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Serie A : L'an prochain, la Juventus veut briller aussi en Europe

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 08/05/2014 à 23:10 GMT+2

A peine le temps de savourer son troisième scudetto d'affilée, que la Juventus pense déjà à la saison prochaine. Il s'agit, cette fois, d'être compétitif sur la scène européenne, mais pas sûr que ce soit avec Antonio Conte sur le banc de touche.

Paul Pogba, milieu de terrain de la Juventus, lors de la saison 2013-2014

Crédit: Panoramic

La boucle est bouclée. La Juve a bel et bien repris son statut de locomotive du football italien. Envoyée en enfer il y a huit ans suite au Calciopoli, elle n'a mis que six saisons avant de regoûter aux joies du scudetto. D'abord, un titre sans perdre le moindre match, une confirmation la saison suivante et puis le titre de tous les records cette année. Si elle empoche deux points sur les six derniers disponibles, elle battra le record de 97 unités fixée par l'Inter post-Calciopoli lors du seul championnat de Serie A de l'histoire disputé sans la Juve. Un joli clin d’œil du destin.
Concernant l'appréciation des supporters adverses et d'une bonne partie des médias, rien n'a changé par rapport aux cycles précédents. En effet, les accusations et sous-entendus véreux concernant les victoires de la Vieille Dame sont toujours le train-train quotidien de l’Italie non-juventina. Et pourtant cette Juve fait même mieux que celle à qui on attribue de façon erronée le mérite au "système-Moggi" afin de la décrédibiliser. Que ce soit clair, la Juventus est une fois de plus l'équipe italienne la mieux bâtie, la plus solide, la mieux projetée dans l'avenir, comme celles de Trapattoni, de Lippi et de Capello. Une précision utile dès fois que certaines inepties auraient traversé les Alpes. La Juve de Conte a même le mérite de tenir la tête du football italien hors de l'eau en ces temps difficiles.

Fin de cycle ?

"Je dois comprendre si j'ai les forces pour continuer", a déclaré Antonio Conte après la rencontre de lundi contre l'Atalanta. Il y a comme un air de fin de cycle avec ce nouveau titre. L'entraineur bianconero l'avoue à demi-mot et se montre indécis quant à son avenir même s'il nous avait déjà fait le coup l'an passé avant de finalement rester. Son contrat actuel court jusqu'en 2015, mais Conte est fatigué de se dépenser sans compter pour protéger ses joueurs. Pas épargné par la presse, il se mue régulièrement en directeur de la communication pour défendre son équipe devant l'absentéisme coupable de ses dirigeants dans les médias. Le natif de Lecce est lassé du football italien et toutes ses polémiques et pense de plus en plus à une expérience à l'étranger.
"Selon moi, il n'y a pas de marge d'amélioration", voilà une seconde sonnette d’alarme tirée par Conte qui a obtenu le meilleur de plusieurs éléments. Les Bonucci, Barzagli, Chiellini, Vidal, Marchisio, Lichtsteiner passeront difficilement un palier supplémentaire. D'ailleurs, l'effectif a une moyenne d’âge plutôt élevée (proche des 29 ans) et seul Pogba peut être considéré comme jeune. Conte craint d'avoir trop pressé ses joueurs. Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui de Mourinho conscient de ne plus rien pouvoir obtenir de l'équipe du Triplete interiste, raison pour laquelle il a sauté dans la limousine de Florentino Perez au soir de la victoire en Champions League. Attention aussi au syndrome Sacchi, entraineur également exigeant voire usant et dont le départ du Milan avait été accueilli avec soulagement par ses joueurs malgré les nombreux trophées remportés.
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Paul Pogba (Juventus)

Crédit: Panoramic

Renforcer l'équipe

La Juve possède un onze de départ qui, sur le papier, vaut largement le Top 8 européen. Cependant quelques éléments ont montré leurs limites en coupes d'Europe. On pense à un Bonucci qui a tendance à plafonner et au duo Llorente-Tevez, prolifique en championnat (34 buts), aux abonnés absents hors d’Italie (seulement 3). Il faut un autre élément offensif de poids pour espérer rivaliser avec les cadors. La Vieille Dame n'a pas les moyens de se payer un crack et devra procéder autrement, en fouillant parmi ses joueurs en copropriété (Immobile, Berardi) ou en visant un joueur à la Morata (nom qui revient le plus souvent).
D'autres postes ont besoin de renforts, des alternatives valables au duo d'ailiers Asamoah et Lichtsteiner (autre chose qu'Isla, Padoin et Peluso) et un milieu qui s'ajoute au quatuor Vidal, Marchisio, Pogba, Pirlo car dès que deux d'entre eux sont absents, c'est la panique. Enfin pourquoi ne pas préparer l'après Buffon/Pirlo. Sachant qu'il est difficile qu'un tel mercato se fasse sans le sacrifice de Paul Pogba, joueur indispensable pour Conte. L’idéal serait de réitérer l'été 2001, Moggi vendait Inzaghi et Zidane et réinjectait le pactole en recrutant le trio Thuram-Nedved-Buffon. Deux saisons et scudetti plus tard, la Juve atteignait la finale de la Ligue des Champions.

Envisager un changement tactique

Le système de jeu de Conte est un des sujets qui fait le plus couler d’encre dans la presse sportive italienne. Il ne déroge pas de son 3-5-2 désormais parfaitement huilé et qui désintègre les adversaires italiens autant qu'il est inefficace en C1. On ne peut pourtant pas taxer l'entraineur de la Juve d'immobilisme tactique, rappelons qu'il avait débarqué à Turin avec un 4-2-4 en tête, puis était passé sur un 4-3-3 et enfin un 3-5-2 très populaire en Serie A. Conte aimerait revenir justement à un 4-3-3 ou en tout cas à un système de jeu qui fait la part belle aux ailiers, comme la plupart des top clubs européens.
Mais il a besoin d’interprètes dignes de ce nom, des Robben, Ribéry, Di Maria, Hazard et compagnie. Plusieurs joueurs ont été ciblés, susceptibles de quitter leur club ou ayant besoin d'être relancé. Le nom de Nani est souvent cité, le rêve s'appelle Cuadrado mais il sera difficile de rivaliser avec les ogres européens pour le recruter. Idem pour Alexis Sanchez. Il faut en tout cas moins de petits soldats (la marque de fabrique de la Juve) et un peu plus d'hommes de main, des éléments capables d'apporter de l'imprévisibilité au système de jeu actuel presque trop mécanique.

Viser l'Europe

Tout ceci en vue d'améliorer les performances en Coupes d'Europe. Car si le bilan comptable de la Juve de Conte en championnat frôle la perfection (81 victoires et 7 défaites en 112 matches), celui européen est moins brillant (11 succès et 5 revers en 24 rencontres). Il y a ceux qui voient le verre à moitié plein avec un quart de Ligue des Champions l'an passé (élimination contre le Bayern, futur vainqueur) et une demie de Ligue Europa après onze ans d'absence dans le dernier carré. Et puis il y a ceux qui le voient à moitié vide avec la piètre élimination au premier tour de la Ligue des Champions et une finale loupée de Ligue Europa au Juventus Stadium qui tendait pourtant les bras aux Bianconeri.
Conte est clairement à classer dans la première catégorie, il défend son bilan, rien de plus normal et d’ailleurs si on ne prend en compte que les saisons où sa Juve a participé à l’Europe, elle est huitième au classement UEFA. Toutefois, on se demande s'il n'en fait pas trop quand il affirme que son équipe vaut actuellement un huitième de C1 voire un quart si elle a un bon tirage. Le Borussia l’an passé et l'Atlético cette année sont là pour le contredire, il est encore possible de réaliser un excellent parcours sans se saigner aux quatre veines.
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L'entraîneur de la Juventus, Antonio Conte, salue les fans au Juventus Stadium à Turin malgré l'élimination en demi-finale de l'Europa League face au Benfica le 1er mai 2014.

Crédit: AFP

Oui, mais la viser pour de vrai

En fait plus que de changements tactiques, de joueurs voire d'entraineur, la Juve nécessite d'un changement de mentalité. Elle doit se défaire d'un vieux défaut (on en a connu des pires) qu'elle traine depuis des lustres : celui de se concentrer avant tout sur la Serie A. L'été dernier, le message avait d'ailleurs été clair, priorité à un troisième scudetto consécutif. Cela pouvait être également perçu comme un aveu de faiblesse devant l’impossibilité d’être réellement compétitif en Europe. La passe de trois réussie et maintenant que la Roma devra jouer sur deux fronts, les priorités pourraient enfin changer, mais connaissant la Juve, elle sera trop tentée de faire la passe de quatre. Bref, il s'agit donc plus d'une mutation génétique que d'un changement de mentalité. Reste à savoir si ce sera avec ou sans Conte.
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