Retraite d'Eden Hazard - "A 16 ans, Eden éliminait les joueurs comme des plots" : Quand Puel se souvient d'Hazard

Pour impressionner Claude Puel, il faut se lever de bonne heure. L'ancien coach de Monaco, Lille, Leicester ou Lyon a eu sous ses ordres quelques-uns des plus grands talents du foot mondial. De Thierry Henry à Karim Benzema, d'Eric Abidal à Virgil van Dijk, le Tarnais, au fil d'une très riche carrière de coach qui s'étend sur bientôt 30 ans, n'a pas toujours le compliment facile. Mais Eden Hazard tient une place particulière dans son parcours.

C'est Claude Puel qui l'a lancé chez les pros, un soir de novembre 2007, à Nancy. Ce soir-là, le Belge remplace Nicolas Fauvergue et devient à 16 ans et 10 mois le plus jeune joueur de l'histoire du LOSC. Le début d'une grande aventure qui s'est officiellement achevée ce mardi après 16 ans au plus haut niveau. Puel se souvient de ce jeune gamin, bourré de talent, pas toujours sérieux aux entraînements et qui transpirait déjà l'évidence.

C.P. : Je le connais depuis les U16. Il était avec mon fils, Grégoire. Eden jouait en 10, mon fils jouait avant-centre et il a mis beaucoup de buts grâce à Eden. C'est mon premier souvenir. Je connaissais les gamins, j'allais les voir. La première fois que je le prends en pro, lors d'une trêve internationale, on fait un amical contre Bruges. A 16 ans déjà, il était extraordinaire. Il a montré des choses magnifiques, marqué un but et je l'ai fait débuter dans la foulée chez les pros.

C.P. : A 16 ans, il était déjà mature dans son jeu, formé physiquement, costaud et solide sur ses jambes. Des adultes essayaient de le faire tomber à l'entraînement ou en match mais il résistait parce qu'il était déjà très fort sur ses jambes. Il faisait des différences en éliminant des joueurs comme de vulgaires plots. Il a toujours eu cette particularité. Mais à 16 ans, il avait déjà le sang-froid, le relâchement. Il était capable de s'arrêter en pleine action, de mettre le pied sur le ballon et faire une passe décisive que personne n'avait vue. Il avait un temps d'avance sur tous les joueurs qui l'entouraient et une maturité exceptionnelle.

C.P. : Sa force, c'est aussi qu'il ne connaissait pas la pression. Dès son plus âge. Je ne sais pas s'il a déjà ressenti une quelconque forme de pression à jouer ou à devoir faire un résultat. Peut-être plus tard dans sa carrière mais je n'en suis pas certain. Parce que tout était naturel chez lui, tout coulait de source.

C.P. : C'était une façon pour moi de lui apprendre certains codes et de voir comment il allait réagir pour une première sous la pression. A cet âge, les jeunes sont cycliques. C'est important de leur montrer le groupe pro, ses exigences. J'ai fait ça avec beaucoup de gamins.

C.P. : C'est pour cela qu'il fallait l'utiliser avec parcimonie. L'idée, ce n'était pas de le griller, de le blesser ou d'en faire trop. C'est allé déjà très vite pour lui à l'époque.

C.P. : Oui, ce ne sont que des premiers pas. J'ai quitté le club et je n'ai pas eu l'occasion de lui donner autre chose mais il était lancé avec une présence continue dans le groupe pro. Ce n'était d'ailleurs pas le joueur le plus assidu aux entraînements ou lors du travail devant le but. Parce que ce qui l'intéressait, c'était la compétition. Il voulait se faire plaisir. Être passeur, altruiste : il avait tout. Quand on hérite d'un gamin comme ça, il faut faire attention de ne pas le déformer. Il ne faut pas lui interdire de dribbler, il faut l'accompagner et simplement lui apprendre quelques codes pour être professionnel. Il ne faut rien corriger avec ce genre de talent car tout est inné.

C.P. : Non. On ne sait jamais, on ne peut pas savoir. Il avait le talent, oui. Mais il peut arriver tellement de choses dans une carrière. Il avait la maturité et un talent exceptionnel. Je l'ai suivi mais il a passé un palier supplémentaire à Chelsea où il a été énorme. Il a été élu meilleur joueur de Premier League. On pensait qu'il pouvait le faire mais de là à ce que ça soit effectif. Il s'est enrichi en efficacité en devenant plus complet encore. J'étais très heureux de le voir s'épanouir.

C.P. : Hatem était un joueur magnifique. On a travaillé son efficacité à Nice. C'était un talent exceptionnel mais j'aurais aimé l'avoir avant pour le rendre plus régulier. Comme Hatem, Eden avait ce dribble, ce coup de rein. Mais derrière, il avait le sang-froid et le relâchement devant le but pour marquer ou donner la passe décisive. Hatem avait moins d'efficacité à la sortie de ses raids.