Premier League – Mohamed Salah a rejoué, passeur décisif face à Brighton (2-0) pour Hugo Ekitike, nouveau patron de l'attaque de Liverpool

Ce n'est peut-être pas la fin, mais ça y ressemblait quand même un peu. Après les piques par presse interposée, la discussion formelle demandée par Arne Slot en privé, Mohamed Salah a rejoué avec Liverpool, samedi face à Brighton (2-0). L'Égyptien, attendu la semaine prochaine au Maroc avec la sélection égyptienne, va disputer la Coupe d'Afrique des nations. Un départ qui pourrait sonner comme un adieu, après les péripéties autour d'un temps de jeu subitement asséché, et un comportement brusquement pointé du doigt. Pendant ce temps, la seule recrue définitivement intégrée et adoptée, Hugo Ekitike, n'en finit plus de briller, auteur d'un doublé à Anfield.

N'y voyez pas nécessairement un passage de témoin, même si la concordance des éléments pousse à cette conclusion. Alors qu'il avait laissé infuser l'idée d'une dernière apparition chez les Reds contre Brighton (il avait notamment indiqué que toute sa famille se déplacerait à Anfield), Mo Salah a retrouvé le banc, le cache-cou relevé jusqu'au nez au coup d'envoi. Le regard profond, presque ailleurs, l'Égyptien a tout de même décoché quelques sourires à son voisin, Andrew Robertson. Preuve que l'amertume a quitté l'icône des Reds, résolu à rentrer dans le rang. Et partir en beauté ?

Le peuple rouge l'a en tout cas senti, ce chant du cygne, ce crépuscule avançant. Choisi par Slot pour entrer à la place de Joe Gomez, blessé à la 26e, Salah a pu constater que les travées d'Anfield ne lui ont pas tenu rigueur des saillies lancées contre ses pontes. Une ovation chaleureuse venue réchauffer un homme, et une équipe en difficulté malgré l'ouverture du score précoce de Hugo Ekitike – après 46 secondes de jeu. En jambes d'entrée, comme libéré, le Pharaon s'est évertué à privilégier l'option collective.

Même dans une position préférentielle pour tenter sa chance, Salah a multiplié les services pour ses coéquipiers. Un message adressé à ses détracteurs et une façon, aussi, de montrer qu'il a retenu la leçon. Critiqué pour son individualisme forcené ces derniers mois, l'Egyptien désirait sans doute laisser une belle image pour ce qui ressemble à sa sortie. Alors, lorsqu'un trois contre un se profile, le cuir au pied à l'heure de jeu, Salah n'hésite pas à servir Ekitike sur sa gauche. La frappe du Français hors cadre, le passeur ne lui en a pas voulu pour autant. Pas un seul geste parasite, ni rictus de mécontentement n'est venu gâcher le tableau de la star égyptienne.

"L'intégrer à l'équipe était une décision facile à prendre, a lâché Slot après la rencontre à Sky Sports. Je l'ai dit à maintes reprises : ce qui se dit entre nous restera entre nous. Nous avions besoin de lui et sa passe décisive sur le 2-0 est une excellente chose." Un corner déposé sur la tête d'Ekitike, qui n'a pas manqué de rendre hommage à son passeur. "Mohamed est un grand professionnel, appuie l'attaquant des Bleus, meilleur buteur des Reds cette saison (sept buts en Premier League), dans l'émission Match of the Day. Il est un exemple pour moi. On voit bien à quel point il est impliqué dans les buts et les passes décisives. C'est une légende ici. Partager le terrain avec lui est une chance. C'est le genre de joueur qui nous donne envie de regarder du football."

Devenu le joueur le plus décisif pour un seul club en Premier League avec 277 contributions (188 buts, 89 passes), Salah s'est offert une longue ovation, une dernière en 2025 avec les fans des Reds. Une dernière tout court ? Lui sait certainement s'il refoulera un jour cette pelouse en tant qu'un des leurs. L'éclat dans l'œil de l’Égyptien laisse un doute - épaissi par la publication sur son compte X du chant entonné à sa gloire en quittant la pelouse -, que Slot n'a pas dissipé. "S'il part pour la CAN, cela signifie pour nous un joueur en moins. C'est ce que nous savions avant le début de la saison", a simplement répondu le technicien batave, peu disert sur l'avenir de son joueur. Il fallait peut-être lire les nombreuses tentatives de marquer en fin de rencontre, plombées par le manque de confiance et les émotions débordantes, comme autant d'indices d'un joueur hanté à l'idée de clore sa riche histoire d'un point d'exclamation. Pourra-t-il vraiment partir sans ce dernier ?