L'antisèche de Gibraltar - France (0-3) : pas de cannes, pas de festival

Un peu plus de temps pour travailler avec ses joueurs qu'à l'accoutumée, mais au cœur du mois de juin : Didier Deschamps a composé avec tout ça pour aligner l'équipe la plus en jambes, vendredi à Faro. Pas de suspense superflu : ça a suffi. Avec Brice Samba et Wesley Fofana, néo-internationaux du soir, en lieu et place de Mike Maignan (alerte au mollet) et Dayot Upamecano et une base plus classique, les Bleus ont eu la présence d'esprit d'ouvrir le score rapidement, par Olivier Giroud (3e).

Après ça, ils ont tenu le ballon, comme attendu, manqué de précision ou d'énergie, comme redouté, mais fini par piquer les Gibraltariens une deuxième fois avant la pause, pour tuer un match qui ne demandait que ça. La seconde période n’a guère juré avec le premier acte.

Dans un match sans rythme et largement dominé par l'équipe de France, peu d'individualités ont crevé l'écran. Kylian Mbappé a bien fait d'insister et a fini par influer sur le scénario du match. Théo Hernandez fut l'un des rares à mettre de l'intensité de la première à la dernière minute. Wesley Fofana et Brice Samba ont vécu un galop d'essai au petit trot.

Et si El Hmidi avait réussi son coup et son lob de plus de cinquante mètres sur Samba au cœur de la première période ? "On aurait eu l'air un peu ridicule", a reconnu Didier Deschamps à la mi-temps. Il faut dire que l'occasion a été offerte sur un plateau par une paire Camavinga - Griezmann quelque peu indolente. Ça n'aurait peut-être pas changé grand-chose à l'arrivée. Mais ç'aurait fait 1-1 et les Bleus auraient pris un petit coup de pied aux fesses.

Alors oui, l'équipe de France n'a pas vaincu l'équipe la plus terrifiante de la planète. Mais, en prenant un peu de recul, les Bleus peuvent être satisfaits d'avoir remporté les trois premiers matches de cette campagne de qualification, après deux victoires face aux Pays-Bas (4-0) et à l'Irlande (0-1). Un détail ? Pas forcément. Les Français n'avaient plus réussi un 9/9 depuis les qualifications pour… l'Euro 2024.

"On aurait pu mieux faire bien évidemment, on sait qu’on aura un match plus compliqué lundi. Les intentions étaient bonnes, mais on a manqué de promptitude ou d’accélération pour les mettre en difficulté. Pas étonnant qu’ils n’aient pris que trois buts face aux Pays-Bas ou à l’Irlande."

Cette réponse pourrait être la plus courte de l'histoire des antisèches d'Eurosport. Parce qu'on est bien embêté à l'heure de tirer un bilan de cette rencontre face à Gibraltar. Sur le plan comptable, les vice-champions du monde ont battu la 201e nation à la FIFA (sur 211) 3-0. Ça fait trois points, mais on est loin d'un carton rêvé et des triplés ou quadruplés fantasmés par les buteurs bleus. Ça n'aurait pas changé l'histoire du monde ni le destin de cette équipe, mais ç'aurait fait plaisir aux attaquants qui étaient venus pour ça, même s'ils ne le diront pas.

La chaleur, étouffante, et la pelouse, sèche, n'ont guère facilité la tâche des Bleus. Les montants de Coleing, touchés par Tchouaméni (deux fois), Griezmann et Disasi, n'ont pas plus fait leurs affaires. M'enfin, les vice-champions du monde n'ont pas versé dans le dépassement de fonctions, ce que Didier Deschamps espérait. Il aurait pourtant suffi d'appuyer un peu plus fort sur le champignon, pas beaucoup plus mais juste un peu, pour que le rocher vole en éclat. Les gars de DD n'en avaient pas la force.

Le job est fait. Mais lundi, il en faudra un peu plus. Il fera pourtant aussi chaud. Et la pelouse du Stade de France, 48 heures après la finale du Top 14, ne sera sans doute pas meilleure qu’à Faro. Ce sera aux Bleus de trouver les ressources pour hausser le ton.