Equipe de france | Comment Camavinga veut bousculer la hiérarchie de Deschamps au milieu

"Je dois respecter les choix du coach mais je dois bosser, bosser pour lui montrer que je mérite plus de temps de jeu". Parfois, même des joueurs de la trempe d'Eduardo Camavinga réalisent ce genre de sortie médiatique, propre aux jeunes joueurs peu confirmés qui arrivent tout juste dans un nouveau club ou découvrent un nouveau coach. Ici, il s'agit d'un garçon qui doit encore convaincre Didier Deschamps, alors même qu'il a remporté la Ligue des champions en 2022, participe à tous les matches avec le Real Madrid depuis le début de la saison et compte déjà 12 sélections.

Le hic, c'est qu'au milieu de terrain, l'équipe de France semble avoir trouvé son équilibre. Aurélien Tchouaméni convainc toujours plus à chaque titularisation, Antoine Griezmann compte 81 sélections consécutives et se complait dans l'entrejeu, quand Adrien Rabiot donne de sérieux gages de régularité sous le maillot bleu. Youssouf Fofana, milieu de terrain de Monaco, lui aussi relégué sur le banc contre les Pays-Bas vendredi soir dernier, les a qualifiés de trois "martiens" qui "n'arrêtent pas de performer". Si contre l'Ecosse en amical mardi, le joueur du Real est annoncé comme titulaire au milieu, il apprécierait quelques minutes supplémentaires dans les rencontres à enjeu.

Alors quelle solution ? DD avait lancé Camavinga en tant que latéral gauche face à la Tunisie lors de la Coupe du monde dans un match pour du beurre. De quoi lui donner du temps de jeu et pallier la blessure de Lucas Hernandez en début de compétition. Quand bien même la solution avait également séduit Carlo Ancelotti, qui l'a aligné douze fois à ce poste, il semble que Camavinga perde légèrement patience.

Après une saison à ronger son frein sur le banc de la Casa Blanca, il est désormais titularisé à presque toutes les rencontres en club. Même s'il les termine rarement. Il a travaillé et attendu son heure, malgré l'arrivée de Bellingham, positionné dans un rôle plus offensif désormais, et la concurrence de Federico Valverde et Tchouaméni dans l'entrejeu. L'arrivée de Fran Garcia au Real cet été, un spécialiste du poste d'arrière gauche, a également aidé Ancelotti à concentrer le temps de jeu de la jeune pousse française au milieu de terrain.

"Cama" semble bien determiné à suivre le même processus chez les Bleus. En témoigne son long "Rooooh" ou encore "Je l'ai tous les jours cette question", quand des journalistes abordent avec lui en conférence de presse le sujet de ce poste de latéral qu'il goûte peu, voire plus du tout. "Je pense que tout le monde est au courant. J'y vais même si ce n'est pas forcément avec plaisir. (...) Il fallait bien mettre quelqu'un et comme je suis un joueur d'équipe eh bien j'y vais, même si ça ne me fait pas forcément plaisir", a-t-il d'ailleurs appuyé. Avant d'ajouter : "Je reste un milieu de terrain."

Si rien n'est jamais acquis dans un grand club comme Madrid, l'ancien rennais semble installé dans l'entrejeu d'un groupe au poste d'arrière gauche déjà doublé, voire triplé avec la présence du polyvalent David Alaba. Reste la question épineuse de l'équipe de France. Est-ce que Didier Deschamps pourrait se laisser convaincre par la seule force du travail acharné de Camavinga ? Ou alors y a-t-il une vraie chance à saisir à ce poste qui n'est pas le sien ? Difficile, alors que les deux frères Hernandez sont deux solutions naturelles.

S'il souhaite intégrer pleinement la rotation de l'entrejeu, Camavinga a déjà quelques pistes en tête. Le Merengue, selon ses mots, sait qu'il doit travailler sur sa "concentration" et sa capacité à "être plus décisif". Des axes de progression assez évidents. D'abord parce que ses homologues du milieu apportent offensivement, chacun à leur manière. Aussi parce que, même dans des bons jours, il est arrivé de voir Camavinga avoir des trous d'air sous le maillot bleu. Rien d'alarmant pour un joueur de 20 ans, quelque chose de pressant pour un gamin qui a faim de foot.