L'Argentine et le Brésil à la relance

Jeudi, les éliminatoires de la zone CONMEBOL reprennent. Lors de cette 7e journée, l'Argentine et le Brésil, dotés de nouveaux sélectionneurs issus du terroir, essaieront de se refaire la cerise. Le Chili, lui, veut surfer sur sa deuxième Copa América de rang, tandis que l'Uruguay, pourtant leader, peut craindre de voir son panorama s'assombrir.

Lionel Messi avec l'Argentine

Crédit: AFP

L'Argentine est en tête du ranking FIFA, elle compte dans ses rangs l'unique quintuple Ballon d'or de l'histoire, et pourtant, elle est en crise. Tout du moins, c'est ainsi qu'elle vit son présent après trois finales perdues de rang qui ont fait très mal dans les têtes : Coupe du Monde 2014, Copa América 2015, et Copa América 2016. Gonzalo Higuain, le plus malheureux lors de ces finales, a d'ailleurs demandé à ne pas être convoqué pour jouer face à l'Uruguay, jeudi, puis face au Venezuela, mardi, même si le bianconero n'a pas renoncé à l'Albiceleste.
Gerardo Martino n'a, lui, pas résisté à ce nouvel échec face au Chili, le deuxième en deux ans, et a démissionné. L'ex-entraîneur du FC Barcelone a été remplacé par Edgardo «El Patón» Bauza, un homme mesuré dans un football argentin à la forte propension à verser dans l'hystérie. Son principal fait d'arme est d'avoir remporté par deux fois la Copa Libertadores, avec le Liga de Quito, en 2008, premier succès d'un club équatorien dans la Ligue des champions d'Amérique sud, puis avec San Lorenzo (2014). Bauza a déjà mené à bien sa première mission en convaincant Messi, démissionnaire dans la foulée de son tir au but raté face au Chili, de ne pas abandonner la sélection.
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Edgardo Bauza, le nouveau sélectionneur de l'Argentine

Crédit: Panoramic

Lucas Pratto, premier choix marquant du nouveau sélectionneur argentin Bauza

A l'exception d'un éphémère passage en Arabie Saoudite, Bauza a fait l'intégralité de sa carrière en Amérique du sud, entre 1998 et aujourd'hui. Une connaissance profonde du continent qui semble d'ailleurs l'incliner à oser miser sur des joueurs qui n'évoluent pas en Europe. Pour pallier l'absence de Marcos Rojo (suspendu), Sebastian Mas, qu'il a connu à San Lorenzo, devrait ainsi être titularisé face à l'Uruguay. Surtout, Lucas Pratto, attaquant de l'Atlético Mineiro (Brésil), devrait occuper la pointe de son onze. L'absence d'Higuain, et le forfait d'Agüero ont sans doute pesé dans ce choix, mais la richesse offensive argentine est telle que cette titularisation ressemble bien à un choix fort de Bauza.
Attaquant de 28 ans, Pratto n'avait inscrit qu'un petit but lors de sa seule année passée en Europe, au Genoa (2011-2012). Pour accompagner Messi aux avant-postes, Bauza, qui a aussi dû déplorer le forfait de Javier Pastore, devrait miser, outre Pratto, sur Paulo Dybala, qu'il a qualifié de "neuf et demi", et sur le Parisien, Angel Di María. Le nouveau sélectionneur sait toutefois que seul une victoire lui permettra de travailler et de reconstruire dans une certaine tranquillité. Car, en cas de revers face à l'Uruguay de Luis Suarez, l'Albiceleste, actuelle troisième des éliminatoires, pourrait se retrouver en position de non-qualifié. Là où se trouve actuellement le Brésil …

Jeunesse et vieilles connaissances pour le Brésil

Pour la Seleçao aussi, l'été a été mouvementé. Après une humiliante élimination en phase de poule de la Copa América, Dunga s'en est allé et a laissé sa place à Tite, un entraîneur qui a connu son heure de gloire en 2012, en remportant la Copa Libertadores, puis le Mondial des Clubs, face à Chelsea. Tite, 55 ans, a un profil à la Bauza : celui d'un homme expérimenté et rassurant, qui a entraîné un quart de siècle au Brésil, et n'a quitté son pays que pour deux petites expériences aux Emirats. Son nom est souvent revenu ses dernières années pour prendre en main la Seleçao, mais c'est au moment où celle-ci se retrouve au plus mal qu'il en hérite. Sixième des éliminatoires, le Brésil occupe actuellement la place peu enviable de premier non-qualifié. Inquiétant pour le quintuple champion du monde, même si l'été a aussi porté son lot de bonnes nouvelles avec le premier titre olympique de la Seleçao, portée par Neymar.
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Brazil's Gabriel Jesus (R) celebrates with teammates Neymar (L) and Luan after scoring against Honduras during their Rio 2016 Olympic Games men's football semifinal match at the Maracana stadium in Rio de Janeiro

Crédit: AFP

Au-delà de la bouffée d'air frais qu'a apporté ce titre pour un pays meurtri depuis le traumatique 7-1, c'est l'émergence de jeunes attaquants comme Gabriel Jesus et Gabriel Barbosa, qui peut laisser augurer d'un certain renouveau brésilien. Le premier évolue à Palmeiras, mais s'est d'ores et déjà engagé avec Manchester City, qu'il rejoindra l'année prochaine, tandis que le second, surnommé Gabigol et originaire de Santos, a signé mardi, à l'Inter Milan.
Au-delà de cette jeunesse avec laquelle il faudra sans doute être patient, Tite a aussi décidé de miser sur des joueurs qu'il a dirigé par le passé. Il vient ainsi de faire dans l'inédit en retenant Taison (Chakhtar Donetsk), jamais sélectionné, et a rappelé Giuliano (Zenit), qui ne fréquentait plus la Seleçao depuis quatre ans. Tite les avaient connus lors de son passage à l'Internacional Porto Alegre (2008-2009). Un certain vent de renouveau souffle donc sur ce Brésil, où Marquinhos devrait occuper une place de titulaire. Mais la Seleçao ne peut se contenter de promesses. Sur le terrain de l'Equateur, deuxième des éliminatoires, puis à domicile, face à la Colombie, les hommes de Tite devront engranger pour rassurer tout un pays.

Le Chili, en patron

Loin des ambiances anxiogènes brésiliennes et argentines, le Chili, s'est, lui, préparé en toute tranquillité. Assis confortablement sur un récent et enviable butin formé par deux Copa América (2015, 2016), le pays longiligne fait désormais figure d'épouvantail continental. Se mesurer à son jeu collectif parfaitement huilé et à son pressing harassant est une épreuve redoutée, même par les meilleurs. La question mériterait d'ailleurs d'être posée : l'équipe capable d'en mettre sept lors de la Copa América au Mexique, la défaite la plus large de l'histoire du pays d'El Chicharito, n'est-elle pas aujourd'hui la meilleure sélection du monde ?
La réponse comporterait évidemment sa part de conjectures, mais l'Euro, où aucun grand ne s'est montré réellement dominateur, et où l'Allemagne a perdu de sa superbe, conduirait au moins à poser le Chili, ce monstre collectif, en solide candidat à ce leadership virtuel, en attendant 2018.
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Claudio Bravo soulève pour le Chili la Copa America 2016

Crédit: AFP

Engendrée par Bielsa, perfectionnée par Sampaoli, et désormais gérée habilement par Juan Antonio Pizzi, la Roja n'a toutefois pas encore brillé depuis le début des éliminatoires. Seulement quatrième, la bande à Arturo Vidal et Alexis Sanchez se déplacera, jeudi, au Paraguay, avant de recevoir, mardi, la Bolivie. Deux matches largement à la portée du Chili. L'occasion idéale pour revenir chatouiller les cimes de la zone Amérique du sud, qu'il s'est habitué à tutoyer depuis bientôt dix ans.

Comme un doute pour le leader uruguayen

Pour l'Uruguay, c'est une situation presque contre-nature. Le petit pays de trois millions et demi d'habitants, habitué à arracher sa qualification en barrages, se retrouve en tête des éliminatoires après six journées. Une position qui pourrait faire vivre l'Uruguay dans un certain confort, qui lui sied peut-être mal. Au mois de juin, Diego Godin et consorts, du haut de leurs convaincants débuts d'éliminatoires, avaient d'ailleurs débarqué aux Etats-Unis, en favoris de la Copa América. Au terme de la phase de poule, ils étaient déjà éliminés. La Celeste était certes privée de Luis Suarez, son indispensable goleador, mais cette élimination a jeté un voile d'ombre sur son présent.
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La détresse d'Edinson Cavani après l'élimination de l'Uruguay

Crédit: AFP

Dirigée depuis maintenant dix ans par un Oscar Tabarez vieillissant et diminué - il souffre du syndrome de Guillain Barré - l'Uruguay va t-il savoir ne pas flancher ? Un début de réponse sera donné, jeudi, à Buenos Aires, face à l'Argentine de Messi. L'Uruguay est, certes, habitué à donner la migraine à son grand voisin lors du clasico du Rio de la Plata, mais il le fait presque toujours dans une position d'outsider qui lui va si bien. Peut-être mieux que celle de leader ...
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