cet été s'élève à 89 millions de livres pour des joueurs qui ont déjà été recrutés. Si nous n'achetons aucun joueur, nous ferons un chèque de 89 millions de livres cet été", avait expliqué en mars Jim Ratcliffe, le co-propriétaire des Red Devils à Sky.

De quoi évidemment changer un peu la donne d'un club qui a dépensé plus de 246 millions d'été dernier. "Manchester United a beaucoup dépensé en ce qui concerne la saison 24/25. Ils ont également des montants substantiels à payer sur des transferts existants pour des joueurs qu'ils ont déjà signés. Ils doivent encore plus de 300 millions de livres au total pour ces versements particuliers. Du point de vue de la trésorerie, ils vont donc devoir réduire leurs dépenses pour la saison prochaine", annonce Kieran Maguire, expert en finance du football, sur Sky Sports.

Ce constat laisse évidemment songeur. Et beaucoup de questions restent en suspens. Sur Ruben Amorin déjà. Si le coach portugais conserve pour le moment la confiance du board, il est évidemment sur un siège éjectable après cette saison fiasco. Mais United devrait payer très cher pour se séparer de lui, alors qu'il a signé un contrat jusqu’en 2027 avec les pensionnaires d’Old Trafford. Le jeune technicien pourrait donc avoir encore sa chance. Mais avec quel groupe ? 

L'effectif actuel a montré ses limites en Premier League. Il faut faire des changements, c'est une certitude. Mais jusqu'à quel point ? La question est bien là. Car si certains voudraient voir un lifting violent, United n'en a pas forcément les moyens, sauf à vendre massivement et efficacement. Si le Guardian annonce une enveloppe estivale pour le mercato de 100 millions de livres - soit 120 millions d'euros -, tous les joueurs seront ainsi mis sur le marché cet été selon plusieurs tabloïds britanniques, les dirigeants mancuniens étant prêts à écouter les offres pour n'importe quel joueur.

Victor Lindelof et Christian Eriksen arrivent en fin de contrat et ne seront pas conservés, tandis que Marcus Rashford, Jadon Sancho et Anthony sont les premiers ciblés. Mais comme un symbole, Bruno Fernandes, le capitaine, n'est pas protégé. "J'ai envie d'en faire plus, de pouvoir ramener le club à ses grandes heures. Mais le jour où le club pensera que j'en fais trop ou qu'il est temps de se séparer, le football est ainsi. Si le club pense qu'il est temps de se séparer parce qu'il veut récupérer de l'argent ou quoi que ce soit, c'est comme ça", a d'ailleurs reconnu l'international portugais de 30 ans mercredi. Et Al-Hilal se tient à l'affût. L'avenir d'Alejandro Garnacho sera aussi à suivre après ses déclarations après la finale.

Reste à savoir quels joueurs peuvent venir tenter de sauver le navire mancunien dans cette tempête ! C'est peut-être ça le plus délicat. Alors que Matheus Cunha aurait bel et bien choisi de venir malgré la non-participation à la C1, l'absence de Coupe d'Europe risque en effet de peser à l'heure de convaincre les joueurs. Et il faudra sûrement encore mettre la main au portefeuille… "Les joueurs veulent jouer au plus haut niveau et si vous ne pouvez pas leur offrir de football européen, comment les motiver ? Il faut leur offrir plus d'argent en termes de salaires, de primes…", résume Kieran Maguire. La désillusion de Bilbao n'est clairement pas sans conséquences…