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L'Italie rêve de la Coupe du monde et de l'Euro mais ses stades n'en sont pas dignes

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 10/04/2015 à 12:29 GMT+2

Si la Serie A sait très bien vendre ses droits TV, elle a en revanche du retard concernant ses infrastructures. La Juve a montré la voie, mais les autres vont-t-ils suivre ? Ce serait fondamental afin que l’Italie puisse organiser prochainement un Euro ou une Coupe du monde.

Le stade de San Siro

Crédit: AFP

Récemment, on a longuement parlé du nouveau pactole des droits TV qu’empocheront les clubs anglais à partir de l’été prochain. Sur ce point, la Premier League écrase tous les autres championnats. Mais à force de parler du redimensionnement de la Serie A, on oublie souvent que c’est bien elle qui sait encore le mieux marchander son image. Loin derrière les Anglais certes, mais devant la Liga et terrassant Bundesliga et Ligue 1.
Le championnat italien est encore un produit qui attire et même commercé à plus de trois milliards pour les trois prochaines saisons. Toutefois, il pourrait être encore plus attrayant avec des décors remis à neuf. C’est sur ce point que l’Italie a du boulot. Les stades anglais sont rénovés un à un, tout comme ceux espagnols. Tandis qu’allemands et français ont bénéficié des compétitions estivales organisées, Mondial 2006 pour les premiers, Euro 2016 pour les seconds.
Voilà la principale raison qui a coûté l’attribution des deux derniers Euros à l’Italie. Et pourtant, elle organisait le Mondial 90 il y a "seulement" 25 ans. Ce fut cependant un gâchis d’argent et de ciment avec des cathédrales dans le désert rarement remplies par la suite. Les chiffres sont d'ailleurs tombés, la moyenne des spectateurs a encore baissé cette saison, la voilà en-dessous des 22 000.
L’Euro 2020 étant itinérant, on peut aisément deviner que l’Italie retentera le coup en 2024 (la Turquie et l’Allemagne aussi), même si Rome pense sérieusement aux J.O. de la même année. Qu’en serait-il d’une candidature italienne aujourd’hui ?

La Juve donne l’exemple, mais…

Les dirigeants de la Juventus avaient montré la voie il y a bien longtemps. C’est en effet l’ancienne direction (celle qui a sauté durant le Calciopoli) qui avait compris bien avant tout le monde l’intérêt d’avoir un stade moderne et surtout de propriété afin d’augmenter les entrées d’argent. Jean Claude-Blanc, actuel directeur général du PSG, n'a fait que récupérer et conclure le dossier. Le Stade Delle Alpi fut ainsi démoli alors qu’il avait été érigé seulement seize ans plus tôt.
Mais ceux qui l’ont connu confirmeront ce diagnostic : un stade froid avec une piste d’athlétisme superflue. Aucun regret. Il a ainsi été rasé pour y construire le fameux Juventus Stadium inauguré en septembre 2011. Un petit bijou de technologie, qui sent bon la peinture fraîche et l’histoire des Bianconeri. Toutefois, il a un défaut et pas des moindres, seulement 41000 spectateurs peuvent venir s’y entasser. C’est 1000 de moins que Gerland pour vous donner un ordre d’idées. Pas compliqué de faire guichets fermés à chaque rencontre. Alors, la Juve a montré la voie certes, mais prière de ne pas la suivre sur la capacité.
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Juventus Stadium, Juventus Turin

Crédit: AFP

La Roma et le Milan le suivent, mais doivent s’armer de patience

Deux autres Top clubs ont décidé d’emboiter le pas. Le charme des derbys intramuros italiens, c’est de voir les équipes concernées partager le même stade, mais cela a ses limites dans le foot moderne. Ainsi, la Roma et le Milan ont décidé de déserter les mythiques Olimpico et San Siro. La direction américaine a présenté son projet il y a déjà plus d’un an, mais, bureaucratie italienne oblige, du retard a été accumulé.
Initialement, l’inauguration était espérée pour septembre 2016, on parle désormais d’une première pierre posée au printemps prochain. C’est que ce stade entièrement financé par des fonds privés devra être accompagné d’infrastructures adéquates pour s’y rendre. La commune de Rome veille au grain. Quant à celui du Milan, le projet est ambitieux mais embryonnaire. Il se dresserait en face du nouveau siège (Casa Milan) mais pas avant 2020.
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Stadio Olimpico, Roma Stadium, Rome

Crédit: AFP

L’Udinese n’attend pas, Sassuolo non plus

Cela fait des années que les dirigeants de club attendent une loi qui leur faciliterait la tâche pour se lancer dans la construction de nouvelles enceintes, mais elle n’est toujours pas sortie du parlement italien. D’autres n’ont pas patienté. Sans surprise, on retrouve l’Udinese. Question de tradition. Dans le Frioul, on parle peu mais on agit beaucoup. A la manière de la Juventus, le terrain du stade a été acheté à la commune pour 99 ans. Le Stadio Friuli n’a pas été démoli mais retapé tribune par tribune et la piste d’athlétisme éliminée. 
On aura une enceinte complètement refaite à neuf à la fin de l’année civile, tout ceci pour la modique somme de 22 Millions d’ euros. Le petit poucet Sassuolo, lui, a choisi une autre solution, en rachetant le stade de Reggio Emilie. Il fut construit par les dirigeants de la Reggiana il y a vingt ans, pensant que le club allait se pérenniser parmi l’élite. Vingt, c'est aussi le nombre de kilomètres qui séparent ces deux petites villes, voilà un intelligent compromis. 
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Stadio Friuli, Udinese Stadium, Udine

Crédit: AFP

Des enceintes sexagénaires et dépassées 

S’il y a une chose que l’on ne peut pas enlever aux stades italiens, c’est qu’ils transpirent l’Histoire. Et pour cause, ils ont 63 ans de moyenne d’âge ! Rassurez-vous, ils ont été régulièrement rénovés au cours des décennies, notamment pour la Coupe du monde 90. Néanmoins, San Siro et l’Olimpico de Rome sont les deux seules enceintes italiennes qui figurent dans la catégorie 5 étoiles de l’UEFA, pouvant ainsi prétendre à l'organisation d'une finale de Ligue des champions. Voici les trois défauts principaux de ces stades :
  • trop grands : si les deux terrains précédemment cités bénéficient d’autant de considération auprès des instances européennes, c’est surtout grâce à leur capacité (82000 et 73000 places). Sauf qu’ils font rarement guichets fermés dans une saison. Pis, le troisième anneau du Giuseppe-Meazza est régulièrement clos pour économiser sur le service d'entretien...
  • trop "athlétiques" : le Dall’Ara de Bologne, le Bentegodi de Vérone, le San Paolo de Naples, l’Artemio Franchi de Florence, tous sont dotés d’une piste d’athlétisme qui sépare le terrain des tribunes et pénalise la visibilité. Pourtant, l’Italie n’organise que deux meetings importants durant la saison, à Rome et à Rieti. Elles ne servent clairement à rien.
  • trop vieux : le Stadio Marassi de Gênes a 104 ans ! Pas de piste pour le coup, des tribunes verticales à l’anglaise mais un terrain et des vestiaires impraticables dès que la pluie s’intensifie. En un siècle, la géologie a fait des siennes. Qui plus est, tous ces stades sexagénaires sont inadaptés en vue d'endiguer sérieusement le problème de la violence qui effraie l’UEFA. 
La France a mis à disposition dix stades pour organiser le prochain Euro dont quatre tout neufs (Lyon, Bordeaux, Lille et Nice). Le Stade de France était prêt à l’emploi et les cinq autres sont rénovés. Pour pouvoir espérer organiser prochainement une grande compétition, l’Italie peut compter actuellement sur le Juventus Stadium, San Siro et l’Olimpico de Rome, auxquels on peut y ajouter le Friuli d’Udine.
Il faudrait des projets solides pour au moins trois nouveaux (Gênes, Florence et Bologne ?), et trois autres pratiquement refaits à neuf (Vérone, Naples et Bari ?). Bref, il y a du pain sur la planche. Ainsi, plus le temps passe, plus les personnes qui ont vécu les "nuits magiques" du Mondiale 90 sont considérées comme de grands privilégiés...
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