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Parti à Toronto par la petite porte, Giovinco revient en Italie par la grande

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 09/10/2015 à 23:59 GMT+2

Quand l’attaquant italien a quitté la Juve pour la MLS en janvier dernier, beaucoup imaginaient qu’il disparaîtrait de la circulation. Presque un an plus tard, ce choix risqué pourrait finalement faire de lui un des futurs hommes forts de l'attaque italienne.

Giovinco avec le maillot de l'Italie

Crédit: AFP

Les temps changent, la Vieille Europe n'a plus le monopole du football, mais ce n’est pas forcément avec l'Amérique du Sud qu’elle doit le partager. Si on s’en tient aux deux dernières listes de convoqués d'Antonio Conte, ce sera plutôt avec le nord du nouveau continent puisqu’elles contiennent deux pensionnaires de la Major League Soccer. La présence d'Andrea Pirlo, parti finir sa glorieuse carrière du côté de New York, n'est pas surprenante. En revanche, on s'attendait moins à revoir aussi rapidement Sebastian Giovinco qui explose les compteurs du côté de Toronto. En 2015, une sélection historique comme la Squadra Azzurra peut donc compter sur les pensionnaires d’un championnat en expansion. Et pourquoi pas après tout.

Un choix peu commun mais payant

Dans l'imaginaire collectif, la MLS est perçue comme un cimetière à éléphants, l'occasion pour de nombreux grands champions d'y venir couler une pré-retraite bien méritée. Toutefois, s'ils choisissent les Etats-Unis et non les Emiratis prêts à les payer plus grassement, c'est bien parce que la ligue américaine présente un degré de compétitivité beaucoup plus élevé. En outre, le suivi y est majeur. Un Al Khor-Al Wakrah est joué dans un stade quasiment vide tandis qu'un Los Angeles Galaxy-San José Earthquake se disputera devant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. Un contexte qui donne l'impression de continuer à jouer dans un championnat relevé. C'est aussi pour cette raison que Giovinco a traversé l'Atlantique, même si le salaire annuel de 7 millions de dollars était un argument convaincant.
Nombreux auraient cédé à l’appât d'un tel gain, mais il s'agit bien d'un choix de carrière surprenant pour un joueur de 28 ans. Au moment de son départ en janvier dernier, le natif de Turin était, il est vrai, le dernier choix de la Juve en attaque mais il pouvait prétendre à intégrer plus ou moins n'importe quel club de Serie A. Sauf que plutôt que de finir deuxième ou troisième choix au Genoa ou à Palermo dans un championnat névrosé par les polémiques, Giovinco a opté pour une place garantie à Toronto dans cette ambiance saine et si caractéristique des sports nord-américains. Avec le recul, bien lui en a pris.

Déjà l'un des meilleurs joueurs de l'histoire de la MLS

Dans le creux de la vague, c'est l'état d'esprit revanchard qu'il a affronté cette nouvelle expérience. Le but premier était de retrouver du temps de jeu afin d'exprimer pleinement ses qualités dans un championnat qui laisse plus d’espaces. Alors oui, le Real Salt Lake et le Dynamo de Houston ont un niveau incomparable avec les équipes qui ont inspiré leur nom, mais la fourmi atomique est en train de faire tomber tous les records. Les chiffres parlent de 21 buts et 15 passes décisives en seulement 30 rencontres disputées, soit le joueur le plus influent de l'histoire de la MLS sur une saison. Giovinco est à l'origine où à la conclusion d'un but toutes les 71 minutes de jeu et de 36 des 44 réalisations inscrites par son équipe.
Mais les statistiques ne traduisent pas cette incroyable aisance technique qui impressionne match après match, les skills se multiplient et font fureur sur la toile qui redécouvre un joueur désigné comme le successeur de Del Piero il y a quelques années. Giovinco est en pleine confiance et réussit quasiment tout ce qu'il entreprend. D’ailleurs, le titre de MVP ne devrait pas lui échapper. L'opération relance est déjà accomplie, mais très vite arrivera le dilemme concernant son futur. Voudra-t-il vraiment poursuivre sa carrière en MLS ou tiendra-t-il à se confronter de nouveau dans un grand championnat européen ? Une réponse qui peut attendre, car cette forme, il va devoir la conserver en sélection.
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Le hat-trick de Giovinco (Toronto) face à New York City en 10 minutes

Un choix par défaut ? Pas vraiment

En fait, dans cette opération relance, son meilleur allié n'est autre qu'Antonio Conte. Ce dernier n'a jamais caché son estime pour l'attaquant de poche qu'il avait rappelé en sélection lors de ses premiers matches à la tête de l'Italie. Adepte des expérimentations tactiques, il avait un projet ambitieux, faire de Giovinco un milieu relayeur capable de se projeter vers l'avant et transpercer les lignes adverses. Intriguant ! Malheureusement, il avait dû s'incliner devant le temps de jeu minime que lui accordait Max Allegri à la Juve. L'inverse de Conte qui était prêt à se mettre les supporters juventini à dos lorsqu'ils avaient pris en grippe son petit protégé pour une série de prestations décevantes. Il était même allé jusqu'à parler de "honteuse campagne médiatique anti Giovinco" de la part des journalistes.
L'estime réciproque entre les deux bonhommes est de notoriété publique, mais cela ne fait pas de l'attaquant de Toronto un pistonné. Sa présence est aussi due à cette crise sans précédents que traverse le secteur offensif italien. Pellé, son avant-centre titulaire, évolue à Southampton, Eder et Vazquez ont été naturalisés pour l'épauler tandis que les plus jeunes ont un mal fou à trouver une certaine continuité dans leurs prestations. Zaza est le dernier choix à la Juve, Immobile est le remplaçant de Gameiro au FC Séville, Balotelli se relance tout juste et Insigne, Berardi et El Shaarawy sont régulièrement gênés par des pépins physiques.
Conte ayant définitivement viré sur un 4-3-3, Giovinco a donc une place à prendre sur les ailes. Son dribble court, sa conduite de balle, son habileté sur coups-francs et son imprévisibilité sont des caractéristiques qui manquent cruellement à une attaque en manque de folie. A lui maintenant de convaincre les plus sceptiques sur la réelle consistance de ses prestations en club et de mettre ainsi fin à de nombreux préjugés sur la MLS.
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Giovinco avec la Squadra Azzurra

Crédit: AFP

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