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Pas d’évolution, ni de révolution : le Portugal tend vers "l’albanisation"

Nicolas Vilas

Mis à jour 08/09/2014 à 14:26 GMT+2

Incapable de conclure face à l’Albanie, la Seleção portugaise débute sa campagne de qualif pour l’Euro 2016 par une défaite, des sifflets et des mouchoirs blancs. Et l’absence de Cristiano Ronaldo a surtout mis en lumière "l’albanisation" du Portugal. L’après Mondial pique encore.

Le Portugal a touché le fond contre l'Albanie

Crédit: AFP

"Nous voulons être meilleurs et nous avons l’obligation d’être meilleurs". Paulo Bento ne s’est pas caché durant les jours qui ont précédé le duel de sa Seleção face à l’Albanie. Il a assumé le statut de favori de son équipe. Les Albanais, 70e au classement FIFA, étaient à Aveiro où le Portugal n’avait jamais perdu (3 victoires, un nul). L’Albanie était même un bon souvenir (4 succès, un nul).
Dimanche soir, Balaj a balayé le début de l’opération reconquête du Portugal (0-1). Si le Mondial au Brésil est à oublier, s’il est "crucial pour le Portugal de se qualifier pour l’Euro 2016", a rappelé le président de la fédération la semaine de la rentrée, le onze de départ Paulo Bento n’avait rien de révolutionnaire. André Gomes était le seul titulaire à ne pas avoir participé au Mundial. Pas d’évolution, non plus. Il leur a manqué ne serait-ce qu’un but. Et il fallait tout sauf une défaite face à une chétive équipe albanaise (qui ne comptait dans son histoire que deux succès en plus de 40 matches de qualif pour un Euro...). Mais sans son capitaine, l’équipe nationale est abandonnée… Laissé au repos, CR7 qui porte encore les stigmates de son séjour au Brésil, manque incontestablement à sa Seleção. La stat se confirme : en 18 matches sans lui, son pays ne compte que 7 victoires. Mais même en son absence, le Portugal aurait dû mieux faire…

Nani toujours dans l’ombre de Cris

Impossible pour Nani de faire oublier l’influence de Cristiano. Bento le concédait avant la rencontre : "Aucune équipe n’est plus forte sans le meilleur joueur du monde". L’ailier avait récupéré le brassard et il a livré une prestation à l’image de ce qu’il démontre depuis son retour au Sporting : généreux, entreprenant mais confus. Il l’était aussi devant les journalistes. Au coup de sifflet final de Buquet ont succédé ceux des supporters portugais. "Nous devons améliorer beaucoup de choses", a déclaré Nani. A trop vouloir trop bien faire, le joueur de 27 ans en oublie l’insouciance qui faisait sa force. Quelques jours auparavant, il bombait pourtant le torse : "Le Mondial nous a fait du mal mais il ne nous a pas tué". Beaucoup réclament pourtant la tête du sélectionneur. Les mouchoirs blancs ont effacé les drapeaux des travées du stade d’Aveiro. Nani ne peut le nier : "C’est un résultat très négatif".

Bento sans défense ?

Sans Bruno Alves (blessé), Paulo Bento a opté pour une ligne arrière d’habituels. C’est Ricardo Costa, récemment éxilé au Qatar, qui a remplacé le défenseur de Fenerbahçe. Le jeune Vezo a pu observer les "anciens" galérer sur les contres de leurs adversaires. Luis Neto n’a pas eu de meilleur rôle. Remplaçant. Etonnant. Tout comme la titularisation de João Pereira rangé au placard à Valence. Barré par Marcelo au Real, Coentrão n’avait même pas pris pas à l’entraînement, la veille du match. Les latéraux ne comptent pas la moindre seconde de jeu en Liga depuis la reprise. La défense portugaise a encaissé 9 buts sur ses 5 dernières rencontres. Rui Patricio, qui effectuait son retour dans les buts, aggrave son cas et ses stats : 8 pions mangés sur ses 4 dernières sorties… Lors du prochain match, face à la France (11 octobre), Paulo va devoir repenser sa défense. Surtout si ses joueurs continuent de cirer le banc en club…

Le Portugal contraint de puiser dans des équipes de second plan

D’une façon globale, et pour paraphraser l’analyse de Bernard Caïazzo sur le foot français, Bento assiste à "l’albanisation" du Portugal. En plus de la gestion archaïque et chaotique au niveau interne (droits télé, influence des grands clubs, passage à 18 clubs en Liga, problèmes de salaire, corruption…), le vieillissement des cadres de la Seleção et l’absence d’une relève d’éléments titulaires dans des grands clubs (y compris portugais) obligent le sélectionneur à puiser dans des équipes de second plan (Malaga, Braga, D. Kiev, Wolfsbourg, Al-Sailyia, La Corogne) ou à insister sur des piliers en doute voire en déclin (Pereira, Coentrão, Ricardo Costa, Nani). Pas sûr que les jeunes sur lesquels il est contraint de miser soient encore prêts…
La concurrence étrangère au sein des "Grandes" (Benfica, Porto, Sporting) les poussent à émigrer de plus en plus jeune. Mais tous n’ont pas la chance (ou le talent)  d’atterrir chez des "Européens". Plus d’un tiers des joueurs convoqués (dont quatre des titulaires) face à l’Albanie ne disputera ainsi aucune compétition continentale cette saison. Plus grave que le rajeunissement latent du groupe, c’est son manque d’expérience qui inquiète. La Seleção a été incapable de conclure face à l’Albanie et les chiffres de ses élus n’avaient pas de quoi rendre optimiste. Seuls Eder, Ivan Cavaleiro (2e sélection dimanche) et le "puceau" Pedro Tiba ont marqué avec leur club en ce début de saison.
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Les Portugais vont devoir se relever, et vite, de cette monumentale claque.

Crédit: Eurosport

C’est quoi le plan C ?

Paulo Bento a souvent fait allusion à un "plan b". Au cas où son 4-3-3 ne donnerait pas satisfaction, au cas où Cristiano aurait un pépin. Face aux Albanais, il a aligné un… 4-3-3. Il faut dire que Bento n’avait appelé qu’un vrai 9 : Eder. Toujours muet après 12 caps. L’entrée d’Ivan Cavaleiro n’y a rien changé, le baptême de Ricardo Horta qui a tapé la barre (69e) non plus. Car les promesses ne suffisent pas. Le Mister vient de perdre son premier match à enjeu à domicile. Les Portugais n’avaient plus connu ça depuis le 10 septembre 2008 (2-3, qualifs pour le Mondial 2010). Six ans déjà !
Ils le vivent mal et le font savoir à leur sélectionneur qui tente de tempérer : "Tout remettre déjà en question ne semble pas être le chemin à suivre". Les contestations, les mouchoirs blancs ? "C’est une situation normale lorsqu’on perd…" Le genre de stress que la Seleção connait maintenant trop bien… Bento, aussi. Prolongé avant la Coupe du monde, il s’est montré évasif sur son avenir : "Je ne sais pas si mon poste est en remis en cause". La fédé songerait-elle à ranger le plan B…ento au placard ?
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