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Serie A, Inter : Pourquoi Mancini est, déjà, le dernier atout de Thohir et de l'Inter

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 22/11/2014 à 14:15 GMT+1

On était pourtant persuadé que Mazzarri allait durer au moins jusqu’au derby milanais, mais l’Inter l’a licencié et rappelé Mancini de façon inattendue. C'est donc un retour six ans après sa première expérience, et déjà la carte de la dernière chance pour Thohir.

Thohir, le propriétaire de l'Inter Milan

Crédit: AFP

Erick Thohir a finalement craqué, et probablement sous la pression de Massimo Moratti. Le premier est néo-président de l’Inter depuis un an, le second, en poste  les vingt années précédentes. Certes le nul contre le Hellas lors de la dernière journée avait compliqué la position de Walter Mazzarri mais puisqu’aucune décision n’avait été prise les quatre jours suivants, on pensait que la situation allait rester immuable jusqu’au derby. Seulement voilà, l’Indonésien a pris tout le monde de court avec l’annonce du licenciement vendredi dernier, un an, au jour près, après son intronisation à la présidence de l’Inter. Joli cadeau d’anniversaire !
Mazzarri quitte l’Inter avec un bilan bien triste : 43 % de matches gagnés, une statistique gonflée par la Ligue Europa car en championnat, la proportion descend à 39 % avec 19 succès, autant de nuls et 11 revers. Le Toscan avait beau mettre du cœur à l’ouvrage, son immobilisme tactique, l’absence de jeu, l’irrégularité (jamais plus de deux victoires d’affilée) et son incroyable impopularité auprès des tifosi l'ont conduit à son licenciement.  

Un entraineur de carrure internationale, mais pas dans le gotha mondial

Thohir a ainsi opté pour le retour de Mancini, déjà présent sur le banc des Nerazzurri de 2004 à 2008 où il a remporté trois championnats (dont un sur tapis vert), deux coupes d’Italie et deux Supercoupes. Profitant également du vide au sommet de la Serie A créé par le Calciopoli, il avait tout de même posé les bases de la future Inter de Mourinho qui remportera l’historique Triplete, deux saisons après son départ. S’ensuivent des passages à Manchester City ou Galatasaray avec quatre autres trophées glanés.
Des expériences malgré tout mi-figue mi-raisin. Notamment en Angleterre : d’un côté des titres, et les premiers depuis belle lurette pour les Citizens, et de l’autre, de nombreux échecs européens qui font mauvais genre à la vue des indigentes sommes d’argent investies durant son mandat. Ce qui était d’ailleurs le cas lors de son premier passage à l’Inter. Ainsi, difficile faire de Mancini un des top managers mondial même s’il enchaine les bancs de touche prestigieux depuis le début de sa carrière d’entraineur. Il lui manque un petit quelque chose. Un indice ? Elle a des grandes oreilles.
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Roberto Mancini sur le banc de Galatasaray

Crédit: Panoramic

Mancini, une certaine idée de la classe

Thohir a surtout voulu embaucher un technicien à l’envergure internationale. Mancio, c’est un nom, une image et une certaine idée de la classe. Un potentiel beaucoup plus important sur le plan du marketing que son prédécesseur. Par exemple, il manie parfaitement la langue de Shakespeare, chose qui tient à cœur à Thohir. Le propriétaire de l'Inter pourra d’ailleurs communiqué avec son coach, ce qui n’était pas le cas avec Mazzarri.
Toutefois, derrière cette décision, se cache l’ombre imposante de Massimo Moratti. Si cela ne tenait qu’à lui, il aurait viré le Toscan depuis déjà plusieurs semaines, faisant honneur à sa légendaire impatience. C’est lui qui a conseillé Thohir de changer et de choisir un entraineur qui connaissait déjà l’environnement du club, il a en effet confié que l’autre option était…Leonardo ! Moratti a quand même fait réembaucher une personne qu’il avait débauchée lui-même six ans plus tôt… En tout cas, cette décision a rapproché les deux copropriétaires un peu en froid depuis quelques temps. Rappelons que l’entrepreneur milanais a démissionné du conseil d’administration suite aux trop nombreuses critiques sur sa gestion financière.
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Thohir et Moratti (Inter)

Crédit: AFP

La marge de manœuvre est réduite

Parlons un peu terrain et là, le changement sera à première vue drastique. Avec Mancini, la défense à trois est prohibée, retour donc à une disposition plus classique à quatre comme cela a toujours été le cas dans sa carrière. Après avoir pensé à un 4-2-3-1, on se dirige finalement vers un 4-3-1-2, soit un milieu en losange et un vrai numéro 10, poste qui devrait être occupé par le Croate Kovacic. Oubliez la possession de balle stérile et statique qui a caractérisé les derniers mois de l’ère Mazzarri, ainsi que la présence de Medel devant la défense, soit un quatrième défenseur central ajouté. Place à un jeu à une touche de balle avec beaucoup plus de verticalisations et de prises de risques. L’Inter possède des joueurs qui ont la qualité technique pour amorcer cette mini-révolution.
Cette décision engendre cependant un problème et pas des moindres, le mercato estival a été élaboré en fonction des directives de Mazzarri et quelques recrues risquent de se trouver sur le carreau. On pense notamment à Vidic puisqu’il n’y a la place que pour deux défenseurs centraux, Ranocchia (que Mancini a d’ailleurs voulu faire venir en Turquie l’hiver dernier) et Juan Jesus. Jamais à l’aise depuis son arrivée, le Serbe est donc bien parti pour squatter le banc. Le Chilien Medel (payé 8 millions d’euros) ne convaincrait pas non plus le nouvel entraineur. Toutefois,  le beau Roberto devra faire avec les éléments à disposition. La configuration est totalement différente de sa première expérience interiste où il pouvait demander les joueurs qu’il voulait. Finis les achats à prix d’or, il va falloir tirer le meilleur de cet effectif. La secousse psychologique du changement d’entraineur s’atténuera d’ici quelques semaines, elle devra vite être compensée par une mise en place tactique efficace et des résultats. Le Napoli s’est emparé de nouveau de cette 3e place vitale, il sera difficile de le déloger.
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Tohir, le propriétaire de l'Inter Milan

Crédit: Panoramic

Thohir joue déjà sa dernière carte

Cet objectif est essentiel. Thohir a pris un gros risque sur le plan financier. De ce point de vue, ce changement d’entraineur est assez incompréhensible. L’Indonésien sort d’une rencontre avec l’UEFA il y a deux semaines où il a dû expliquer le plan de relance suite au déficit de 100 millions d’euros du dernier bilan comptable. Des sanctions sont d’ailleurs à prévoir dans le cadre du fair-play financier. Les comptes vont empirer avec ce changement, l’Inter a désormais les deux entraineurs les mieux payés de la Serie A sous contrat. Quatre millions nets pour Mancini, 3.5 pour Mazzarri. Ce dernier avait été prolongé jusqu’en 2016 et si un accord à l’amiable n’est pas signé ou s’il ne trouve pas de nouvel employeur avant, il sera rémunéré jusqu’à l’échéance de son bail. En prenant en compte le staff de chacun, on estime le coût total de cette opération 30 millions d’euros.
Petit lot de consolation, à court terme, cela permet de prendre un avantage psychologique dans le derby. Les plans de Pippo Inzaghi ont été chamboulés, il s’apprêtait à affronter une Inter moribonde et devra finalement faire face à une équipe ragaillardie. Oui mais jusqu’à quand ? Thohir a déjà joué le tout pour le tout. Ça passe, ou ça casse !
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