Liste de Deschamps - Equipe de France : Le Qatar avait déjà changé le visage des Bleus, DD a misé sur la continuité

Les équipes nationales ont ça de particulier que, pour savoir si la continuité est de mise, il suffit de savoir compter. De connaître les rudiments de l’algèbre, avec les additions et les soustractions. Ou plutôt, pour être tout à fait précis, de démarrer par les soustractions puis travailler les additions.

Dans le cas de l’équipe de France, collection mars 2023, ce n’est pas bien compliqué. Vous prenez les Mondialistes 2022, au nombre de 26, vous retranchez 4 retraités de leur plein gré (Hugo Lloris, Raphaël Varane, Steve Mandanda et Karim Benzema), vous retirez 2 autres joueurs non retenus par Didier Deschamps (Matteo Guendouzi et Axel Disasi), 2 indisponibles (Lucas Hernandez et Ousmane Dembelé) : il vous reste 18 vice-champions du monde, auxquels vous ajoutez 5 joueurs, pour arriver à 23.

Parmi ces cinq, trois nouveaux : Brice Samba (Lens) dans les buts, Wesley Fofana (Chelsea) en défense et Khéphren Thuram (Nice) au milieu. Ainsi que deux revenants : Mike Maignan (AC Milan) et Moussa Diaby (Bayer). Et une impression nullement voilée : Didier Deschamps n’a pas dérogé à ses habitudes. Il a choisi la continuité.

Prolongé dans des conditions décriées pour les quatre prochaines années par l’ancien président de la FFF, Noël Le Graët, le sélectionneur des Bleus n’a pas renversé la table. Ce que personne n’attendait, sauf quelques audacieux ou grincheux, ici et là. Ce que personne ne lui demandait, surtout. Pour une raison assez simple : l’équipe de France a perdu la finale de la dernière Coupe du monde, certes. Et il y a à redire sur les soixante-dix-huit premières minutes d’un duel rendu épique par un seul homme, Kylian Mbappé. Mais les Bleus ont tout de même atteint ce stade et, lors de la compétition, déjà, le renouvellement s’était opéré, par la force des choses.

Face aux Pays-Bas, vendredi prochain, et malgré la retraite de l’indéboulonnable Varane, la question de la charnière et de la succession du vice-capitaine tricolore ne se posera pas. Le problème avait déjà été résolu durant le Mondial : Ibrahima Konaté et Dayot Upamecano, les deux anciens de Leipzig, ont pris les commandes. Dans le but, la question est réglée. Elle l’était, à partir du moment où Hugo Lloris avait décidé de dire stop.

Le constat de derrière est également valable au milieu : la nouvelle aventure vers l’Allemagne et l’Euro 2024 a pris corps au Qatar. Paul Pogba et Ngolo Kanté passant plus de jours à l’infirmerie que sur les terrains d'entraînement ces derniers mois, le sélectionneur des Bleus n’a eu d’autre solution que de construire son entrejeu avec d’autres hommes, Aurélien Tchouaméni et Adrien Rabiot, ce dernier ayant explosé lors du Mondial. L’arrivée de Khéphren Thuram est une injection naturelle de sang neuf indolore.

La continuité, ce n’est pas que les rentrants ni les revenants. Mais les présents, simplement. Il n’a échappé à personne qu’Eduardo Camavinga a été retenu parmi les défenseurs, poste occupé par le Madrilène face à la Tunisie (difficilement) et en finale face à l’Argentine (bien mieux). C’est ponctuel, comme l’a dit DD, mais Cama latéral gauche, c’est un acquis du Qatar. "Il me permet d'avoir plus de garanties sur ce poste-là. Il ne sera pas surpris, j'ai déjà eu des discussions avec lui par rapport à cette utilisation", a révélé le sélectionneur national, jeudi.

Deux autres symboles qataris sont là aussi : Benjamin Pavard et Olivier Giroud. Le premier aurait eu des raisons de disparaître du scope bleu, au moins temporairement. Parce que sa Coupe du monde, passée sur le banc après une première catastrophique, a pour le moins interrogé, en interne comme le grand public.

Le second, qui s’est relevé de tout, aurait pu laisser sa place aux jeunes. Parce que Marcus Thuram et Randal Kolo Muani ont donné quelques garanties sur les hauteurs, du côté de Lusail. Pourtant, DD a choisi de poursuivre l’aventure avec Giroud, qui va sur ses 37 printemps. Au fond, c’est une évidence… qui n’en a pas toujours été une, malgré les qualités et l’indéniable apport du meilleur buteur de l’histoire des Bleus (53 réalisations). Mais là aussi, DD s'est reposé sur ses acquis. Et il est compliqué de le lui reprocher.